N° 1620 novembre 2004Le Chercheur d’OrIPublication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienPATRIMOINE: PORTES DE PRISONLes caves d’un Immeuble de SaInt-Junien recèlent de curieuxvestiges du passé de notre cité: de solides battants de porte,taillés dans le chêne et armés de clous forgés. Les portes desanciennes prisons de la ville!Par quel hasard sont-elles parvenues jusqu’à nous?La construction en 1881 d’une première halle en ville provoque la démolition de vieux bâtiments adossés au mur sud de lacollégiale. Parmi eux, l’antique prison, implantée là depuis leMoyen-âge, mais devenue inutile depuis là construction de« cellules de sûreté » à la caserne de gendarmerie (route de Bri-gueuil) vers 1868.Le démolisseur, Léonard Labioche, réutilise une partie des matériaux récupérés, dansl’immeuble qu’il fait élever rue Junien Rigaud.C’est ainsi que les portes de prison, condamnées une seconde fois à servir dans l’ombre,sont reconverties en portes de caves. FBV AIGLE DES ETATS-UNIS ET U AIGLE DE LA GANTERIE COOPERATIVE DE SAINT-JUNIENVct otrO- -=i JUNMOU F.iuniiManufactiiré de. Gante de Peau A: Lamàerl Fils ,ayèc son en-tête direcftertient inspiré dé l’aigle des États-UnisLe premier mai 1919, Joseph Lasvergnas fonde une société coopérative de production, la GANTERIE COOPERATIVE OUVRIERE DESAINT-JUNIEN, au capital de 31 500 francs. Le 12 juin 1919, la société rachète le fonds de commerce de la ganterie A. LAMBERT Filsqui se situait à l’emplacement de l’actuelle pharmacie Veyrier-Lampre, place de la bascule (place Joseph Lasvergnas).Avant 1914, la ganterie Lambert avait été une des plus importantes fabriques de la ville; elle exportait des gants vers les Etats-Uniset l’aigle de son en-tête n’était pas là par hasard, mais lui facilitaitson commerce en arborant le symbole de ce pays. La ganterie coopérative a toujours gardé le même en-tête, en le modifiant très modestement au fil des ans.Il est amusant de constater qu’une entreprise dont on connaîtl’engagement politique de ses dirigeants qui ont combattu l’impérialisme américain, ait conservé l’aigle sur ses papiers d’entreprise.J-RPManufacture de Gante.de Peau Ganterie Coopérative Ouvrière

Histoire en filigranesA partir de 1850, la papeterie a connu un formidable essor à Saint-Junien avec la fabrication dupapier de paille. Ce papier était utilisé pour l’emballage (sucres au I9ème siècle, viandes au20ème)^ pour la confection des sacs et du cartonondulé. C’est d’ailleurs l’origine de l’industrie ducartonnage (packaging de nos jours) qui restel’activité majeure de Saint-Junlen.Mais du 16ème au siècle, c’est du papierpour l’imprimerie qui sortait des moulins à papier de la Glane^ Fabriqué à partir de chiffonsbroyés, il était mis en forme feuille à feuille parle papetier. Les rames de carré fin^ ou d’atlas^étaient ensuite livrées aux imprimeurs de Limoges et de Paris.Bon nombre d’ouvrages du siècle ontdonc été édités sur du papier fabriqué à Saint-Junien. Il est possible, avec beaucoup de patience, de les retrouver; en effet, chaque fabricant de papier faisait apparaître son nom enfiligrane. En voici quelques exemples relevés parGérard Coussot, un de nos correspondants, quiréside à Paris mais possède de solides racinessaint-Juniaudes.^ Moulin Pénicaut, moulin de Rochebrune, moulin Jouriaux,moulin Beaujeu/Monflon, moulin des Marmottes, (voirnotre chronique du Chercheur d’Or. De moulins en usines).2 Catégorie de papierLe Chercheur d’OMoulin des Marmottes. BASTIER Frères etBRISSAUD, 1802—1815livre non daté, imprimerie Chapoulaud, Limoges (coll. G. Coussot)^ î>^ ««’••il? M ? r cïil; ^c.^Moulin Pénicaud. Pierre GRATEROLLE puis Veuve GRATEROLLElivre daté de 1758 (coll. G. Coussot)Pierre RAYMOND, vers 1802, même livre que Bastierr-, l’ ‘?■ M -‘I’-ÉÉfcéê*^fa*iHei*ÉH6^HâiMoulin de Rochebrune. Joseph puis Amand BERNARD, 1747—1801,livre daté 1769 (coll. G. Coussot)Moulin de Rochebrune, Jacques—Chnsbne ROULHAC deRochebrune puis son fils Joseph-Gaston, 1801—1838,même livre que BastierACTUALITE: lé Pavillon. . . du tourisme^ »r.. En quittant la RN 141 pour entrer dans Saint-Junlen, l’automobiliste se retrouve désormais nez à nez avec une curieuse machine; un demi—cylindre de bois surmonté d’une sorte de roue àaubes, le tout entre deux grands disques de granité.Le rond-point du Pavillon arbore en effet, depuis peu, la tradition industrielle de Saint-Junien: mégisserie, avec la coudreuseen bois, et papeterie avec les deux meules à écraser la paille.Heureuse initiative qui met en avant le patrimoine et l’économiede notre cité!Bravo aux services techniques de la commune qui ont reconstitué la coudreuse à partir du dernier exemplaire sauvé de la démolition de l’usine Pérucaud. La Société des Vieilies Pierres a jouéson rôle aussi en signalant à la commune ce modeste mais précieux objet (sans oublier la vigilance de Jacques Déserces).IN° 16PagesDE MOULINS EN USINES 11 – L’USINE DU PONT NOTRE-DAME (n° 18 sur le plan)C’est en 1530, à roccasion d’uneinondation qui l’emporte, que l’ontrouve une des plus anciennes mentions du moulin du pont Notre—Dame; ils’appelle déjà moulin des Godet, dunom de cette famille qui en sera propriétaire, avec une remarquable continuité, jusqu’au début du siècle.En fait ce sont deux moulins quisont assis, de part et d’autre de laVienne, sur le même barrage (c’est cequi explique sa forme en V). Le moulinen rive gauche relève de la vicomté deRochechouart et porte longtemps lenom de moulin de Rochechouart oumoulin des Bâtiments; au I9^me siècleil devient le moulin Gady et il disparaîtau début du 20èf »e siècle.S-AlNr-JlMEN – Cila^ù ; tLitxt cv .Ncire^DAr.essMoulinGadi£a VienneMoiuin▼asière ^abreuvaijardinPlan de 1856: transformation du moulin en usineLa papeterie du pont Notre—Dame est la première des usines que la SGPL ferme à Saint-Junien, en 1936. Depuis cette date, le beaubâtiment construit à l’aplomb de la rivière,face à la chapelle, s’est lentement endormi…et dégradé. De nos jours ce n’est plus qu’uneruine vouée à la démolition. Pourtant, pourles amoureux de Saint-Junien et de son histoire, la vieille usine a gardé bien du charme.Carte postale ancienne de l’usine du pont Notre-DameLe moulin Codet, en rive droite, est racheté en 1856 parles frères Junien et Amand Rigaud, associés pour la fabrication des gants, qui le transforment en une mégisserie. Cettepremière tentative de modernisation de l’activité mégissièreéchoue, puisqu’en 1864 les frères Rigaud reconvertissentle moulin en une papeterie. C’est l’époque du grand essorde la papeterie de paille et l’usine va connaître de nombreux remaniements; elle semble cependant n’avoir toujours fonctionné qu’à l’énergie hydraulique (120 cv de puissance en 1900 avec 3 roues de 30 cv et une turbine). Avecune quarantaine d’ouvriers, elle produit 530 tonnes de papier en 1876 et 1 200 tonnes en 1900. Elle intègre la Société Générale des Papeteries du Limousin (SGPL) lors de lafondation de cette société en 1898.L’usine en ruine vue du pont Notre-Dame

PubUcaâon de la Société des Vieilles PierresPour la promotion dupatrimdne du pq^s de Saint-JumenREDACTION 1 Fbg Llebknecht 87200 SAINT-JUNIENFrank Bernard / David Chaput / Pierre Eberhart /Eric Fougeras/ Tbierry Granet/ Jean-René Pascaud/Alain MIngaudSociété des Vieilies PierresSiège social: mairie de Saint-JunienLE CHATELARD (fin)Aux origines du ChâtelardSur les origines du Châtelard, les textes étant muets il faut s’enremettre à l’archéologie et à la cartographie. Celles-ci montrentque le Châtelard n’est pas un site fortifié isolé; il s’inscrit dans unensemble défensif qui comprend Château-Morand et Rochebrune K Cette concentration de fortifications médiévales sembleliée à trois facteurs stratégiques: la frontière, la forêt et la route.A la frontière occidentale des possessions de l’évêoue de Limoges:Au début du ll^me siècle, deux puissances féodales se constituent à l’ouest des terres épiscopales: Roche-chouart et Chabanais. Les seigneurs de Chabanais sont de redoutables voisins avec lesquels l’évêque entre enconflit; vers 1010, il fait édifier au nord de Saint-Junien la fortification de Beaujeu (sans doute Monbeuge) quidevient l’enjeu d’une bataille^. La vallée de la Glane, difficile à franchir, apparaît alors comme une frontière surlaquelle chacun fixe ses postes de défense, ancêtres de nos châteaux.Sur un front de défrichement de la forêt:La zone frontière est aussi, comme souvent au Moyen-Age, une zone forestière^. Les indices toponymiques suggèrent que la forêt de Brigueuil était alors plus étendue vers l’est et le sud et qu’elle fut attaquée par des entreprises de défrichement. L’une d’entre elles semble avoir été menée à partir du Châtelard (ou de Château- Morand ) le long d’un axe sud – nord jalonné par la chapelle Saint- Georges de la Boulonnie. Cette zone défrichéepourrait correspondre en partie au Bois Jourdanen^ mentionné en 1327.Au contrôle d’un Itinéraire vers le nord:Un chemin de long parcours entre Saint-Junien et le Poitou, en usage peut-être dès le llème siècle, a été mis enévidence récemment?. Le complexe fortifié Rochebrune – Château-Morand – Le Châtelard surveille les franchissements de la Glane par cet itinéraire (pont du Galet, gué Giraud).BRIGUEUISaintACjtenrgbsde la UpiVionnic*BeattîcuChiAcaiimorandRochcbrunc «BoîsscChâtelardNT-JUNIENVienneCes quelques données éclairent un peu la question des origines du Châtelard mais ont surtoutl’avantage de montrer l’intérêt historique de ce site;c’est un atout à ajouter aux attraits paysagers decette portion de la vallée de la Glane. Celle-ci mérite bien une mise en valeur touristique dont le Châtelard pourrait être le pôle principal.’ On pourrait peut-être y inclure aussi Boisse, mentionné comme « hôtel noble et hébergement » en 1508,car on connaît vers 1150 des seigneurs de Boisse.^ L’évêque Hilduin est vaincu par Jourdain de Chabanaiset la motte de Beaujeu est détruite.^ De nos jours encore la limite départementalecontourne la forêt de Brigueuil.* Bois Jourdanen, peut-être en rapport avec les Jourdain, seigneurs de Chabanais.^ Nicole Raynaud, Un Itinéraire de Saint-Junien à Poitiers. dans Cahier d’IMPACT n  » 1, janvier 1999liinita de la foret de BrigueuilfoiiificationroutedeâichemeQt