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N° 77mars 2020Le Chercheur d’OrSUPPLÉMENT À« La Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1447 du jeudi 26 mars 2020. Ne peut être vendu séparément.La fontaine du Bois SaraziAu pays des « clairs ruisseaux et des belles fontaines » des troubadours (Gaucelm Faydit), il existe aussi des bonnes fontaines dont l’onde pure et fraîche apporte le réconfort au passant ou au malade. Saint-Junien ne fait pas abstraction et l’on en compte quelques-unes aux environs.Publication de la Société des Vieilles Pierres pour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienCERTAINES fort connues comme celles de Saint-Amand ont fait l’objet d’études, d’autres ne persistent qu’à travers un nom de parcelle : Bonnefont. Mais retrouver l’une d’elle grâce à la transmission orale relève presque du miracle. « Si vous voulez quand je l’aurai retrouvée, je vous indiquerai ma fontaine perdue, fontaine d’un cristal froid, dense et mouvant sur quoi se penche mystérieusement la ramure et qui semble dormir encore son gothique sommeil pendant qu’elle s’épanche peu à peu vers le chemin et vers le pré », dit le poète (Jean des Hors). Grâce à Jean-René Pascaud, nous savons maintenant qu’il existe, non loin de la ville, dans le Bois Sarazi, une bonne fontaine que peu de gens connaissent. Située près du lieu-dit Monbeuge, proche du ruisseau de Chez-le-Geai, elle jaillit du rocher à flanc de coteau, dans un petit bassin rectangulaire aménagé, de dimension 75 x 35 cm ; l’écoulement se fait par deux échancrures dans la roche et l’eau descend ensuite par une rigole naturelle vers les étangs en contrebas. Notre guide, qui connaît de longue date cette fontaine, nous apprend qu’il s’agit en fait d’une bonne fontaine dans laquelle on puisait l’eau pour la boire en prétendant à des vertus quasi miraculeuses pour les malades en fin de vie. Nous notons qu’elle est proche d’un chemin qui reliait autrefois Maziéras à la Haute-Garde et qu’elle se trouve dans le Bois Sarazi, toponyme qui évoque une famille très ancienne de Saint-Junien. Originaire d’Ambazac et d’ascendance noble, les Sarazi sont possessionnés à Saint-Junien depuis au moins le XIVe siècle. Les membres de cette ancienne famille occupaient à Limoges l’office héréditaire de monnayeurs. Sur place, ils vont accéder à des fonctions administratives importantes et se retrouver détenteurs d’un fief étendu qui avait appartenu à une autre ancienne famille locale, les Montvallier. Les Sarazi, seigneurs du Mazet, possédaient à l’origine, le fief du Peyrat situé entre les villages du Mas et des Champs. Le fief sera vendu en 1507 à Jean Montjon, bourgeois et marchand de Saint-Junien. Il comprenait la maison de la Léproserie, le Mas-Saint-Junien et le Mas de Peyrat, le lieu de la Joubertie et le Mas du Rieu, le lieu de Chabanas et le Mas de Coffueilh, diverses rentes nobles sur des maisons, terres, jardins, vignes et prés à Saint-Junien. Si l’on en croit les relevés cadas-traux anciens, il y aurait eu plus de soixante-dix sources ou fontaines dans l’étendue de la paroisse, c’est du moins ce que la toponymie nous apprend. Certaines ont disparu, prises par le développement urbain et le percement de nouvelles voies de communication, d’autres subsistent encore dans les noms des lieux-dits Lafont, Fontchabrier, sans oublier les deux vasques monumentales de l’ancienne fontaine municipale autrefois au parvis de l’église. Michel MoreauAU CINÉ-BOURSE DE SAINT-JUNIEN JEUDI 16 AVRIL, à 20 h Soirée Jean Teilliet Proposée par la Société des Vieilles Pierres pour le 150e anniversaire de la naissance du peintre Jean Teilliet, un homme au grand cœur – Film de Guy Ribette Aperçu de la collection communale des œuvres de Jean Teilliet Quand Jean Teilliet était enfant, évocation historique du Saint-Junien des années 1870Annulé
Le Chercheur d’Or2 LE CHERCHEUR D’OR • N° 77 I mars 2020Georges Las Vergnas, écrivainEnfant du pays, Martial Henri Georges Lasvergnas est né à Saint-Junien, le 29 avril 1911, place Auguste-Roche. Il écrit sous le pseudonyme de Las Vergnas.SAmère le destine très tôt à la prêtrise et le place à l’âge de 10 ans au petit séminaire de Limoges, où il sera ordonné prêtre à 23 ans. Il devient très vite vicaire de la cathédrale Saint-Étienne. Sa foi n’est pas infaillible et il en fait part à l’évêque de Limoges qui l’éloigne de la grande ville et le nomme en Creuse, pensant que sa foi sera plus forte que sa tentation de démissionner. Mais rien n’y fait, il a des doutes sur sa croyance et il quitte l’Église à la fin de la deuxième guerre mondiale. Devenu libre penseur, il fait aussi partie de la franc-maçonnerie, inscrit à la loge Locarno du Grand Orient de France. Il se jette alors dans l’écriture comme pour exorciser cette croyance devenue un fardeau. Il écrit de nombreux ouvrages relatifs à la foi et à son rapport avec l’Église : • 1947 – François Villon. Poète et clerc tonsuré • 1948 – On a éteint l’Etoile Polaire• 1954 – Fleurs d ‘Orties• 1956 – Pourquoi j’ai quitté l’Église Romaine• 1964 – Le Cantiquedes cantiques et l’Ecclésiaste• 1966 – Jésus-Christ a-t-il existé ?• 1967 – Le Célibatpolygamique dans le Clergé Son ouvrage, « Jésus-Christ a-t-il existé » est une référence classique de « La thèse mythiste » qui soutient que Jésus n’a pas de réalité historique. Il rencontre André Lorulot, un anticlérical et libre penseur avec qui il fait de nombreuses conférences. Un autre homme fera aussi partie de son engagement pour la libre pensée :Jean Cotereau, polytechnicien, qui a abandonné son métier pour ne se consacrer qu’à la politique et à ses idées. Ces deux personnalités fonderont en 1956 « La Raison », organe d’action laïque et de propagande rationaliste où Las Vergnas publiera de nombreux billets. Après son départ de l’Église, Las Vergnas gagne sa vie en devenant le secrétaire d’Henri Vergnolle, homme politique, né à Linards (Haute-Vienne), ancien journaliste au Populaire du Centre à Limoges, et qui deviendra président du conseil municipal de Paris de 1946 à 1953. Las Vergnas avec ses écrits, ses conférences et ses interventions à la radio, est reconnu comme un spécialiste de l’histoire de l’Église et de ses mœurs, en France et en Suisse. Il meurt à Paris le 23 janvier 1986 d’une crise cardiaque. Il est le cousin germain de Raymond Las Vergnas, écrivain et homme de lettres, dont nous avons parlé dans le numéro 68 du Chercheur d’Or (janvier 2018). Georges et Raymond sont nés sous le patronyme Lasvergnas et ont écrit tous les deux sous le pseudonyme commun de Las Vergnas. Jean-René Pascaud» Georges Las Vergnas lors d’une conférence.Le Printempsdes cimetières16 et 17 mai 2020 OUVERTURE DE LA CHAPELLE DU CIMETIÈRE AVEC EXPOSITION DE PLAQUES FUNÉRAIRES EN PORCELAINESamedi et dimanche, 10 h–12 h et 14 h-18 h PROMENADE GUIDÉEDANS LE CIMETIÈRE ANCIEN À LA DÉCOUVERTE DES TOMBES REMARQUABLES Samedi et dimanche, à 16 h
N°77LE CHERCHEUR D’OR • N° 77 I mars 2020 3Un trésor d’archivesdans un grenierEn 1965, Martial Dupuy, artisan vannier à Saint-Junien, découvre plusieurs liasses de vieux papiers dans le grenier de sa maison du faubourg Blanqui, « sous un tas de tuiles cassées ». Une belle trouvaille qui, pour une fois, n’échappera pas à la curiosité des historiens.MARTIAL Dupuy comprend tout de suite que ces manuscrits poussiéreux, froissés, jaunis, à peine lisibles, présentent un intérêt historique, d’autant qu’ils se rapportent à Saint-Junien. Il en parle à ses voisins, parmi lesquels Bernard Lavignes, ancien principal du lycée et grand connaisseur de l’histoire locale. Celui-ci s’attelle à l’identi-fication et au classement des 488 documents qui constituent le lot. Les deux plus anciens, des parchemins, sont datés de 1489 et 1551 et concernent des biens appartenant à des familles de marchands de la ville, les Cortaud, Vignon et Allegraulx. Les autres, répartis entre 1657 et 1845, sont d’une grande diversité : actes notariés, registres de comptes, correspondance… Une série se rap-porte à un boulanger du XVIIIe siècle, Joseph Bernard, habitant le faubourg de la Voie-du-Pont, actuel faubourg Blanqui. Sans doute habitait-il la maison de la découverte, de même que Pierre Quichaud dont plusieurs documents nous renseignent sur son activité de maître de la poste aux chevaux entre 1799 et 1809. Martial Dupuy a fait don de tous les documents découverts à la commune de Saint-Junien, qui les a exposés au public à l’occasion des fêtes de la Sainte-Estelle en juin 1965. Depuis, ils ont rejoint les archives communales où ils constituent le fonds Dupuy, coté 4Z1 à 4Z38, consultable sans restriction. Remercions Martial Dupuy qui a permis de sauver ces précieux témoignages de notre histoire. De telles découvertes ne sont peut-être pas si rares qu’on le croit mais, le plus souvent, elles ne sont pas jugées digne d’intérêt : correspondances et photos de famille, papiers de commerçants et d’artisans, actes notariés… tous ces témoignages de la vie quotidienne d’autrefois sont détruits sans se poser de questions. Ce sont pourtant de véritables documents historiques. Alors, comme Martial Dupuy, si le hasard met entre vos mains de telles pièces, ayez le bon réflexe : présentez-les au service des archives ou aux associations du patrimoine. Frank BernardUne école de musique en 1923DÈS les années 1860 la musique et le chant occupent une grande place dans la vie culturelle de Saint-Junien avec la création de sociétés musicales (l’Avenir musical, les Enfants de Saint-Junien) et chorales (l’orphéon). L’enseignement de la musique est alors assuré par des cours privés, comme celui de madame Teilliet, et il faut attendre 1925 pour que les enfants des écoles primaires de la ville bénéficient d’un cours de musique. Le conseil municipal confie alors les leçons de musique à un jeune professeur récemment installé à Saint-Junien, Paul Laborde, né en 1901 dans les Landes. Aveugle de naissance mais musicien émérite, il a fondé en 1922 une école de musique dont les élèves ont donné une première audition publique le 8 juillet 1923. Au programme, des œuvres de Gounod, Bizet, Massenet, Beethoven… interprétées au piano, violon et violoncelle, et des chœurs accompagnés par Paul Laborde au piano. A partir de sa nomination en 1925, Paul Laborde assure de front ses cours privés et son enseignement scolaire. Doté d’un harmonium par la commune, il assure 8 heures de musique dans les écoles du boulevard Gambetta (filles) de la République (garçons) du Pont-Levis et de Glane. Son temps d’enseignement passe à 14 heures en 1929 puis à 16 heures en 1936. Mais à la rentrée 1938, il quitte Saint-Junien pour le lycée de Brest. Françoise Romain» Quelques pièces du fonds Dupuy, dont le grand parchemin de 1489. Archives de Saint-Junien.» Couverture d’un programme de l’audition du 8 juillet 1923, collection privée.
LE CHERCHEUR D’ORPublication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles Pierres : 18, rue Paul-Elluard • 87200 SAINT-JUNIENLe supplément « Le Chercheur d’Or » est consultable en ligne à l’adresse : st-junien-vieilles-pierres.frLa version papier est disponible gratuitement aux archives municipales, à la médiathèque de Saint-Junien et à l’office du tourisme.N°ISSN 2117-8879 Pour tout renseignement : 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frÉDITIONS L’ABEILLE B.I.P. SASDépôt légal à parution • ISSN 3441-4101 K • ARRONDISSEMENT DE ROCHECHOUART. Autorisé pour l’arrondissement judiciaire à publier les annonces judiciaires et légales en matière de procédure civile et de commerce, ainsi que les actes des sociétés. No CPPAP 0615 I 87943 • Tirage : 4.000 ex. Abonnement 2020 : 45 € • Prix du No 1,20 €Directeur de Publication et rédacteur en chef :François BUSSACRédaction « Le Chercheur d’Or » :Franck Bernard et Société des Vieilles Pierres.Conception graphique : Studio four cat’S : Sébastien CATILLON. Impression :SAXOPRINT.La pince Bussiéras,sur les toits du mondeEn septembre 1874, Jean Bussiéras couvreur à Saint-Junien, dépose le brevet d’invention d’un crochet-pince pour la fixation des ardoises. Un objet tout simple, mais une idée de génie qui va révolutionner la technique de couverture des toits en ardoises.JEAN Bussiéras, né à Brive en 1839, est ouvrier couvreur à Limoges quand il épouse, en 1866, Thérèse Deguercy, fille d’un charpentier de Brigueuil. Le couple s’installe d’abord à Brigueuil où naît une fille, puis à Saint-Junien, faubourg Pont-Levis (actuelle avenue Barbusse). C’est là que le jeune artisan met au point son invention. Depuis des siècles, les ardoises étaient fixées avec deux clous, qui valaient la moitié du prix d’une ardoise. Par économie, le couvreur n’en mettait souvent qu’un seul, mais l’ardoise présentait alors l’inconvénient de clapoter au vent. Bussiéras imagine « un crochet-pince supprimant le clouage sur les lattis de bois » ; c’est une pièce métallique (fer ou cuivre) recourbée aux deux extrémités qui pince deux ardoises et, par effet de ressort, les rend solidaires. C’est un progrès décisif car il réduit considérablement le temps de pose des ardoises (donc le prix du mètre carré), rend les réparations très faciles et empêche le clapotage. L’intérêt de l’invention est tout de suite reconnu et elle est récompensée aux expositions de Confolens en 1874, de Saintes en 1875, de Bordeaux et de Gap en 1876. Elle obtiendra une médaille d’argent à l’Exposition universelle de Paris en 1878 ! Dès 1875, Bussiéras exécute des travaux dans différentes villes, en particulier pour la Compagnie du chemin de fer des Charentes, et vend l’exploitation de son brevet dans certains départements. Son affaire prenant de l’ampleur, il s’associe en 1876 avec une dame de Saint-Junien, Jeanne Jourdannaud, veuve de Joseph Radenne, pour « la fabrication et le commerce de la pince métallique connue sous le nom de pince Bussiéras ». La veuve Radenne apporte 10.000 francs et s’occupe seule de l’administration et de la comptabilité de la société, tandis que Bussiéras est chargé de placer les produits et de faire « dans les localités qu’il parcourra des échantillons de toitures pour vulgariser l’emploi de la pince… ». Mais le destin s’acharne sur Bussiéras : après avoir perdu deux enfants en bas âge en 1873 et 1876, il décède à l’âge de 38 ans, le 5 février 1877. Son épouse lui survivra moins de trois ans. C’est donc la veuve Radenne qui exploite le brevet et dirige l’entreprise, jusqu’à son décès en 1885. Le crochet-pince de Bussiéras s’est largement diffusé, souvent copié, parfois amélioré, mais le nom de son inventeur saint-juniaud est tombé dans l’oubli.Frank Bernard