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N° 75septembre 2019Le Chercheur d’OrSUPPLÉMENT À« La Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n°1422 du jeudi 26 septembre 2019. Ne peut être vendu séparément.Pierre Rochon,coutelier fabricant d’un couteaudit « flamme de vétérinaire »Pierre Rochon est né en 1821. Il vient de Confolens pour s’installer à Saint-Junien comme coutelier, au 42, rue Lucien-Dumas, en 1870. Publication de la Société des Vieilles Pierres pour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienIL arrive chez nous avec son épouse Jeanne Champaloux et sa fille Marie Marthe. A Confolens, il exerçait déjà le métier de coutelier.Sa fille Marie Marthe Rochon, qui exerçait le métier de lingère, épousera Julien Constant, ouvrier gantier à Saint-Junien le 1er décembre 1875. Ce dernier s’installera ensuite en ville comme patron gantier.Nous vous présentons ici un couteau original de métier appelé « couteau flamme de vétérinaire ».La flamme de vétérinaire est un instrument utilisé dans la pratique de la saignée. À l’origine, il est composé d’une tige en acier d’une douzaine de centimètres, surmontée d’un triangle tranchant. En pratique, on appliquait la flamme sur le vaisseau et on frappait d’un coup sec sur la tige ; la flamme entrait alors dans la veine et la saignée pouvait commencer !Vers 1870, un couteau à lames multiples fait son apparition : il peut alors être composé de plusieurs flammes, ainsi que d’autres lames comme une lancette à saignée, une sonde pour percer les panses, une lame courbe pour couper la corne, une sonde losangique, une rénette pour curer les pieds des animaux, et même un bistouri. Les lames étaient assemblées entre deux plaquettes de laiton. Ces couteaux à usages multiples et très professionnels étaient généralement signés du fabricant sur l’une des plaquettes en laiton.Le couteau présenté ici est composé de deux flammes, d’une lancette à saignée et d’une sonde losangique dans un étui en laiton ;la signature de Pierre Rochon est marquée sur la sonde losangique.Pierre Rochon exercera son métier de coutelier à Saint-Junien jusqu’au début des années 1890.Jean-René PascaudLes dossiers du Chercheur d’OrLe numéro 11 vient de paraître76 pages, 50 illustrations, 15€en vente à la Maison de la Presserue Lucien-Dumas
Le Chercheur d’Or2 LE CHERCHEUR D’OR • N° 75 Iseptembre 2019Un reliquaire de saint JunienAVEC octobre, revient la fête du saint patron de la ville, honoré le 16 du mois ou le dimanche avoisinant. C’est l’occasion d’une ostension exceptionnelle du chef de l’ermite. Pour l’essentiel, ses reliques sont conservées dans le sarcophage que renferme le tombeau. Jadis, quelques-unes en ont été distraites pour être distribuées. Ainsi, l’abbaye de Grandmont en reçut, rendant très tôt un culte à saint Junien.Il subsiste dans l’église de Saint-Sylvestre, où se situait Grandmont, une monstrance-reliquaire, à laquelle sont attachés les noms de saint Junien et de saint Amand. Ce bel objet d’art du milieu du XIIIe siècle consiste en un cylindre de cristal enchâssé dans une monture en argent repoussé et ciselé, garnie de cabochons en pierres dures. L’ensemble repose sur un pied circulaire, muni d’un nœud sphérique, et décoré de feuilles d’eau. L’une d’elles est gravée d’une effigie stylisée de saint Junien terrassant le dragon, représentation traditionnelle que l’on observe dans les deux statues de la collégiale.Autour du pied, une inscription révèle le donateur, Pierre de Montvailler. Il était archiprêtre expositions à Limoges (1886) et à Paris, Trésors des églises de France (1965), Légende dorée du Limousin (1993).À la collégiale de Saint-Junien, Grandmont se survit dans le maître-autel en marbre et dans les stalles achetés en 1789. L’ancienne abbaye possédait des maisons en ville, des vignes sur les coteaux et des moulins sur la Vienne. La toponymie locale en garde le souvenir, fâcheusement dénaturé en Grammont. Quant à la famille de Montvailler, elle a pu tenir un certain rang à Saint-Junien. La partie basse de la rue d’Arsonval a porté son nom jusqu’en 1941.Pierre Eberhartde Nontron et chanoine de Saint-Junien. En ces qualités, il est en 1254 l’un des signataires de l’accord entre l’évêque de Limoges et les habitants sur l’administration de la ville.L’année suivante, il offre au chapitre de Saint-Junien une coupe en argent destinée au chef de saint Amand. En retour, il obtient des reliques qu’il offre à l’abbaye de Grandmont, et dont il est difficile de préciser la nature. Pour saint Junien, ce pourrait être une dent et la phalange d’un doigt, mais rien n’est connu pour saint Amand.À l’origine, une statuette de saint Junien en argent surmontait le reliquaire, haut de 30 cm. Elle est maintenant remplacée par une croix très simple.À la suppression de l’abbaye de Grandmont, son trésor fut dispersé, attribué en 1790 à différentes églises du département. Saint-Sylvestre, où se situait Grandmont, obtint le reliquaire des saints Junien et Amand, et le buste-reliquaire de saint Étienne de Muret. Les deux sont toujours conservés et visibles dans l’église paroissiale.Le reliquaire de saint Junien, classé monument historique en 1891, a participé à de grandes > Monstrance-reliquaire de saint Amand et de saint Junien. Photo Philippe Rivière.> Détaildu pied,effigie gravée desaint Amand.
N°75LE CHERCHEUR D’OR • N° 75 I septembre 2019 326 mars 1955 à Saint-Junien, Premier Jour du timbre « Ganterie »De juin 1954 à février 1955, le gouvernement Mendès-France compte dans ses rangs un Limousin, André Bardon (1901-1965), secrétaire d’état aux PTT (né à Arnac-la-Poste !). Grâce à lui, notre région va être mise à l’honneur par l’émission de deux timbre-poste, « Limoges » et « Ganterie ».ÉMIS à 31,5 millions d’exemplaires en 1955 et 1956, le timbre « Ganterie » appartient à une série consacrée aux productions françaises de luxe, entamée en 1953 avec la Haute Couture et poursuivie avec les timbres « Tapisserie », « Édition et reliure », « Porcelaine et cristaux », « Joaillerie-orfèvrerie », « Fleurs et parfums ». Le syndicat d’initiative, l’Union Philatélique du Limousin et la Chambre syndicale des fabricants de gants de Saint-Junien ont organisé la manifestation, en la complétant par une exposition dont les thèmes reprennent ceux de la série des timbres : tapisserie, reliure, porcelaines et émaux, fleurs et parfums, et bien sûr ganterie. Ce dernier stand présente des échantillons fournis par la ganterie Codet et Teilliet, mais aussi des peaux de multiples teintes, du matériel ancien de ganterie (couteau et marbre à doler, petite mécanique) et une enseigne en forme de gant. > Le bureau de poste temporaire et le stand de la ganterie avec les personnalités (dont Martial Pascaud, maire de Saint-Junien). Photos R. Picaud.> Enveloppe illustrée, avec le timbre « Ganterie » et le cachet Premier Jour.La commune a en outre sorti de ses archives le « plan Collin » montrant quelques maisons de gantiers de la ville en 1655.Les stands ont été réalisés par madame Dasqué et la décoration florale est l’œuvre des Amis des fleurs dont le président est alors Paul Gamaury.Une belle fête pour la ganterie de Saint-Junien qui dans les années 1950 est encore au sommet de sa prospérité.Frank BernardC’est l’artiste Pierre Gandon qui a dessiné et gravé l’image du timbre : une jeune femme en robe de soirée, gantée de noir, sur un fond violet et brun représentant la Place de la Concorde. Un petit tableau plein de charme et imprégné de cette élégance toute parisienne dont il (Pierre Gandon) est un des meilleurs interprètes.« Ganterie » est le seul timbre de la série à ne pas avoir son Premier Jour à Paris. C’est en effet à Saint-Junien, une des capitales de la ganterie, qu’il est mis en vente anticipée les 26 et 27 mars 1955. Pour l’occasion, un bureau de poste temporaire a été ouvert à la salle des fêtes où collectionneurs et amateurs peuvent l’acquérir ainsi qu’une enveloppe illustrée et une carte maximum, toutes deux portant le cachet spécial Premier Jour daté du 26 mars 1955.
LE CHERCHEUR D’ORPublication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles Pierres : 18, rue Paul-Elluard • 87200 SAINT JUNIENLe supplément « Le Chercheur d’Or » est consultable en ligne à l’adresse :st-junien-vieilles-pierres.frLa version papier est disponible gratuitement aux archives municipales, à la médiathèque de Saint-Junien et à l’office du tourisme.N°ISSN 2117-8879 Pour tout renseignement : 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frEDITIONS L’ABEILLE B.I.P. SASDépôt légal à parution • ISSN 3441-4101 K • ARRONDISSEMENT DE ROCHECHOUART. Autorisé pour l’arrondissement judiciaire à publier les annonces judiciaires et légales en matière de procédure civile et de commerce, ainsi que les actes des sociétés. No CPPAP 0615 I 87943 • Tirage : 4.000 ex. Abonnement 2019 : 45 € • Prix du No 1,20 €Directeur de Publication et rédacteur en chef :François BUSSAC • Rédaction « Le Chercheur d’Or » : Franck Bernard et Société des Vieilles Pierres.Conception graphique : Studio four cat’S : Sébastien CATILLON. Impression : SAXOPRINT.Mai-juin 1940, un Saint-Juniaud sur le canal CrozatLe 4 janvier 1940, Roger Bigaud, gantier à Saint-Junien, engagé volontaire, est incorporé au 32e Régiment d’infanterie, matricule 1125, affecté à la 11e compagnie du 3e bataillon. APRÈS une période d’instruction à L’Ile-Bouchard, il passe la Drôle de guerre sur la ligne Maginot dans le secteur de Bitche.Le 32e RI est en réserve en Haute-Marne quand, le 10 mai, les panzers envahissent les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, puis la France le 13 mai dans les Ardennes. Le 18 Mai, il part pour une destination inconnue et débarque, après 36 heures de train, sur un nouveau front : la Ligne Weygand qui, de l’estuaire de la Somme au Chemin des Dames, doit protéger les voies de communication qui mènent vers la capitale. Le 32e RI prend position sur la rive sud-est du canal Crozat, entre la Somme et l’Oise, dans le sous-secteur de Tergnier (Aisne), nœud stratégique de ce dispositif. Le 3e bataillon et la 11e compagnie occupent la zone comprise entre le pont de Condren et le pont dit de l’écluse. L’ennemi tient la rive opposée. Avec l’aide de civils volontaires, le 32eaménage le secteur en points d’appui, cercles fermés pour une défense en hérisson, avec une garnison bien camouflée, munie de vivres, d’artillerie légère, d’armes automatiques, de munitions. Dans les intervalles : des obstacles antichars. La berge du canal est protégée par des barbelés. Les affrontements sont permanents : bombardements, coups de main, fusillades, embuscades, patrouilles de nuit… Les ponts sautent. Le 5 juin, précédé par un bombardement aérien intense et strident, suivi d’obus fumigènes, l’ennemi réussit à franchir le canal au moyen de canots, passerelles, à la nage de part et d’autre du saillant de Tergnier et dans la zone tenue par le 3e bataillon et la 11e compagnie. Il ne réussit pas à entrer dans la ville et sera repoussé par une vigoureuse contre-attaque et le renfort de deux chars, au prix de lourdes pertes en hommes et en matériel, surtout du côté allemand qui compte 98 tués et plus d’une centaine de prisonniers.Menacé d’encerclement avec la 23e Division d’infanterie, le 32e RI doit se replier dans la nuit du 6 juin. Blessé d’un éclat d’obus dans le poumon lors d’une attaque aérienne, le 7 juin, Roger Bigaud est évacué sur Paris, à l’hôpital Ambroise Paré, puis sur Clermont-Ferrand. Il sera de retour à Saint-Junien le 31 juillet 1940. Le 32e RI étant dissous le 10 août 1940 à Saillat-sur-Vienne (son village natal), il est réaffecté au 78e RI de l’armée d’armistice. Le 15 mars 1941, le caporal Bigaud reçoit la Croix de Guerre avec palme, avec une citation à l’Ordre de l’Armée signée du général Huntziger, ce qui lui vaudra les honneurs de L’Abeille du 20 décembre 1941.Roger Bigaud est démobilisé le 6 juin 1941, mais son engagement patriotique se poursuit dans la Résistance, l’Armée secrète puis les Forces Françaises de l’Intérieur (1er Bataillon d’Oradour-sur-Glane) en juillet 1944. Un congé d’une durée illimitée et sans solde ni indemnités lui sera accordé le 14 septembre 1944. Il continuera son métier de gantier. Il est décédé le 6 décembre 1993 et est inhumé au cimetière de Chaillac.Annette BIGAUD