N® 1515 septembre 2004Le Chercheur d’OrPublication de la Société des VlélllesPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienARCHEOLOGIE: UN SONDAGE SUR LE QUAI DES MEGISSERIES•.K,4WWDu 2 au 14 août, la Société des Vieilles Pierres apratiqué un sondage archéologique dans une parcelle communale en face de la chapelle Notre-Dame.Il s’agissait de vérifier s’il existe dans le sous-sol duquai des mégisseries des traces de l’activité mégis-sière. On sait en effet que depuis le siècle aumoins, les « loges à pelains » (ateliers des tanneurs -mégissiers) formaient ici, le long de la Vienne, unquartier industriel.Un premier décapage à la pelle mécanique a faitapparaître le sommet de murs arasés. La fouille aensuite révélé la présence de fosses rectangulaires(1,20 m sur 0,80m) dont les parois étaient enduitesde chaux (photo). Il s’agit de pelains dans lesquelsles peaux brutes étaient mises à tremper avec un laitde chaux. Ces pelains ne semblent pas antérieurs auigème siècle, mais divers tessons et une monnaied’époque Henri IV ont permis de faire remonter undes murs au 17^ »^®siècle.Le sondage sera rebouché mais nous envisageonsdéjà de le reprendre l’an prochain pour l’étendre. A terme, peut-être sera-t-il possible de mettre en valeur ces vestiges, dans lecadre du réaménagement des bords de Vienne. FBSAUVETAGEIl y a quelques mois, un collectionneur récupérait un cartonplein d’outlis anciens afin derestaurer les pièces les plus intéressantes. Parmi les objets contenus dans cet ensemble, l’un nousfut montré afin d’identifier sonusage.A notre grande surprise, il s’estavéré qu’il s’agissait d’une superbe fibule ancienne (épingleservant à fixer des vêtements).De type cruciforme, cette fibuleen bronze, ornée, et dont il subsiste quelques traces de dorure,semble d’origine militaire; lourde et grande (plus de 80mm), elle est parfaitement identifiéecomme appartenant au siècle de notre ère. Presque intacte (il manque l’aiguille et lebulbe supérieur), ce type de fibule n’est pas recensé, à notre connaissance, en Haute-Viennemais au plus proche en Charente. Certes nous n’avons pas d’idée de sa provenance initiale,mais sa présence dans un lot de ferrailles diverses vouées à la déchetterie de Saint-Junienindique qu’elle provient de quelque cave ou grange des environs récemment vidée.La chance a permis le sauvetage de cette pièce, mais combien de témoins du passé ont-ils disparue, et disparaissent encore, par négligence ou ignorance! Restons vigilants!DCDeux vues de la fibule conservéepar la Société des Vieilles Pierres.TVj■K*

Le Chercheur d’OrN°15Page1Un brevet d’invention saint-juniaud en ganterie [Depuis rinvention de la « main de fer » par le Grenoblois Xavier Jouvin en 1834, la coupe normalisée du gantn’est pas restée figée; im certain nombre de modificationsont fait progresser la coupe du gant que nous connaissonsaujourd’hui.Ainsi, le 5 juillet 1945 , deux gantiers saint-juniauds,Junien Brunaud et Jean Marfeuil, déposent-ils un brevetd’invention intitulé: « perfectionnements apportés à la fabrication des gants ». Sans révolutionner la profession, ce brevet a cependant été exploité parla ganterie Codet-Teilliet.L ‘ innovation principaleconceme le pouce dont la partieinterne se trouve prise dans lapartie habituellement enlevée(enlevure). La base du pouce,quant à elle, forme une partiedu rebras ce qui donne plus desolidité au gant. Les gants fabriqués d’^rès ce procédé peuvent avoir la hauteur désirablede rebras. Ce procédé s’applique à tous genres de cuir, detissus ou tout autre matière servant à la fabrication des gants.J-R.P.I/M\Ç (y/sA /\ / RpDeux croquis extraits du brevetde J. Brunaud etJ. Marfeuil.UN TOMBEAU DE SAINT JUNIENEN MINIATURECertains Saint-Juniauds connaissent l’existence de cette curieuse reproduction en plâtredu tombeau de saint Junien. Longue de 20cmpour 11 de large et 14 de haut, c’est un travailsoigné et fidèle à l’original.C’est sans doute à l’occasion des Ostensionsde 1939 que cette réplique a été produite: unepublicité de l’Abeille de juin 1939 indique eneffet qu’elle est en vente à la bijouterie Raygon-daud. Elle existait semble-t-il en gris et en beige.Peut-être en avez-vous un exemplaire dansvotre grenlerl DC: DE MOULINS EN USINES10 – L’USINE LAGARDE (n° 16 sur le plan)JLa mégisserie Lagarde est im pilier de l’histoire du cuir à Saint-Junien; c’est l’entreprise d’ime famille qui, durant 126ans, a porté la tradition et le renom de la mégisserie saint-juniaude..L?L’entreprise a été fondée en 1869 par JeanLAGARDE associé à son beau-fière Jean Las-vergnas. Mais c’est en 1876 que les deux associés achètent un terrain en bord de Vienne, àproximité de l’usine du Goth, pour y construireune nouvelle usine. Jean Lagarde qui a rachetéà son beau-fi »ère sa part dans la mégisserie lafait prospérer, mais il meurt brutalement en1893.La succession est assurée par son fils aîné,Julien LAGARDE, qui à son tour donne imfort développement à la mégisserie familiale.Elle fournit alors des peaux aux nombreusesganteries locales mais aussi des basanes et descuirs pour les fabricants de chaussures de Limoges. Après le grave incendie de 1902, l’usine est en grande partie reconstruite; c’est de cette époque que date le bâtimentle long de la Vienne, avec ses toits en shed qui donnent rme image si caractéristique de la mégisserie Lagarde. Mais en 1910deux malheurs fi »appent coup sur coup l’entreprise: un nouvel incendie et le décès brutal de Julien Lagarde.La mégisserie cependant ne disparaît pas: de 1911 à 1921, une association avec un mégissier parisien, les établissementsP-L MEYER, permet la poursuite de l’exploitation. Durant cette période, sauf pendant la guerre, c’est Léonard Braud qui faitoffice de directeur de l’usine. A partir de 1922, l’affaire est reprise par les fils de Julien Lagarde, Jean, Léon (et plus tard Julien), sous la raison sociale Etablissements LAGARDE Frères, BRAUD & Cie, puis Lagarde Frères & Cie. Vers 1925 Usrachètent à l’entreprise Ripet-TeUlet les bâtiments de la teinturerie de la Vienne, contigus à leur usine.Dans les aimées 50, la raison sociale de l’entreprise devient Etablissements Lagarde. Avec la disparition de Dumas-Raymond et Desselas eUe est alors la plus importante mégisserie de Saint-Junien et Jean Lagarde exerce durant de nombreuses années la présidence du syndicat national des mégissiers de France.L’entreprise disparut en 1995: les bâtiments rachetés par la commune de Saint-Junien et loués à une entreprise de récupération de textUe sont détruits par im incendie en 1998. La seule partie préservée vient d’être aménagée par la communepour servir de stockage aux collections de matériels anciens de mégisserie-ganterie, dans l’optique d’un futur pôle du cuir. FBL,usine; &.SUREAUX ‘;à S^dUNlEN iH^?\/iennè’MAISON À PApis:3. PLACE û£S \/0S6£SDeux vues anciennes de l’usine Lagarde sur la Vienne■p. L.M.

Publication de ia Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pcçfs de Saint-JunienREDACTION 1 Fbg Liebknecht 87200 SAINT-JUNIENFrank Bernard / David Chaput/ Pierre Eberhart/ EricFougeras / Thierry Granet/ Jean-René Pascaud/Alain MingaudSociété des Vieilles PierresSiège social: mairie de Saint-JunienDu 14″ »‘ au 16″ »‘ siècle, les grandesheures du ChâtelardLa plus ancienne mention écrite du Châtelard remonte à l’extrême fin du 13^ »® siècle.Dès cette époque, le Châtelard appartient auxde Mangnac*, famille originaire semble-t-il dela région de Nontron. On connaît des Mangnacau 11^ »^^ siècle, mais les filiations ne sont à peuprès certaines qu’à partir d’Ithier IV de Ma-gnac, époux de Bélines de Brosses, capitaineen Saintonge pour le roi Philippe VI en 1340.C’est alors une des familles les plus puissantes de cette partie du Limousin; Jean deMangnac, frère d’Ithier, est cardinal d’Ostie;Pierre, fils ou petit-fils d’Ithier, est lieutenantde du Guesclin et échanson du roi Charles Vqui le récompense en 1374 pour ses faits d’armes contre les Anglais en Limousin.Mais c’est Aymeric de Mangnac, né auChâtelard, qui est le membre le plus prestigieux de cette famille: évêque de Paris en1368, il devient conseiller du roi Charles V quilui confie des missions diplomatiques et ilmeurt cardinal en 1385. A la génération suivante, Hugues de Mangnac devient évêque deLimoges et sa soeur, Pétronille, épouse Clément de Reilhac acquéreur de la vicomté deBrigueuil.* Écrit aussi Manhac, Magnac ou MaignacLE CHATELARD (5)Essai de reconstitution des armes des de Mangnac (fonds Rigaud,9F83 et nobiliaire de la généralité de Limoges par DescouturesJ. ‘On peut penser que la fortune politiquedes de Mangnac durant le 14^ »^® siècle leur apermis d’aménager le Châtelard en une puissante demeure; la tour et le pont-levis évoquésprécédemment remontent sans doute à cetteépoque. Cependant, aux 15^ »*® et 16^ »^® siècles,les de Mangnac perdent peu à peu richesse etprestige: absents désormais de l’entourageroyal, ils vivent des revenus de leurs domaineset ne sont pas en mesure d’adapter le Châtelardaux nouvelles conditions de l’art militaire etencore moins aux formes nouvelles de la vieseigneuriale portées par la Renaissance.Vieux château démodé, le Châtelardconserve cependant au 16^ » »® siècle un certainintérêt militaire comme l’indique la bataillelivrée sous ses murs, en 1522, qui voit la défaite d’une bande de brigands surnommés les« cinq mille diables ». En 1587 encore, le Châtelard est investi par un millier de calvinistesqui projettent de s’emparer de Saint-Junien.FB