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N° 44décembre 2011Supplément à la« Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1065 du 23 décembre 2011. Ne peut-être vendu séparément.Le Chercheur d’Or■L’ancienne gendarmerie (1862 – 1977), route de Brigueuil.GendarmeriesEn 1791, la Révolution fixe l’organisation de la gendarmerie en France et Saint-Junien se voit dotée d’une brigade à cheval dès 1806 au moins. A cette date une maison de la rue Saint-Pierre (rue Louis-Codet), avec écurie, grande cour et puits, est louée pour héberger les gendarmes et leurs chevaux. Dix ans plus tard, le casernement est transféré dans une maison du faubourg Pont-Levis, à l’angle de la route de Brigueuil, une situation idéale à l’entrée de la ville et en bordure de la grande route. Aussi la gendarmerie reste-t-elle quatre décennies dans le même quartier, passant seulement dans une maison voisine à partir de 1852. Cependant, en 1861, le bail n’est pas renouvelé par le propriétaire et la recherche d’un nouvel emplacement s’avère difficile dans une ville qui connaît une forte expansion démographique et économique. Plusieurs propositions, dont celle du notaire Font-Réaulx qui offre de construire une caserne, sont étudiées puis abandonnées. Finalement, la solution vient de Junien Rigaud, adjoint au maire, qui « voyant la brigade Les gendarmes de Saint-Junien ont inauguré en octobre dernier leur nouvelle caserne: un beau bâtiment, vaste et fonctionnel, édifié le long d’un chemin des Gouttes élargi et rénové. C’est la troisième gendarmerie construite à Saint-Junien en 150 ans et, chaque fois, c’est la proximité de la route de Limoges à Angoulême qui a dicté l’emplacement.en peine pour se loger, offre une belle maison qu’il fait bâtir dans une des plus jolies positions de la localité ». Il s’agit d’un vaste bâtiment qu’il destinait à sa fabrique de gants, situé le long de la route de Brigueuil, à 200 m de la route de Limoges. Le bail est signé le 28 décembre 1861, pour 18 ans, à raison de 1.200 F par an, et la brigade s’installe en mars 1862, dès la fin des travaux.En 1877, la création d’une seconde brigade – 5 gendarmes à pied – amène Junien Rigaud à faire construire un nouveau bâtiment, contigu au premier, sur des plans fournis par l’armée. C’est celui que l’on voit au premier plan sur une carte postale ancienne. La gendarmerie reste route de Brigueuil jusqu’en 1977, soit 115 ans. Le bâtiment de 1877 est aujourd’hui rasé, mais celui de 1861 subsiste, conservant sur sa façade l’inscription GENDARMERIE NATIONALE, autrefois tricolore, et dans son sous-sol les cellules de sûreté.La caserne construite en 1977 avait quelque peu exilé les gendarmes à l’entrée nord de l’agglomération. En 2011, en fixant leurs quartiers près du centre-ville, les gendarmes retrouvent leur quartier d’origine. A deux pas du champ de foire et de la route de Brigueuil, ils renouent avec leur histoire.F. B.à Saint-Junien
Le Chercheur d’OrPage 2Une publicitéde la« Maison Riffaud »Ce petit chromo (10,5 cm x 8 cm) est un exemple des premiers objets publicitaires distribués par les commerçants de la fin du 19e siècle à Saint-Junien. Destinées à être collectionnées, ces images avaient pour objectif de fidéliser la clientèle. Témoignages du développement des grands commerces, précurseurs de nos super-marchés, ces images diffusaient les grands thèmes de l’histoire de France, ici le supplice de Jeanne d’Arc. Au revers le commerçant faisait imprimer la raison sociale de son établissement en n’oubliant rien de l’étendue des articles en vente.La maison Riffaud était une institution à Saint-Junien, située au bas de la rue Lucien-Dumas, place de la République (aujourd’hui place Guy Môquet). Elle est le témoin du développement commercial de notre ville. Exemple de l’architecture typique des grands magasins de cette époque ouvrant de larges baies vitrées sur ses deux façades. L’entrée principale est surmontée d’une plaque de marbre portant le nom du maître des lieux: Riffaud. A l’intérieur, une élégante mezzanine surplombe l’antique parquet jonché de multiples articles, parmi lesquels se dissimule toujours celui prêt à faire le bonheur du visiteur. Les successeurs de messieurs Riffaud, la famille Cordier, ont eu le bon goût de ne rien changer à ce magasin, devenu mythique. A l’instar des grands magasins parisiens, la quincaillerie Riffaud, aujourd’hui Cordier, depuis plusieurs décennies Quelques souvenirsdeGeorges GaudyAinsi, le 25 décembre 1930, il relate dans un long article de l’Action française (n° 359) ses souvenirs d’enfance à Saint-Junien, dans un article intitulé « Au temps du Sillon ». Cela se passe dans les années 1905-1906. « J’avais environ dix ans. La ville était semblable à beaucoup de vieilles petites villes françaises. Jetée en écharpe sur la colline au confluent de la Vienne et de la Glane, chargée des rêves de treize siècles, elle élevait haut dans le ciel deux belles tours romanes où chantaient les voix des anciens âges.On y éventrait d’étroites ruelles caillouteuses aux façades crevassées déjà, est un monument historique sur lequel le temps ne semble pas avoir de prise. T. G.Georges Gaudy, rendu célèbre par ses ouvrages sur la guerre de 1914-1918, écrit à Saint-Junien en 1929 son dernier récit, « Les galons noirs », puis s’établit à Paris. En effet, son travail de journaliste l’appelle désormais à plein temps dans la capitale. Mais, toujours fidèle à sa région et à sa ville natale, il évoque souvent le Limousin, ses amis et Saint-Junien dans ses ouvrages, chroniques et articles. sur le Saint-Junien des années 1905-1910 (1)
N°44Page 3comme des peaux de centenaires. Les maçons saccageaient des couvents vénérables et partout bourdonnaient des ateliers nouveaux. Dès le crépuscule, l’hiver, – et dans ce pays-ci elles traînent longtemps les brumes hivernales – le bourg était presque aussi noir qu’au moyen âge.Par les étés les plus brûlants dans les sentiers pendus aux coteaux boisés qui dominent la Glane, on trouve la fraîcheur dans la saison la plus torride, et l’on voit au travers des feuillages blanchir tout en bas les cascades, verdir les miroirs d’eau; on entend bondir la rumeur du torrent et fuser le rire des jolies promeneuses.Dans cette vallée, Corot durant dix années tendit ses toiles. Les pauvres, pour se chauffer ont déchiqueté la cabane où il déposait son chevalet et ses pinceaux. Il y avait beaucoup de pauvres alors. Vautrés par troupes loqueteuses aux seuils lépreux des portes, ils déchiraient leur pain de seigle, engloutissaient leur soupe, s’injuriaient, se battaient, crachaient sur les pas des passants, vomissaient en un flot de paroles obscènes leur misère et leur fureur. Sur les routes d’automne leurs enfants glanaient les excréments de chiens, le bois mort, les châtaignes tombées, tandis qu’au loin sonnaient des cors et des églises dans les soirs frissonnants des octobres limousins.Nous contemplions des spectacles maintenant disparus, des ours qui dansaient sous nos fenêtres au son du tambourin, des équilibristes sur des cordes ; et quand après l’envol des grands nuages d’hirondelles, les grues fuyant en longues files avaient sifflé dans les froids brouillards, des petits ramoneurs promenaient sous nos fenêtres de mélancoliques refrains.Nous lisions Plutarque dans de gros livres sévères et Driant dans des brochures illustrées. Tous les enfants savaient par cœur les poésies de Déroulède.Les dames portaient d’étranges chapeaux pavoisés ou chargés d’oiseaux et de fruits. Plus tard elles tanguèrent sous des feutres larges comme des parapluies et trébuchèrent dans des jupes entravées. Elles portaient des voilettes, s’ombrageaient avec des ombrelles, avaient le teint pâle. »J.-C. F.Le 24 mai, le rassemblement en souvenir de la Commune de Paris se transforme en une manifestation où 600.000 personnes agitent le drapeau rouge. A partir de ce jour, des grèves éclatent partout en région parisienne et début juin, de nombreuses corporations sont entièrement concernées, les entreprises occupées.Très vite on peut compter 2 millions de grévistes. Le climat général Mouvements sociauxen 1936de la France est révolutionnaire, même si un côté « festif » (on fête aussi la victoire de la gauche) est omniprésent (bals dans les usines par exemple). Dans la nuit du 7 au 8 juin sont votés les Accords de Matignon, qui octroient une hausse de salaire de 12% en moyenne et entérinent le droit syndical. Ils se voient augmentés quelques jours plus tard de la création des premiers congés payés, et le passage de la semaine de 48 à 40 heures.Notre ville de Saint-Junien est bien entendu au cœur des évènements, mais si la presse locale, et notamment « l’Abeille de Saint-Junien », est muette sur cette période, et qu’aucun incident ne soit à remarquer pour la période dans les registres de police, il n’en reste pas moins que la mobilisation est grande. En témoigne cette photographie arborant la banderole de la victoire des 40 heures, prise dans la cour du manoir du Châtelard (nous n’en connaissons pas la date exacte). La compagnie y est nombreuse à représenter le syndicat des ouvriers papetiers.D. C.■Syndicat des papetiers de Saint-Junien, 1936, photographie prise dans la cour du Châtelard, coll. R. Valade.Alors que le gouvernement du Front Populaire se met en place, en mai 1936, des grèves éclatent dans des usines d’aviation du Havre. En quelques jours le mouvement s’étend à d’autres usines d’aviation de Toulouse et Courbevoie, gagnant également les entreprises voisines.
■L’autel ancien et le sol de pierres plates. (Photo P. E.)Réalisé en colaboration avec la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles PierresRédaction :18, Paul Eluard – 87200 SAINT JUNIENFrank Bernard – David Chaput – Pierre EberhartThierry Granet – Jean-René Pascaud.• Imprimerie LAPREL – LIMOGES.Le Chercheur d’OrLe Chercheur d’Orest consultable en ligne sur le site de l’OTSI de Saint-Junien à l’adresse :http://www.saint-junien-tourisme.frLa version papier est disponible aux archives municipales et à la médiathèque. N° ISSN 2117-8879Pour tout renseignement : Tél. 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frDu côté du cimetièreLe lendemain, l’entreprise Malbrel Conservation, de Capdenac (Lot), commençait le démontage qui donnera probablement lieu à un rapport technique. Pour le moment, évoquons l’autel ancien révélé par la dépose du retable des pénitents.Signalé il y a quatre-vingts ans par le Saint-Juniaud passionné que fut Léon Rigaud, il est désormais visible dans son entier. C’est un massif parallélépipédique en granit appareillé, avec un soubassement en saillie et une table monolithe, aussi en granit. L’ensemble a reçu un badigeon de chaux blanche.Le soubassement marqué par une plinthe droite et un biseau, supporte le massif proprement dit, sans aucun décor (1,75 m x 0,65 x 0,74). La dalle qui le surmonte s’y relie par une moulure arrondie Le 12 septembre dernier, quelques personnes intéressées assistaient à la présentation des futurs travaux de restauration desdeux retables de la chapelle du cimetière de Saint-Junien. L’attention se portait surtout sur celui des pénitents bleus, sculpté vers 1689 par Jacques Reys , de Bellac.(1,90 m x 0,90 x 0,27). Dans l’axe et près du bord, est évidé le logement d’une pierre d’autel disparue. Devant cette pierre et aux angles de la dalle sont gravées les cinq croix de consécration très simples.L’autel s’appuie contre le chevet de la chapelle, sous une baie bouchée à la voussure en mauvais état. Rien ne se distingue sur le mur, ni dans l’ébrasement, recouverts d’un enduit en mortier badigeonné. Il faut espérer que le Service des Monuments historiques s’inquiètera de la présence éventuelle de peintures.Rendons grâces aux pénitents d’avoir préservé cet autel attribuable aux origines de la chapelle, XIIe ou XIIIe siècle. En existe-t-il d’autres en Haute-Vienne aussi bien conservés? Ou apparents, car certains comme à Saint-Junien peuvent être dissimulés par des menuiseries ou des maçonneries plus récentes.L’emmarchement en bois de l’autel et du retable reposait sur de la pierraille et de la terre. L’obligeance de l’entreprise Malbrel a permis un premier nettoyage, dégageant un sol en pierres plates à l’agencement perturbé.Après sa restauration, le retable des pénitents rendra à l’obscurité l’autel qui l’avait précédé. D’ici là, l’une des rares ouvertures de la chapelle permettra peut-être d’aller l’admirer. P. E.■Le démontage du retable des pénitents bleus. (Photo F. B.)Le numéro 3 des Dossiers du Chercheur d’or,(80 pages, illustré) « SAINT-JUNIEN ARCHEOLOGIE ET HISTOIRE »est en vente à la Librairie « A Propos » rue Lucien-Dumas (10 e)La Société des Vieilles Pierres proposera une conférence-projection sur le thème « SAINT-JUNIEN ARCHEOLOGIE ET HISTOIRE »au début de l’année 2012 au Ciné-Bourse (entrée libre