27décembre200îL.e Chercheur d’OrPublication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSOUS LE GOUDRON LES PAVESIls sont l’âme de nos rue anciennes,nous les foulons sans même y prêter attention et le Jour où ils disparaissent pour laisser la place à dubitume ou pire à des pavés manufacturés calibrés et vendus sur catalogues, nos rues perdent leur atmosphère d’antan pour ressemblerà ces artères de ville nouvelle oùl’urbanisation et l’aménagementsont davantage synonymes d’uniformisation que respect du patrimoine :sauvons nos pavés IRares sont les rues du centre villequi en conservent encore, la rue dela Maîtrise est unique à cet égard,de chaque côté sont encore visiblesdeux caniveaux en opus incertumqui est le pavage en calade constitué de cailloux posés sur la tranche.Parfois on trouve de la n gazette • deporcelainiers, il s’agit de terrecuite , dont les seuls exemples encore visibles se trouvent dans lecloître du Verbe Incarné(Médiathèque) ainsi que dans la petite cour s’ouvrant sur la gauche dela Collégiale.Ce type de pavage constitue un élément important du paysage urbain,surtout lorsque la presque globalitéa disparu. Prochainement la rue dela Maîtrise va être refaite, déjà dessondages archéologiques ont été effectués, des trous ont été creusésau droit de ces rigoles de pierres, lesendommageant ainsi gravementdans le mesure où les pavés ont étépurement et simpipment jetés auremblai.Les sondages archéologiques imposés s^rTt une bonne chose, mais uneconcertation préalable est nécessaire afin d’éviter des destructionsregrettables. Le Patrimoine n’estpas nécessairement un élément archéologique ou historique^ncontour-nable, qu’un archéologue va forcément respecter dans son choix delieu de fouilles, il est également représenté par des éléments secondaires qui échappent à l’attention (ausens premier du terme) de ces mêmes archéologues. L’opus incertuma donc disparu sur une bonne longueur dans la partie basse de la rue.A quand la concertation et la réflexion en amont de chaque projet ?La mondialisation concernerait ellel’aspect de nos rues?Une pensée nous obsède : que penserait notre regretté Robert Granet,qui a patiemment entretenu cetUN CHAPITEAU DU MOYEN AGE DE RETOUR A SAINT BRICEDepuis quelques semaines l’églisede Saint Brice abrite un chapiteauroman du lié siècle. Celui cl fut découvert en 1974 à la Basse Malaise{commune de Saint Brice) par Monsieur Jean Henri Moreau, qui en avaiteffec^é le sauvetage.Ce chapiteau est en granit à grainsmoyens d’une hauteur de 0.66m etd’une largeur à la base de 0.40m, destyle roman, et représente un personnage. La tête est entièrement encadrée par un décor qui ne laisse adécouvert que le visage. Ce personnage porte une moustache n à la gauloise •. De chaque côté du couvre chefpart une très Importante volute; sontelles Inspirées des casques gaulois,des bonnets de fous, des cornes diaboliques, on ne saurait le dire. Le terrain où a été trouvé ce chapiteau seprésentait à la vue comme s’il recouvrait les ruines d’un édifice. L’état dusol en ces lieux a laissé supposer àl’Inventeur qu’une chapelle se dressait à cet endroit cette assertion semblerait confirmée par Nadaud. Dansson pouillé du diocèse de limoges ilfait état d’une chapelle rurale dépen-dantdu chapitre de Saint-Junien en1150. Mais cette chapelle n’est passituée gëographiquement d’autre partla pauvreté avérée de ces chapellesrurales ne Justifie pas la présence d’untel élémentd’architecture.Le chapiteau de Saint Brice reste doncpour l’heure une énigme, seules d’autres découvertes similaires dans levoisinage de la Basse Malaise permettraient d’étayer une hypothèse viable.

DES GANTIERS SPÉCIALISTES EN PEAU DE CHIEN (suite et fin)La Turquie était le principalpays d’approvisionnement enpeaux de chiens pour notre industrie gantière.Dans ce pays on laissait à cesanimaux le soin de nettoyer lesrues. Bien entendu, il ne s’agissait pour ces auxiliaires que deconsommer les restes deviande et d’os qui pouvaientamener des épidémies en attirant les insectes et en fournissant aux microbes un aliment touttrouvé.Les chiens étaient abattus en trèsgrand nombre. On les écorchaitpour en vendre la peau.L’Espagne aussi produisait despeaux de chiens. Plusieurs fois paran, les fourrières de quelquesgrandes villes organisaient desventes publiques. Les représentants et mandataires d’industrielsfrançais et en particulier les représentants de mégissiers de Saint-Junien ne manquaient pas defaire des offres pour l’achat delots de ces peaux qui ensuite seretrouvaient en bord de Viennedans nos mégisseries.(La Halle aux Cuirs N ° 12-20,mars 1910)UNE AUTRE PARTICIPATION CANINE A LA MÉGISSERIE : LES CROHESLes crottes de chien entraient dansla préparation d’un « confrt » nécessaire au traitement des peaux qui yétalent trempées.ASaint-Junien quelques personnesles ramassaient et les vendaient auxusines. Armées d’un seau et d’unepetite pelle, elles parcouraient lesrues de ia ville à leur recherche.Les chiens n’étaient pas très nombreux, au regard de l’importante Industrie mégtssière, et les crottes sefaisaient donc rares. Le bénéfice dece labeur est à comparer à l’orpailleur qui ne récofte que quelquespaillettes, d’où leur surnom de« Chercheur d’or ‘.que nous avonschoisi comme titre à notre publication.La mégisserie à Salnt-Junien entre1880 et 1910 est prospère, la demande de crottes de chiens est elleaussi en augmentation. Cest encoreune fois en Turquie que nos industriels se fournissent Ce pays exporteentre 1500 et 2000 tonnes d’excréments en 1910. Les crottes sont sé-chées et réduites en poudre avantd’être emballées par sac de 50 kg.Les expéditions vers le port de Marseille se font au départ de Smyrne etde Constantinople. Mais l’évolutionde l’industrie fart que petit à petit,des produits chimiques arrivent surle marché en concurrence de l’involontaire contribution canine.Ainsi en 1904, un industriel deSaint-Junien reçoit une proposition d’uneusine de Lyon, vantant les mérites de la« PERMENTINE ».n La Permentine est destinée à remplacer totalement les excréments dans lamégisserie.Ce produit donne de très bons résultatsdans toutes les sortes de peaux, aussibien pour celles destinées à la chaussureque pour celles destinées à la ganterie.Avantages : Propreté du produit, suppression de l’odeur détestable. Prix derevient sensiblement Inférieur à celui desexcréments. Garantie du produit toujoursconstant dans sa composition. N’est passujet aux nombreuses falsifications etaux effets variables obtenus avec lacrotte de chien, selon les saisons et lesgenres de nourritures.En outre, sous un petit volume, on peutavoir ce produit toujours prêt pour faireune grande quantité de peaux (10 kgsuffisent pour 100 douzaines de chevreaux d’Amérique, et 12 kg pour 100douzaines de chevreaux de pays.A Grenoble, où les premiers essais ontété réalisés, les résultats ont été surprenants, aussi bien en « Suède » qu’en• glacé ».Je suis certain qu’il serait de votre Intérêtde faire un essai de ce nouveau produit,et dans ce butJe dens à votre dispositionune quantité à titre d’essai, que vousvoudrez me désigner… •La chimie venait de faire un pas de plusi::wmUne représentation humoristique des chercheurs d’or de Saint-Junien, extraite d’unesérie de huit cartes postales.Jean Bourgoin dans son ouvrage « les Antitout » évoque la rue du Chapelain comme lequartier mal famé où résident ces travailleursun peu spéciaux.dans l’industrie et au début de la premièreguerre mondiale l’emploi de la crotte de chienen mégisserie avait pratiquement disparue oudu moins s’était fortement et durablementn>arginaiisé.Le Chercheur d’OrDE MOULINS EN USINES : 2 – Le Moulin de RochebruneL’usine chevrier en 2001…. Un long bâtiment délabré, au milieu de ferrailles ICest tout ce qu’il reste de ce qui fut le lieude naissance, au 16ème, et de renaissance, au 19ème siècle, de la papeteriesalnt-junlaude.Le site est pourtant magnifique : â l’entréede la partie la plus étroite et la plus pittoresque de la vallée de la Glane; à deux pasdu Châtelard et au pied d’une falaise quesurmontait autrefois un autre château, Rochebrune. C’est d’ailleurs cette antiqueseigneurie qui a donné son nom au moulin, connu dès le ISème siècle. En 1476,Gabriel de Bonneval, seigneur de Roche-brune, rend hommage â Jean de Vendôme,seigneur de Châteaumorand, et dénombreparmi ses possessions * le moulin de Rochebrune, avec l’écluse, le bois et garennecontigus. •1- Le moulin à papierAu début du 16ème siècle, Rochebrune esttransformé en moulin à papier : le 7 mars1530, Léonard PénicauL papetier, reconnaît tenir une terre située près du pont duGalet (pont du Châtelard); un autre Pénl-caud, Emery, lui aussi papetier, demeureau moulin â papier de Rochebrune en1576.Mais c’est au 17ème siècle que la papeterie de Rochebrune connaît la prospérité:de 1636 à 1655, Philippe Delagorce, marchand de Saint-Junien. vend le papier qu’ily fabrique à des marchands hollandaisd’Angoulème. Dans la seconde moitié dusiècle, Delagorce est remplacé par MichelTardif, puis son fils Martial, marchandspapetiers.En 1744, les Tardif sont encore papetiersau moulin de Rochebrune, mais ceiul-cl estn presque tout en ruine > et ne fonctionneplus que trois mois par an. Il est relevé parJoseph Bernard, marchand, qui l’achète en1747. C’est sans doute lui qui fett construire te vaste bâtiment encore debout quiservait de logement pour le propriétaire etles ouvriers, de magasin et de séchoir surtoute l’étendue du grenier. En 1769, Bernard exploite encore le moulin de Rochebrune où II fabrique du papier fin pour l’impression.Mais, à l’extrâme fin du siècle, le moulin estacquis par JacquesChristine Roulhac deRochebrune. déjà propriétaire du domainedu Châtelard. Il donne de l’essor à sa papeterie , â tel point qu’en 1808 un rapport dupréfet signale : «M. Rouilhac-Rochebrunefait des carrés fins d’Impression qui sontsupérieurs à tout ce qui s’étaitjamais fetten ce genre dans les ^briques du Umou-sin. >2- Une usine à papier de pailleEn 1838, les héritiers Roulhac de Rochebrune vendent à Etienne Baignol le moulinà papier qui est alors séparé du domaine duChâtelard. Dans les années qui suivent, iapapeterie passe entre les mains de plusieurs propriétaires :1838 à 1844 Etienne Baignol1844 à 1847 de F^deau et Blondeau1847 à 1852 Feydeau seul1852 à 1856 Mme de Feydeau1856 à 1856 Dumas et MestreEnfin en 1858 Charles et DIeualde.Le moulin est alors un des premiers en U-mousin à abandonner la febilcation du papier de chiffons pour le papier de paille(avant 1844). Cette reconversion, destinéeà un essor remarquable â Saint-Junien,s’accompagne d’une lente modernisation;ainsi en 1857, l’usine se dote-t-elle d’unechaudière à vapeur et de cylindres-sécheurs. En 1863, une nouvelle chaudière est Installée et en 1873, un secondbarrage est édifié vers l’aval pour de nouveaux appareils â broyer ta paille. Le papier de paille sert â l’emballage et les raffineries de sucre de Nantes en sont lesgrands acheteurs â Saint-Junlen. L’entreprise Charles & Dieuaide obtientd’ailleursune médaille d’or à l’exposition de Nantesen 1861.De 1888 â 1892, la papeterie ajoute temporairement â son activité la fabrication desacs en papiers (société Foumier & Guéry).En 1893, Jean July, contremaître, reprendl’usine avec son fils Jean-Baptiste (sociétéJuly Jeune et père). Mais c’est déjà letemps de la concentration de l’Industriepapetière ;l’usine du Châtelard (c’est sonnom désormais) reste â l’écart du mouvement et doit arrêter la fabrication du papier en 1910. Les repreneurs, DumaineFrères et Chevrier, la transforment en fabrique de feutres pour papeterie. Cetteactivité s’y maintiendra Jusqu’à l’arrêt deM. André Chevrier en 1972.Depuis cette date, l’usine Chevrier a connude nombreuses vicissitudes: Incendie, dépôt de ferrailles….Quel dommage de voir se délabrer d’annéeen année un des rares vestiges en Limousin de l’architecture industrielle du ISèmesiècle IH? .S?’®.1 -■ L.I%Carte postale début 20è siècleLe bâtiment principal aujourd’hui

Le Chercheur d’OrPage 4P’ ublication de la Société des Vieilles PierresPour lapromotion dupatrimoine dupcs^s deSaint-JunienRÉDACTION Ifg Uebknecht87200SAINTJUNIENFranck Bernard/ David Chaput/ Pierre Eberhart/Eric Fougeras / Thierry Granet / Jean René PascaudSociété des Vieilles Pierressiège social : mairie de Saint JunienEnvie de participer ?Si vous possédez des documents ouphotographies et estimez qu’ilspeuvententrer dans nos colonnes, n ‘hésitez pas i nous les soumettre : ils serviront peutêtre à un article, deplus si vous vous sentez une ûbre journalistique et quevous maîtrisez votre sujet, vouspouvez devenir un des auteurs du Chercheurd’Or et contribuer ainsi à développer la notion depatrimoine.La rédaction vous invite également à luifaire parvenir vos questions atin d’établir des tiens plus étroits avec les lecteurs. Nous nous efforcemns de répondre àvos interrogations.LES ACTIVITÉS DE L’ASSOCIATION : LES VIEILLES PIERRES SUR LE TERRAINAu cours de l’été 1997 la Sociétédes Vieilles Pierres a pratiqué unsondage en ville à la recherchede l’église Saînt-Plerre.De cette église, paroissiale jusqu’à la Révolution, ne subsisteaucun vestige ; son emplacement précis est mal connu etseuls les plus anciens Saint-Junlauds parlent encore du basSaint-Plerre pour désigner sonquartier, l’extrémité ouest de lerue Louis CodetL’étude du plan Collln (1655) etde l’ancien cadastre (1812) aorienté notre recherche vers le Jardin r^°27 de la rue Louis CodetAvec l’accord du propriétaire de l’époque, monsieur Jacques Perrin, etdu service régional de l’archéologie, nous avons ouvert trois sonda-Aucune structure en place n’a mal-heureusemeht été repérée, maisdes blocs taillés provenant à coupsûr de l’ancienne église ont ététrouvés en réemploi. L’édifice étaitdonc tout près, sans doute à l’emplacement même de la maison,bâtie vers 1930 (ganterie Codet-Telllet) à la place d’une ancienneécurie. Cette écurie était peutêtre l’église transformée aprèssa vente comme bien national en1793 à Simon Teillet (en 1795 IIy entrepose son bols!)L’église Saint-Plerre présente ungrand Intérêt historique; mentionnée dès le milieu du 12è siècle (Chronique de Maleu), elle apeut être été la première égliseparoissiale de notre ville.mmmmLa photographie ci-contrevous montre quelques éléments lapidaires extraitsdw fouilles effectuéeschez Mr Perrin. Ce sontincontestablement des éléments d’architecture médiévale.A noter également unnombre assez importantd’ossements retrouvés,mais pas de sépultures enplace, le terrain ayant déjàsubi des modifications.La rue Louis Codet,quant à elle, semble recouvrir la majorité del’ancien cimetière deSaint Pierre. Les travaux àvenir dans ce quartier sontd’ores et déjà à mettresous haute surveillance.La Société des VieillesPierres ouvrira l’œil