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n°78juin 2020Le Chercheur d’OrSUPPLÉMENT À« La Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1459 du jeudi 2 juillet 2020. Ne peut être vendu séparément.Quelques nouvelles de notre patrimoine historiquePublication de la Société des Vieilles Pierres pour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienUsine des Seilles, la fin d’une histoire ?SI le confinement a interrompu l’activité des hommes, il n’a pas arrêté l’action du temps. Début mai, une partie de la toiture de l’ancienne mégisserie Desselas, en bord de Vienne, s’est effondrée. La longue façade du bâtiment menace à son tour de tomber et, par précaution, la circulation a été interdite sur la route qui mène de Notre-Dame à Saint-Amand.C’est peut-être l’épilogue d’un calvaire qui dure depuis deux décennies, la lente décrépitude d’un des sites historiques de notre ville. Car malgré son abandon, la mégisserie Desselas restait un des symboles de la prospérité industrielle de Saint-Junien au début du XXe siècle, et de ses conflits sociaux.La POL, propriétaire des lieux, va-t-elle raser les bâtiments les plus menaçants ? Sans entretien, les autres suivront le même chemin. C’est plus que jamais le moment de réfléchir au devenir du site. La disparition complète est-elle inéluctable ? D’autres hypothèses peuvent-elles être étudiées ? Ne serait-il pas possible, par exemple, d’imaginer la conservation d’une partie de l’usine, celle qui correspond au moulin d’origine, en lui donnant pour fonction d’abriter une microcentrale exploitant le potentiel hydro-électrique du site ?Cloître du chapitre, le début d’une renaissance ?IL est situé au cœur de la ville, au pied de la collégiale, et pourtant les habitants de Saint-Junien ne le connaissent pas ! Le cloître, c’est à dire le jardin clos des chanoines pendant dix siècles, est un lieu resté secret. Il était devenu propriété privée depuis la Révolution, servant à toutes sortes d’activités, et il y a peu encore c’était l’entrepôt de la quincaillerie Cordier. La commune a pu l’acquérir l’an dernier, après moult péripéties ; elle vient de faire démolir les hangars et projette d’ouvrir au public le passage entre la place Defuas et la place Lénine.Mais c’est une réflexion globale qui doit être menée sur la mise en valeur et l’utilisation de cet espace remarquable. Un espace dont on peut sans peine imaginer l’architecture ancienne, malgré l’importance des démolitions : au centre un jardin d’agrément, image du paradis sur terre pour les chanoines et lieu de méditation ; autour, une galerie couverte reposant sur des arcades en pierre aux piliers sculptés. Presque tout a disparu, mais il est possible de restituer les espaces et les volumes, de redonner à ce lieu son cadre architectural et sa vocation de quiétude ; d’en faire un havre de verdure et paix au cœur de la cité !Le site est aussi une zone archéologique sensible dont l’exploration peut nous éclairer sur les premiers temps de l’histoire de notre ville. Différents témoins archéologiques non exposés actuellement pourraient logiquement y trouver place. D’autres idées peuvent naître encore, liées au domaine du patrimoine et de la culture. En tout état de cause, il est souhaitable que la population soit invitée à participer au devenir de cet espace.Frank BernardDémolition de hangars dans l’ancien cloître.Usine des seilles, toiture effondrée, mai 2020.
Le Chercheur d’Or2 Le chercheur d’Or n° 78 /Juin 2020Tharaud-Faye,deux siècles d’armurerie à Saint-JunienQuoi de plus commun qu’une vieille boîte de cartouches de chasse ! Et pourtant, celle que le hasard nous a mise entre les mains n’est pas sans intérêt, car elle nous renvoie à une dynastie d’armuriers de Saint-Junien, la famille Tharaud-Faye.LA boîte en carton est amusante avec son dessin rouge et jaune dont le message est clair : la cartouche TRIOMPHE, puissante et précise, vous promet une hécatombe de perdreaux et de lièvres. C’est le dos de la boîte qui nous révèle le nom du fabricant, FAYE-SAINT-MARTIN, armurier diplômé à Saint-Junien.Au milieu des années trente, Ludovic Faye (1907-1989) reprend l’armurerie de la rue Lucien-Dumas, avec ses activités traditionnelles : vente et réparation de fusils de chasse, articles de pêche, coutellerie. C’est une affaire familiale vieille d’un siècle et demi, fondée vers 1790 par Joseph Tharaud qui exerce comme arquebusier rue Saler (rue Jean-Jacques-Rousseau), de 1793 à 1823. Son fils Jean-Baptiste prend sa suite jusqu’à sa mort en 1876 qui marque la disparition de l’armurerie.Mais depuis 1822, un autre Tharaud armurier a ouvert boutique à Saint-Junien, rue du Pont-Levis (rue Lucien-Dumas). Il s’agit d’Hilaire Tharaud, neveu de Joseph, né à Mussidan en 1798, qui va exercer durant près de cinquante années. Après le décès d’Hilaire en 1871 et celui de son fils Jacques-Philippe en 1873, l’armurerie passe à un autre membre de la famille, Pierre-Victor Tharaud, venu de Châlus. En 1882 lui succède son gendre, Jean Faye, issu d’une vieille famille d’armuriers de Nontron, en Dordogne, pays d’artisans du fer, couteliers, serruriers. Le couple Faye-Tharaud va tenir le magasin jusqu’en 1925 puis le mettre en location jusqu’aux années 1930 et l’arrivée de Ludovic Faye, neveu de Jean Faye.Au lendemain de la guerre, Celui-ci développe la fabrication des cartouches en créant un atelier dans d’anciens bâtiments de la rue du Musée (rue Jean-Teilliet). C’est de cette période que l’on peut dater notre boîte de cartouches TRIOMPHE. Au début des années 1960, la maison Faye abandonne la fabrication des cartouches pour se spécialiser dans celle des bourres, bouchons de feutre qui entrent dans la composition des cartouches. Sous la marque OBTUR, elle devient une des plus importantes fabriques de France.Frank BernardUn village déplacé, les SéguinesRéalisées pour l’essentiel entre 1820 et 1866, les cartes d’état-major sont une remarquable photographie du territoire de la France au XIXe siècle. Etablies à partir de relevés effectués par des officiers d’état-major, elles nous livrent une multitude d’informations sur les paysages d’autrefois : forêts, routes ponts et chemins, fermes et villages, moulins, usines… La lecture de ces cartes, consultables sur le site Géoportail, est source de bien des découvertes.Extrait de la carte d’état-major Confolens, avant 1866.AINSI la carte figurant la partie nord de la commune de Saint-Junien (carte Confolens au 1/40.000e ) nous révèle que le village des Séguines qui s’étire de nos jours le long de la D 941, n’était pas situé vers 1850 en bordure de la route Limoges-Angoulême. Sur la carte d’état-major, les cinq bâtiments du village sont à environ 300 m au sud de la « route royale », dans une zone occupée aujourd’hui par des prairies.Il ne s’agit point d’une erreur ou approximation de la carte ancienne. Sur place, il y a quelques années, il nous avait été indiqué que ces parcelles occupaient l’emplacement de l’ancien village des Séguines. Alors que s’est-il passé ? La disparition complète du village d’origine suggère une catastrophe, telle qu’un incendie ; et la reconstruction à quelque distance aurait été guidée par l’attraction de la grande route de Limoges à Angoulême. Mais nous n’avons trouvé nulletrace d’un tel incendie dans la presse du XIXe siècle. En revanche, le recensement de 1872 mentionne une Maison neuve des Séguines.Boîte de cartouches TRIOMPHE (collection privée).
n°78Juin 2020 / Le chercheur d’Or n° 78 3Les papiers du maître d’écoleChacun sait que le travail est toujours récompensé. Parfois d’une manière inattendue, ainsi qu’il est arrivé à notre ami Pierre Despain.DES transformations dans sa vieille maison de la rue Rorice-Rigaud l’avaient amené à modifier une cloison en pan de bois. La démolition de cette maçonnerie légère fit apparaître des papiers bourrés dans le remplissage, peut-être en étanchéité du mortier. Recueillis avec soin, déf roissés, étalés, ils nous furent confiés pour examen.Ces douze f ragments de grandeur diverse sont écrits recto et verso par deux ou trois mains différentes. Leur état n’en facilite guère une bonne lecture. Quelques extraits de ces textes en montrent la nature éducative : Gouvernons nous toujours en Dieu suyvant justice car par luy seul aurons vray ; Ouyr et voir et se taire du tout chasse débats et donne paix partout ; Quand tu voudras quelque chose entreprendre temps opportun doit attendre…À ces maximes s’ajoute une série d’adverbes isolés : étrangement, f raternellement, honnestement, humblement, lumineusement, pitoyablement…Une seule lettre en deux exemplaires tranche sur l’ensemble, adressée pour l’une à dame Marguerite Descoutures, à Compreignac : Madame et Mère, Je croyay avoir ce bon heur de vous voir icy a ceste feste de notre dame comme on m’avait dit, ce que nestant je crains qu’il vous soit avint quelque inconvénient… Ces lignes, parfois répétitives, font penser à des devoirs d’écoliers ou à des punitions. Quelques noms les accompagnent : Junien Chabaudie ou Chabot, Germain de Bourganne, Léonard Duclou, Jacques de Louvains, Nicolas Petit … Les recherches n’ont permis que l’identification de Léonard Duclou, maître d’école.Léonard Duclou est né vers 1735, sur la paroisse Saint-Michel-des-Lions, à Limoges. Son père Martial est marchand, époux de Marie Guibert. On retrouve seulement notre personnage le 12 octobre 1762, lorsqu’il s’unit, à Saint-Junien (Notre-Dame-du-Moûtier), à Marthe Mandinaud, née sur cette paroisse, le 9 août 1737. La profession du marié n’est pas indiquée. Au baptême du premier fils, François, le 21 septembre 1763, le père est qualifié de barbier, ce que ne signalent plus deux actes du même genre en 1764 et 1767.La dernière naissance a-t-elle causé le décès de la mère, Marthe Mandinaud, le 27 février 1768 ? Si le mari est bien le maître d’école, on ignore tout de l’enseignement qu’il dispense à Saint-Junien, et dans quelles conditions.Après une nouvelle lacune, on le situe à Rochechouart, où il se remarie le 9 février 1779, avec Thérèse Blavière, veuve de Léonard Daude. Un f ils, Joseph, naît le 25 novembre 1779, précédant trois f rères et une sœur, de 1781 à 1785. Léonard Duclou est resté maître d’école, maître écrivain, régent. La Révolution l’a-t-elle fait revenir à Saint-Junien ? Il y est en 1791 au décès de son fils François. Et c’est là qu’il s’éteint, instituteur, le 20 floréal an XIII (10 mai 1805).Le fils de Joseph ne déf raie pas plus la chronique que le père. Il apparaît seulement le 19 juin 1810, quand il épouse, à Saint-Junien, Marie Peyrot, née le 14 août 1775 sur la paroisse Saint-Pierre. Joseph Duclou est alors déclaré sergier. C’est seulement son décès, le 15 janvier 1819, faubourg Notre-Dame, qui nous apprend qu’il était instituteur primaire à Saint-Junien. Sa veuve lui survit jusqu’au 3 décembre 1830. Le couple ne semble pas avoir eu de descendance.Il est regrettable que Léonard et Joseph Duclou ne soient pas connus davantage. C’est au père qu’il faut rattacher, vers 1769, les papiers sauvés par Pierre Despain, qu’il convient de remercier. Au moins, le hasard de la découverte et l’obligeance du découvreur nous auront-ils permis cette brève évocation.Pierre Eberhart
LE CHERCHEUR D’ORPublication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles Pierres : 18, rue Paul-Elluard • 87200 SAINT-JUNIENLe supplément « Le Chercheur d’Or » est consultable en ligne à l’adresse : st-junien-vieilles-pierres.frLa version papier est disponible gratuitement aux archives municipales, à la médiathèque de Saint-Junien et à l’office du tourisme.N°ISSN 2117-8879 Pour tout renseignement : 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frÉDITIONS L’ABEILLE B.I.P. SASDépôt légal à parution • ISSN 3441-4101 K • ARRONDISSEMENT DE ROCHECHOUART. Autorisé pour l’arrondissement judiciaire à publier les annonces judiciaires et légales en matière de procédure civile et de commerce, ainsi que les actes des sociétés. No CPPAP 0615 I 87943 • Tirage : 4.000 ex. Abonnement 2020 : 45 € • Prix du no 1,20 €Directeur de Publication et rédacteur en chef : François BUSSACRédaction « Le Chercheur d’Or » : Franck Bernard et Société des Vieilles Pierres.Conception graphique : Studio four cat’S : Sébastien CATILLON. Impression : SAXOPRINT.François Annequin,au service de l’armée française de 1846 à 1861Le 31 décembre 1861, François Annequin, voltigeur au 16e Régiment de ligne, reçoit son congé de libération, émanant du dépôt de recrutement et de réserve du département de la Haute-Vienne. Qui était François Annequin? Ce document nous révèle ses origines, ses caractéristiques biométriques, ses états de service et ses campagnes militaires.FILS de Léonard et Jeanne Guy, journaliers, il est né le 29 octobre 1821 à Saint-Auvent, canton de Saint-Laurent-sur-Gorre. Il a les cheveux et les sourcils noirs, le f ront bas et le nez long, la bouche grande et le menton rond, le visage ovale. Il mesure un mètre et 645 millimètres, n’est pas marié et réside à Saint-Junien. Profession : militaire. Commencée en 1846 sous la Monarchie de Juillet, sa carrière militaire se poursuit sous la Seconde République et se termine en 1861 sous le règne de l’Empereur Napoléon III. Quel que soit le régime, l’armée recrute par engagement individuel ou par tirage au sort, avec possibilité d’exonération pour celui qui a tiré un mauvais numéro, moyennant le paiement d’une certaine somme à l’Etat et l’obligation de trouver un remplaçant, le servant. Le service dure au moins 6 ans. François Annequin sera remplaçant.Le 1er juillet 1846, il est incorporé au 12e Régiment d’infanterie légère, en remplacement du sieur Bussière Jean-Baptiste, de la classe 1845, Congé de libérationde François Annequin,31 décembre 1861(coll. privée).et arrive au corps le 11 juillet. De février 1848 à novembre 1851, il participe à la campagne d’Af rique, en Algérie : pacification de la Kabylie et construction de routes et de ponts pour plusieurs centres de colonisation dans le pays devenu territoire f rançais. De retour en France, le régiment sera chargé du maintien de l’ordre dans le Gard, suite aux troubles suscités par l’opposition républicaine au coup d’Etat du Prince Président Louis-Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851. François Annequin passe dans la réserve le 5 septembre 1852, libéré déf initivement du service le 31 décembre, avec un certificat de bonne conduite. Il regagne Saint-Junien. Ouvrier mégissier, il habite chez ses parents.Après deux années et trois mois de vie civile, il « rempile » le 31 mars 1855, au service du 63e Régiment de ligne comme remplaçant du sieur Lamarche, de la classe 1854. Le 5 janvier 1855, il passe au 102e RI de ligne comme fusilier. Nouvelle affectation en mai 1856 au 16e RI de ligne, comme fusilier, puis voltigeur à partir du 18 octobre 1856. Pas de campagne pendant cette période. Il sera renvoyé dans ses foyers par anticipation le 6 août 1861 et libéré du service le 31 décembre, sans blessure, sans décoration, sans indemnités mais avec un certif icat de bonne conduite.De retour à Saint-Junien, il a 40 ans ; toujours célibataire et ouvrier mégissier, il épouse la jeune Marie Menut, couturière en gants, originaire elle aussi de Saint-Auvent. Elle meurt le 22 juillet 1867 à l’âge de 26 ans et leur petit Paul, âgé de 18 mois, quelques semaines plus tard, le 9 septembre. Il se remarie le 27 janvier 1872 avec Marie-Anne Ramnoux, une proche voisine du quartier du Pont-Levis, âgée de 47 ans, couturière en gants et veuve de François Pezeau.Il décède le 2 juillet 1895, sans descendance, et rejoindra François Pezeau dans la fosse commune au cimetière de Saint-Junien.Annette BIGAUD