N® 19SEPTEMBRE 2005PûdlicWoh delàSociété des Vieilles PierresPour la promotior) du patrimoine du pays de Saint-JunienUNE MAISON ANCIENNE DECOREE D’UNE FRESQUEPoussez la porte des demeuresanciennes, suivez les couloirs,gravissez les escaliers, traversezles cours et les salons … Vousdécouvrirez des trésors: cheminée avec sa plaque de fonte,escalier de granité, plafond décoré, papier peint centenaire…Un Jour, dans la plus discrète deces demeures, vous ferez unedécouverte inattendue: unegrande fresque peinte sur unecloison de bois et de torchis. Lascène est mystérieuse: des arbres luxuriants peuplés d’oiseaux, un château et une chapelle entre lesquels évoluent descavaliers et une dame.Cette oeuvre, unique à Saint-Junien, mériterait une restauration et une véritable étude:contentons-nous d’en attribuer lacommande à la puissante familledes Montjon, propriétaire de lamaison au siècle. FBfmModillons (suite)Dans cet avant dernier chapitre consacré aux modillons de Saint-Junien, nous vous présentons deux têtes sculptées situées au 26boulevard de la République (photographies 1 et 2).La photographie 3 est celle d’une tête sculptée, présente sur la façade de la maison du 20 faubourg Gaillard non pas utilisée enmodillon (élément d’une corniche) mais plutôt en mascaron (élément de façade ), la partie supérieure de forme cubique étant détruite. Cette statue a subi une tentative d’extraction il y a environ deux ans.Extractions, démolitions de bâtiments, maladies de la pierre et usure du temps sont autant d’éléments qui nous évoquent la fragilité de ce petit patrimoine qui mérite d’être préservé.E.B – Archives municipales1 :

LES GANTS DE MARTIAL FORMIERMartial Formier appartient à une riche famille limousine du 15ème siècle dont certains membres fréquentent le Parlement de Paris et même l’entourage du roi Charles Vil. Sa soeur Anne a épousé Clément Le Fèvre de Reilhac vicomtede Brigueuil, un des plus riches seigneurs de cette époque. Lui-même, entré dans le clergé après des études de droit,cumule charges civiles et bénéfices ecclésiastiquesMartial Formier semble avoir éprouvé un attachement particulier pour Saint-Junien où il a longtemps vécu en tant que chanoine de la collégiale. Celle-ciconserve deux témoignages de ses largesses: dans la chapelle saint Martial, latrès belle mise au tombeau qu’il a financée et, dans le bas-côté sud. la magnifique plaque gravée qui couvrait autrefois sa sépulture. A son décès en 1513 (ilétait alors âgé de 90 ans!), il fut en effet inhumé dans le choeur de l’église.Cette plaque funéraire en cuivre, plus tard partiellement cachée par les marchesde l’autel, fut remarquée en 1879 par la Société Française d’Archéologie qui la fitrelever et fixer sur un pilier (1885). Mesurant 2,29 m sur 1,12 m, elle figure Martial Formier en costume d’abbé entouré d’un riche décor d’architecture de stylegothique. C’est un remarquable travail d’artiste, mais le manque d’éclairage nepermet guère d’apprécier la précision de la gravure et l’abondance des détails.L’un de ces détails mérite particulièrement notre attention: les mains de Mar- -tiai Formier, jointes pour la prière, sonten effet gantées. Il s’agit là de la plusancienne représentation de gants àSaint-Junien. Ce sont des gants longsdont la manchette largement évasée setermine par une sorte de pompon frangé.Le dessus de main est orné d’un décoren relief composé de quatre feuilles surun médaillon circulaire à cabochons. Laforme très serrée suggère des gants entissu ou en peau très fine; dans ce derniercas il pourrait s’agir du premier exemplaireconnu de la production gantière locale!nDessin de la plaque tombale deMartial Formier (Bulletin Monumental, 6ème série, tome 10.1895,p.4)Détail de la plaque funéraire: les gante(passés en blanc pour être plus visibles)L’intérêt majeur de la plaque funéraire en cuivre de Martial Formier tient à sarareté (elle semble unique dans la région) et à sa qualité artistique, qualitéque l’on pourrait mettre en relation avec l’école d’émaillerie et d’orfèvrerie deLimoges au Moyen-Age. Pour ces raisons elle mériterait une meilleure miseen valeur dans notre collégiale (éclairage?) dont elle est un attrait supplémentaire. FBLa Société des Vieilles Pierres et ses activitésNous avons soutenu diverses expositions d’été à Saint-Junien. En juillet, « 1900 sur Vienne », organisépar les Amitiés de Saint-Junien, réunissant de fort beaux clichés anciens de Vital Granet sur le thème de laVienne, appartenant à Mr Alain Thomas {« D’un Siècle à l’autre »). Un succès qui mérite une suite…« Mémoire de peaux », exposition organisée par les Archives municipales et le service culturel de la ville.De nombreux objets, tirés du fonds de dépôt créé pour la future Maison du Cuir y ont été présentés . Notreassociation s’inscrit dans cette démarche.Dans les semaines à venir, parution du nouveau cahier d’IMPACT rédigé par la Société des Vieilles Pierres, traitant des transformations urbaines de Saint-Junien au XlXe siècle.[PagesSAUVETAGE LAPIDAIREIl y a une trentaine d’années, lors de réfections dans un magasin du centre villede Saint-Junien, un ouvrier était intrigué par la forme arrondie d’un bloc de pierreimposant qui dépassait des fondations d’un mur au pied duquel on venait de creuser profondément.Il en fut tellement intrigué qu’il décida, non sans peine, de l’extirper de la basedu mur. A sa grande surprise, il se trouva en présence de ce qu’il pensa être un« coffre » circulaire, et évîdé.Deuxième surprise, il trouve non loin de là, dans le jardin, une pierre circulairedu même diamètre, qui « colle » parfaitement sur le sommet du « coffre ». Autorisation obtenue, il repartira avec les deux éléments, les sauvant d’un enfouissementpeut-être définitif cette fois.Il y a quelques semaines nous avons pu voir de près ces éléments lapidaires, queleur propriétaire pense être un coffre funéraire gallo-romain. Il est certain que sonallure générale y fait penser : d’une hauteur de 50 cm et d’un diamètre total d’environ 50 cm, il est évidé sur un diamètre intérieur de 27cm, laissant un bord d’environ 12 à 13 cm suivant l’endroit de la mesure.Le couvercle fait lui aussi environ 50cm de diamètre, pour une épaisseur de27crn, et est parfaitement plat Tout cela semblerait parfait pour conduire à lamême déduction que l’inventeur de l’objet.Le problème est que l’évldement ne présente qu’une profondeur maximale deI4cm , ce qui rend impossible le dépôt d’une quelconque urne funéraire et limitefortement le dépôt direct de cendres ou ossements, surtout, avec un couvercle platL’énigme demeure sur ce « coffre » de granit sans bourrelet ni feuillure pouvantajuster la partie supérieure. Le couvercle va-t-il bien avec le coffre ? Leur découverte rapprochée dans l’espace plaide en cette faveur, mais n’est pas une preuveabsolue. Coffre inachevé ? Cette idée peut-être évoquée, mais avec la même prudence.En tout cas nous ne pouvons que féliciter la présence d’esprit de l’inventeur quia su porter intérêt (et secours !) à un élément de notre patrimoine dont on neconnaîtra hélas jamais la provenance (il était déjà en réemploi), ainsi que la gentillesse avec laquelle il a accepté de nous le présenter pour ce présent article. D.C.Deux vues du coffre et de son couvercleSAINT-JUNIEN D’HIERLA RUE DES ECHELLES AU I^ÔIII IN PELGROSDans les annéescinquante, la longuerangée des maisonsouvrières de la papeterie était encore habitée.Bâtis vers 1870,ces petits logementsavec leur échelle extérieure pour accéderà l’étage, étaient untémoignage de la vieouvrière au XDCe siècle… et un précieuxpatrimoine!Mais les bulldozerslà aussi sont passés!

Page 4Publication de la Société des Vieilles PierresPour lapromotion dupatrimoine dupays de Saint-JunienREDACTION 1 Fbg Liebknecht 87200 SAINT-JUNIENFrank Bernard / David Chaput / Pierre Eberhart/Eric Fougeras/ThierryGranet/Jean-René PascaudAvec la participation d’Emmanuel BaroulaudSociété des Vieilles PierresSiège social: mairie de Saint-JunienSAINT-JUNIEN ET SON GENERAL ?Dans la liste des « poilus » de 14-18, visible sur les plaquescommémoratives à l’entrée de la collégiale, figure le GénéralANSELIN. Sachant que seulement 42 généraux sont morts auxcombats de la Grande Guerre, le sujet est suffisamment rarepour qu’on s’y intéresse.Mais qui était le Général Anselin ?Ernest, François, Amédé (sic) ANSELIN est né le 16 janvier 1861, à Cham-bon-sur-Voueize (Creuse). Fils d’un officier de cavalerie, sa vocation militairesemble toute tracée. Il entre à l’Ecole spéciale militaire le 30 octobre 1880, onle retrouve sous-lieutenant à l’Ecole d’application de cavalerie en 1882. Nommé lieutenant en 1887, il sert au 5^* » Chasseurs d’Afrique. Un bref séjour enmétropole pour accomplir un stage à l’état-major et gagner ses galons de capitaine en 1893. Il revient ensuite en Algérie de novembre 1894 à décembre1897, date à laquelle il sert comme capitaine commandant au 3′ dragons. Sonretour coïncide avec une carrière nettement plus bureaucratique.De septembre 1900 à mai 1906, il occupe successivement les postes d’officierd’ordonnance, puis de sous-chef de cabinet au ministère de la Guerre, on leretrouve ensuite colonel commandant le 1″ cuirassiers en mars 1909, avantd’être nommé en janvier 1912 à l’Ecole d’application de cavalerie ou il finiradirecteur. Il prend ensuite fonction de directeur de la cavalerie au ministère dela Guerre en mai 1913, il y gagne ses galons de général fin octobre. A la déclaration de la guerre, il fera face aux nombreux problèmes de remonte, périodeoù le ministre de la Guerre A. Millerand ne pourra que louer son dévouement,et son talent d’organisateur. A sa demande, il est renvoyé sur le front le 1″février 1916, à la tête de la l’^’brigade de cuirassiers, puis de la 214® brigaded’infanterie le 7 juillet. C’est lé 24 octobre 1916, à Fleury devant Verdun, quelors d’une reconnaissance avant l’attaque et la reprise victorieuse du fort deDouaumont, il est atteint mortellement par un éclat d’obus.(Source : Dict. de biographiesfrançaises 1,19. I4I4-1415)Le Général Anselin , officier de la Légion d’honneur (11/07/1914), décoré dela Croix de Guerre, cité à l’ordre de la 2® armée a été enseveli dans la Nécropole nationale de DOUAUMONT, Tombe individuelle n°l.„ lit Iil..1.1..1,1 u 1. 1 .1..U .1^Ihf il llu.iu:: .m ;kt,4 hum: I i’Cuitu\ Atulio,Eflii deLa tombe provisoire du général Anselincarte postale édition VerdunEt son lien avec Saint-Junien ?Il est loin d’être évident à établir, même à l’époque des faits, puisque le 17avril 1918, à la requête du service des pensions (ministère de la Guerre), M.Merle, maire de Saint-Junien répond : « J’ai l’honneur de vous retournerl’acte de décès de M. le Général de la 214® brigade Anselin (…) Un retourvous est fait, parce que le domicile du défunt n’est pas St-Junien et que sesauteurs doivent être décédés depuis longtemps ; Mr Anselin père aurait àl’heure actuelle 94 ans. L’épouse du général (… ) qu’on peut supposer vivante(…) n’a jamais habité St-Junien. »Nos recherches confirment ce courrier. On trouve effectivement mention dela famille Anselin à Saint-Junien sur une période très courte de fin 1880 à1884, sachant que les recensements de 1876 et 1886 n’ont rien donné. Lafamille, qui habitait rue du Pont-Levis, était composé de :Anselin François, Jules, né le 19 sept 1823 à Compiègne (Oise), receveur-buraliste, ancien officier de cavalerie, chevalier de la Légion d’honneur, chefde famille.Dubuche Marguerite, Malvina, né vers 1835, épouse.Anselin Jules, né le 12 mars 1857 à la Courtine (Creuse), fils.Anselin Ernest, François, Amédé, né le 16 janvier 1861 à Chambon-sur-Voueize (Creuse), fils.Anselin Louis, Marie. Joseph né le 28 novembre 1880 à Saint-Junien, fils.(Source ; Archives municipales )Quant à l’épouse, il s’agit de Boullier Hortense, Louise, et elle n’a manifestement pas résidé à Saint-Junien. Il est à noter que les généraux Nivelle etPassaga connaissaient l’adresse puisqu’ils ont écrit chacun une lettre decondoléances à la veuve. (Source : i ‘Illusiraiion n°3845)Et pourtant le 28 mai 1918, soit un peu plus d’un mois après le premiercourrier, on retrouve dans la transcription de l’acte de décès : « Nous PierreAuguste Merle, maire de Saint-junien , (…) Le défunt (…) n’était pas domicilié en dernier lieu à Paris, ainsi qu’il est mentionné dans le corps de l’acte.( …) Le Général de brigade Anselin (…) (est) domicilié légalement à Saint-Junien »(…) «et non pas Paris comme indiqué par ailleurs ».(Source : Archives municipales )Pourquoi ce revirement ?Difficile de répondre de façon définitive, nous nous contenterons de deuxhypothèses.- La municipalité commet un impair. N’oublions pas que nous sommes encore en plein effort de guerre avec de nombreux problèmes à gérer : réquisitions, pénurie, réfugiés, blessés, listes de morts et disparus qui s’allongent….- Pour le prestige, la municipalité « tient à son Général » et en « bonne procédurière » obtient que le Général Anselin soit légalement Saint-Juniaud.Mais dans les deux cas, le Général Anselin est tombé dans l’oubli, il ne restede lui que quelques lettres dorées gravées dans le marbre.« Le corps dugénéral Anselin,rapporté à l’ambulance. »Cli ché« L’Illustration »,N°3845,ll novembre 1916.