N° 51septembre 2013Le Chercheur d’OrSupplément à la« Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1144 du 28 septembre 2013. Ne peut-être vendu séparément.Les voilà donc ces pelauds dont le travail faisait la fortune et la réputation de Saint-Junien en 1900 : trente-cinq ouvriers de la mégisserie Dumas & Raymond posant fièrement à l’intérieur même de l’usine. Des hommes mûrs en moustache, des tout jeunes à peine sortis de l’adolescence, un seul un peu plus âgé, car on ne fait guère de vieux os dans la mégisserie. La plupart sont en gilet noir ouvert sur une chemise, avec un tablier blanc attaché à la taille et des sabots aux pieds.Ces hommes ne représentent qu’une petite partie de l’effectif de l’entreprise Dumas & Raymond dont l’usine du Goth occupe alors plus de 400 ouvriers. Fondée en 1877, elle est devenue en vingt ans, sous la direction de François Raymond, la première mégisserie pour ganterie de France. C’est sans doute pour célébrer cette réussite qu’elle passe commande d’un reportage aux frères De Jongh, des photographes parisiens, en 1900. La maison De Jongh Frères est renommée à la fin du XIXe siècle pour ses albums photographiques réalisés dans de célèbres entreprises, comme la chocolaterie Suchard à Neuchâtel en 1890, ou la verrerie Emile Gallé à Meisenthal en 1892. Le site Gallica de la Bibliothèque Nationale de France met en ligne l’album de la papeterie Maillet à Thiers (1898) et aux archives de la Haute-Vienne, Vincent Brousse a étudié 15 vues de la fabrique de porcelaine Ahrenfeldt, prises à Limoges en 1900. Notre cliché est de grande qualité. Spécialistes des photographies de groupe, les De Jongh ont soigneusement disposé leurs sujets sur quatre rangs, sans compter les deux ouvriers allongés symétriquement sur le sol. L’un sort sa montre du gousset, d’autres font mine de prendre du tabac, mais tous sont saisis dans une gravité sereine qui donne à l’image son unité et sa force expressive.On rêve aux autres clichés pris à la mégisserie Dumas & Raymond. Car, sans aucun doute, c’est un album qui a été réalisé, avec vues extérieures et intérieures de l’usine, groupes d’ouvriers de chaque atelier, techniciens et dirigeants de l’entreprise. Certaines de ces belles photographies sont peut-être encore conservées à Saint-Junien. A nous de les débusquer.F. B. Portraits de mégissierssaint-juniauds en 1900 on peut être frustré de la rareté des images d’ouvriers de l’industrie à saint-Junien, au XiXe siècle, quand on sait le poids des mégissiers, pape-tiers et gantiers dans la population de la ville à cette époque. aussi, la découverte d’une photographie iné-dite comme celle que nous présen-tons ici est-elle un événement.➜

Le Chercheur d’OrPage 2Il est issu d’une famille noble qui participa à l’administration royale en Limousin et possédait la seigneurie de La Villatte à Ansac-sur-Vienne (Charente).Martial Formier n’est pas connu par ses écrits, comme le fut Etienne Maleu, mais par le mécénat artistique dont il fit bénéficier la collégiale. Il commanda la splendide mise au tombeau aujourd’hui conservée dans la chapelle Saint-Martial. Il finança également sa propre plaque funéraire, qui fut réalisée à sa mort en mars 1513.La plaque funéraire mesure 1,10 m par 2,30 m ; elle est composée de trois plaques d’alliage métallique (laiton ?) assemblées, qui portent en gravure la figure du chanoine en costume d’abbé, entourée d’une architecture gothique ornée de différents personnages, dont Saint-Etienne et la Sainte- Vierge. Sur la périphérie, une inscription rappelle l’identité du défunt, ses titres et la date de son décès.La PLaque funéraire deMartial ForMier500ANSamartial formier vécut quatre-vingt-dix ans et consacra toute sa vie au chapitre de saint-Junien, dont il fut le doyen. Ce qui ne l’empêcha pas de porter d’autres titres ou revenus : licencié en droit, maître des requêtes, abbé de Lesterps, abbé commendataire de saint-Jean d’angély et protonotaire apostolique.Cette plaque était placée au sol, devant le maître autel, ce qui explique l’usure dont elle a souffert. Repérée par les archéologues, elle fut transférée en 1884 sur le premier pilier de la nef, côté transept. Elle se trouve aujourd’hui un peu plus bas dans le bas-côté sud.Les plaques funéraires métalliques furent très employées à partir du XIVe siècle par d’importants notables civils ou religieux. Mais, en France, elles ont pratiquement toutes disparu, victimes des récupérateurs de métaux agissant durant les périodes troublées de notre histoire. La plaque de Martial Formier est la seule de ce type subsistant dans une église en France et mérite à ce titre une conservation attentive et une mise en valeur adéquate.L.P.Celui qui visite la collégiale à la recherche de la plaque funéraire de Martial Formier découvre une surface très sombre, brun foncé presque noir, sur laquelle le dessin de la gravure est difficilement perceptible. C’est pourtant une belle gravure, tracée large et profonde, comme on le perçoit bien dans l’inscription en lettres gothiques qui encadre la plaque. Est-il envisageable de mieux mettre en valeur cette plaque ? Certainement, mais il faudra alors faire appel à un spécialiste, sous le contrôle du service de protection des objets mobiliers une œuvreà Mettre en valeurclassés. Les plaques funéraires conservées en Angleterre, où elles sont encore très nombreuses, sont souvent brillantes et lumineuses comme de la dinanderie, seule la gravure tranchant par sa couleur sombre. Ces plaques sont en laiton, alliage de cuivre et de zinc ; elles étaient importées de la région de Tournai, en Belgique, la seule capable d’en produire à l’époque médiévale. Il est possible que la plaque de Martial Formier soit dans le même matériau, le bronze à l’étain étant plus difficile à graver et le cuivre pur ne semblant pas assez résistant. Quant à la gravure, elle a pu être exécutée par des ouvriers de Limoges. Si elle est l’unique exemplaire qui subsiste en France, on a toutefois gardé la trace d’un certain nombre d’autres plaques : des documents attestent de la commande faite à Limoges pour plusieurs d’entre elles. Certaines comportaient des partie émaillées. L’étude technique de la plaque de Martial Formier sera donc susceptible de compléter notre connaissance de ce type de production médiévale, qu’elle soit d’origine limousine, ou d’une autre région. Elle permettra ensuite d’engager sa mise en valeur.L. P.➜

N°51Page 3des travauX CommunauXpour luttercontre le chôMageEn 1935, Saint-Junien compte 381 chômeurs pour une population de 10 126 habitants. De nombreux chantiers leur sont réservés. Un contrat est signé entre les chômeurs et la ville. Ils seront occupés par roulement et pendant 15 jours consécutifs sur une période de 3 mois. La durée du travail est de huit heures par jour ouvrable. « Les chômeurs qui n’exerceraient pas leur tâche seraient renvoyés et seront exclus de tous secours du chômage.Ne pourront être occupés sur ces chantiers que les chômeurs involontaires par manque de travail ».dans les années 1930, de nombreux chômeurs sont sur le carreau à saint-Junien. La commune, soucieuse de cette situation, conclut avec l’etat des demandes de subvention pour mettre en place des travaux municipaux.L’une des plus anciennes tombes du cimetière de Saint-Junien, la concession n° 3 ter située dans le vieux cimetière, présente huit plaques dédiées à la mémoire de diverses personnes, les dates s’échelonnant de la deuxième moitié du XVIIIe siècle à la deuxième moitié du XXe siècle. L’une de ces plaques porte l’inscription :A la mémoire d’Yves de Montcheuil : 1900 -1944Yves de Montcheuil est le cinquième enfant de Charles Moreau de Montcheuil, né à Rochechouart et décédé à Saint-Junien le 12 septembre 1937 au lieu dit la Jalette, et de Geneviève Goursaud de Merlis, née aussi à Rochechouart et décédée le ➜ QuelQues exeMples de trAvAux à cette époQue :Yves de Montcheuil,l’auMônier du vercors23 août 1948, à Saint-Junien. Charles Moreau de Montcheuil était commissaire général de la marine, ce qui équivaut à un grade d’amiral, et fut nommé commandeur de la Légion d’honneur en juillet 1924. C’est au hasard de ses affectations que les enfants du couple naissent à Toulon, Brest ou Paimpol. C’est dans cette dernière ville que le 30 janvier 1900 naît Yves de Montcheuil.Scolarisé chez les Jésuites, il achève ses études à Jersey après l’exil de ceux-ci. Comme son père, il se destine à la marine, mais la mort de son frère Pierre, tué à Verdun le 23 juin 1916, le fait changer d’avis et il entre en noviciat. Après son service militaire, il commence des études de philosophie dans la Compagnie de Jésus. Après une thèse soutenue en 1936, il devient professeur à l’Institut catholique de Paris et en parallèle devient aumônier d’étudiants, d’enseignants, de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, etc. Pendant la guerre, il participe à l’élaboration des « Cahiers clandestins de Témoignage chrétien » et dénonce l’antisémitisme incompatible avec le christianisme. Pendant l’été 1943 et à Pâques 1944, il est appelé auprès des jeunes chrétiens du maquis du Vercors. Il s’y trouve en juillet 1944, quelques jours avant l’attaque allemande au cours de laquelle il va demeurer auprès des grands blessés dans la grotte de la Luire. Il est alors emprisonné à Grenoble et fusillé au Polygone de cette ville dans la nuit du 10 au 11 août 1944. Sa mort à 44 ans interrompt un itinéraire qui s’annonçait brillant. Sa théologie est devenue avec le concile Vatican II la théologie dominante de l’eglise catholique.J.-C. F. 1932 : Travaux rue de la Liberté (rue Gabriel-Péri). Collection particulière, droits réservés.• Construction d’un égoût avenue Jean-Jaurès.• Aménagement de la Place Barbès et de la Place Roche.• Remise en état des chaussées du centre-ville.• Construction d’un terrain de jeu au Châtelard.J.-R. P.➜

Publication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles PierresRédaction :18, Paul Eluard – 87200 SAINT JUNIENFrank BErNArd – david ChAPUT – Pierre EBErhArTJean-Claude Frolich – Thierry GrANET – Jean-rené PASCAUd.• Imprimerie LAPREL – LIMOGES.Le Chercheur d’OrLe Chercheur d’Orest consultable en ligne à l’adresse : http://gantier.jimdo.com/La version papier est disponible aux archives municipales et à la médiathèque de Saint-Junien N° ISSN 2117-8879Pour tout renseignement : Tél. 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frPatrimoinedisparu à saint-junienLa chapelle du cimetière vient de retrouver ses deux retables après restauration. Le plus important, celui des pénitents bleus se montre dans toute sa splendeur d’antan. son origine est bien connue, grâce à la commande faite le 28 décembre 1688 à Jacques reys, sculpteur à Bellac, mais natif de saint-Junien.L’ouvrAge comprenait aussi un tabernacle avec quatre colonnes torsadées, et « quatre figures, savoir Saint-Junien, Saint-Amand, Saint Pierre et Saint Pol ». Si ce travail a reçu exécution, il n’en subsiste actuellement que le tabernacle, là où le retable semble avoir été modifié postérieurement.L’autre retable, consacré à Notre-Dame de Recouvrance, de composition moins homogène, a été remonté au XIXe siècle avec différents éléments. Dans sa partie basse, il comporte deux colonnettes torsadées, que flanquent des niches terminées en coquille, jadis garnies de statuettes en bois. Ce modeste mobilier, laissé sans aucune protection, a été volé en 1970. Il n’avait guère été signalé que par Léon Rigaud (1870-1952), défenseur du patrimoine local. Seules des photographies en conservent le souvenir aujourd’hui.Les deux plus petites (15 cm de hauteur) sont identifiables avec saint Pierre, à gauche, et saint Paul, à droite. Le premier porte les clés traditionnelles à sa ceinture, alors que le second devait tenir une épée. S’agit-il de deux des « figures » prévues en 1688 ? Rien ne s’y oppose. En revanche, il s’avère impossible que leurs compagnons soient Saint-Junien et Saint- Amand (25 cm de hauteur).A gauche, nous avons plutôt saint Matthieu, apôtre et évangéliste. Du doigt, il montre le livre de son Evangile, et à ses pieds, un ange arbore un phylactère. A droite, il serait tentant de voir saint Junien terrassant le dragon, d’une lance disparue, selon sa représentation habituelle, comme à la collégiale par exemple. Mais l’allure juvénile et la tenue vestimentaire ne le permettent pas. Léon Rigaud pensait à saint Georges, ce qui n’explique pas le livre à la main gauche.Ces statuettes, couvertes d’une épaisse polychromie moderne, pouvaient dater du XVIIe siècle. Avec elles, avait aussi été dérobé l’un des angelots qui entouraient Notre-Dame de Recouvrance, sauvegardée, elle. A son tour, le deuxième a été subtilisé en 1979.La restauration des retables ne peut que préluder à une mise en valeur de la chapelle du cimetière, assortie d’une véritable sécurité pour ce qu’il reste de mobilier. P. E.Mémoires de Margueritetexte complet d’un « récit de vie », les mémoires de Marguerite, ouvrière saint-juniaude (1889-1989).en vente à la Maison de la presse, rue lucien-dumas