N° 52décembre 2013Le Chercheur d’OrSupplément à la« Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1157 du 28 décembre 2013. Ne peut-être vendu séparément.Portraits de mégissiersUn jeune homme très douéRoriceest né en 1818, troisième fils de Jean-Baptiste Rigaud, fabricant de gants à Saint-Junien. De santé fragile, il est doté d’une vive intelligence ce qui lui permet d’obtenir, en 1837, un diplôme de bachelier ès-lettres. Après quelques mois dans les Ponts et Chaussées, il est nommé directeur de l’Ecole supérieure de Saint-Junien. Mais il a le goût d’entreprendre et le désir de mettre son intelligence au service du progrès économique. Aussi, à partir de 1847, il devient l’animateur de la société Rigaud-Frères, fondée avec ses aînés Junien et Amand. En quelques années, grâce à des idées rorice rigaud,le (bon) génie de la ganterie saint-juniaudeil y a 160 ans exactement, le 21 novembre 1853, rorice rigaud déposait un brevet destiné à améliorer le travail de mégisserie et de teinture des peaux pour ganterie. avec ce brevet, le jeune fabricant de gants confirmait son rôle déterminant dans la rénovation de la vieille industrie saint-juniaude.nouvelles, il en fait une entreprise très prospère, la première ganterie de Saint-Junien.Des magasins de ganterie La principale innovation de Rorice Rigaud concerne la commercialisation des gants. Produit de luxe, les gants sont vendus dans des boutiques de nouveautés fréquentées par la clientèle bourgeoise des grandes villes. Il comprend que les fabricants ont intérêt à assurer eux-mêmes la vente au détail, en fondant des magasins spécialisés de ganterie. Aussi, la société Rigaud-Frères crée successivement quatre succursales à Bayonne, Paris, Lille et Marseille. Le succès est immédiat et inspire les autres fabricants saint-juniauds. C’est le début d’un mouvement qui durera un siècle.Le brevet de 1853En appliquant le foulonnage mécanique à toutes les étapes de la préparation des peaux, Rorice Rigaud fait entrer la mégisserie dans l’ère industrielle. Il met en application son idée dans une usine qu’il aménage dans le moulin Codet sur la Vienne (usine du Pont-Notre-Dame). Six foulons animés par une roue hydraulique remplacent le travail pénible d’une dizaine d’ouvriers qui jusqu’alors pilonnaient les peaux dans un grand bac, en les frappant avec un lourd bâton ou même en les piétinant. « J’estime sommairement que nous avons obtenu 25% d’économie de temps, avec des résultats supérieurs comme moelleux, souplesse, blancheur et brillant de la peau », indique Rorice dans sa demande de brevet. Et il ajoute « La pratique et des expériences prolongées me feront à coup sûr apporter des perfectionnements utiles dans le mécanisme de mon procédé (…). Mais dès à présent j’ai lieu de croire que la mégisserie en France y gagnera singulièrement ». Mais Rorice ne mènera pas à bout sa modernisation de la mégisserie car il meurt en août 1854, du choléra contracté à Marseille où il vient de fonder un nouveau magasin de ganterie. Vingt ans plus tard, son projet industriel est repris avec succès par un autre gantier saint-juniaud, François Raymond, fondateur de l’usine du Goth. A la fin du XIXe siècle, Saint-Junien est devenue la capitale française de la mégisserie pour ganterie.Frank BernardPortrait de Rorice Rigaud (1818-1854) huile sur toile, collection particulière.Schéma d’un foulon mécanique. Dossier du brevet d’invention de Rorice Rigaud déposé en 1853.Consultable sur inpi.fr, base brevets.

Le Chercheur d’OrPage 2QUi connaît encore, un siècle plus tard, les circonstances de leur mort ? Fauchés par une mitrailleuse Maxim au cours d’un assaut, tués par une balle sur la berme d’une tranchée, ensevelis dans un éboulement de cagna, pulvérisés par un obus de gros calibre, décédés après blessures de schrapnells ou d’éclats d’obus, asphyxiés par les gaz, torpillés en mer… les causes de décès de ces combattants sont multiples. Pendant les quatre ans de célébration du Centenaire de la Grande Guerre, nous consacrerons à certains d’entre eux une rubrique intitulée : Qui sont-ils, que sait-on d’eux ? Si des faits ou des circonstances particulières sur certains des « 418 » sont connus de nos lecteurs, n’hésitez pas à les faire parvenir à la Société des Vieilles Pierres. D’ores et déjà, sachez que nous vous parlerons d’Aristide Grall et du torpillage du Provence, de Martial compainet de l’affaire de Malte, des frères Dussoubz et des frères Margoutaud, de camille Ménieux, de ceux du fort de La Pompelle… 1 – Martial Boutin, un des pionniers de l’aéronautique navale, mort pour la France au large du FinistèreLa quasi-totalité des morts pour la France du monument de la collégiale de Saint-Junien sont des membres de l’infanterie Plaques commémoratives de la collégiale de Saint-JunienQui sont-ils, que sait-on d’eux ? 418 noms des tués de la grande guerre sont inscrits sur les plaques « a nos héros morts pour la patrie. La paroisse de saint-Junien reconnaissante » situées dans la collégiale de saint-Junien. engagés sur les champs de bataille, des Flandres à l’Alsace. On en oublie qu’il existait aussi une guerre maritime. En effet, l’Allemagne n’a pas attendu pour engager ses sous-marins dans la guerre, les célèbres U-Boot dont l’un a torpillé le Lusitania. En 1916, les Allemands lancent une offensive sous-marine vers les ports français et particulièrement la Bretagne où de nombreux navires marchands sont coulés. Dès septembre 1916, le ministre de la marine passe commande d’hydravions auprès des constructeurs. Et en décembre 1916, les premiers aviateurs et hydravions s’installent sur la presqu’île de Camaret, sous les ordres du lieutenant de vaisseau Jules Pouyer. C’est là que nous retrouvons Martial Boutin, qui figure à la 47e place sur les plaques de la collégiale ; Martial Boutin pour Saint-Junien, Urbain Boutin pour la marine.Urbain Louis Martial Boutin naît rue de la Liberté (actuelle rue Gabriel Péri), le 19 février 1894. Il est le fils de Pierre Théophile Boutin, mécanicien, et de Catherine Derousseau, lingère. Il est aussi le neveu de Paul Boutin, forgeron du faubourg Saler*. Après de solides et brillantes études, il entre à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers de Lille. Diplômé, promotion 1910, il se dirige vers les nouveaux métiers à la mode, la mécanique des moteurs d’avion. Ce mécanicien se tourne alors vers une formation de pilote. En 1916, on recherche des pilotes pour hydravions, il est alors affecté au tout nouveau Centre d’Aviation Maritime de Camaret. Maître mécanicien et pilote aviateur, le quartier maître Urbain Boutin va voler en missions de reconnaissance et de surveillance des côtes bretonnes, sur l’hydravion Donnet-Denhaut 150 chevaux (François Victor Denhaut est un ingénieur limousin né en Creuse). C’est au cours d’une de ces missions, le 18 octobre 1917, au large de l’Aberwrac’h, pointe nord du Finistère, qu’une hélice de son hydravion se rompt. Le pilote et son observateur, le matelot mécanicien Marcel Dafniet, s’abîment en mer et y périssent. Tous deux ont droit à une citation à l’ordre de l’Armée navale et sont décorés de la médaille militaire à titre posthume. En outre Martial Boutin est aussi décoré de la croix de guerre et son nom figure sur la plaque située dans le hall d’entrée de l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts et Métiers de Lille.J.-C. Frolich* La longue tradition des Boutin, forgerons puis mécaniciens rue Defaye, a pris fin après la fermeture de l’atelier de mécanique à la fin du XXe siècle.Amerrissage d’un hydravion Donnet-Denhaut 150 CV dans le port de Camaret. (Photo Archives Jules Pouyer). Ancien atelier de mécanique Boutin, rue Defaye (2013).

N°52Page 3Un cahier de chansons saint-juniaud…AVec pour titre illustré en couleurs Chansons P. Coindeau Saint-Junien (Hte-Vienne), c’est un peu de l’ambiance à la fois tendre ou émouvante des premières années du XXe siècle qui se présente à nous sous l’aspect d’un cahier relié en carton toilé, (17 cm x 22,5 cm ; 164 p.), bistre avec un décor en relief, façonné par repoussage. Une table des matières fait état de 64 titres avec renvoi aux pages. On y trouve des chansons d’amour (Souvenir tendre), des chansons coquines dans les divers registres, des chansons relatant les mœurs d’époque (La jupe culotte), des chansons d’inspiration Le patrimoine se décline de bien des manières : monuments, meubles, paysages.religieuse (Credo du paysan, Fête à Jésus, Le Noël des gueux), des textes à connotation militaire (Gloire au 17ede Montéhus, 1910), qu’ils soient patriotiques, burlesques, ou même évocateurs d’affaires militaires à l’exemple de la surprenante chanson (n° 37, p. 86), intitulée Le Musée des vétérans de Périgueux qui relate par le menu, mais non sans humour, la collecte entreprise pour constituer le Musée militaire du Périgord, créé en 1911 pour garder en mémoire l’héroïsme de la Garde nationale de Périgueux et du 22e régiment des mobiles de la Dordogne de 1870 et de 1871. Plus de 20 000 armes, armures, drapeaux, uniformes et documents divers en constituent aujourd’hui les collections.On comprend ainsi que ce modeste objet, de la main d’un Saint-Juniaud, inscrit dans la société de son temps son scribe qui en devient un témoin de premier rang, les chansons prenant place dans la documentation disponible pour historiens, sociologues, ethnologues et autres curieux.Ce cahier, acquis par nos soins lors d’une braderie locale, le 9 mars 2012, sera intégré (par don) dans les collections de la Ville de Saint-Junien (réserve de la Médiathèque municipale). Michèle Gardré-Valière et Michel ValièreMangeoires révolutionnaires !des auges dans une chapelle! insolite, non ! Pourtant elles nous montrent, par leur présence, comment la révolution a détruit les biens religieux ou bien les a reconvertis ! ALA réVoLUtion, l’ensemble religieux que formait le chapitre devient bien national. Il possédait une chapelle, celle-ci est vendue avec les autres bâtiments. L’acquéreur est un certain Richard, aubergiste. L’activité religieuse cède la place à celle d’aubergiste, ces mangeoires en bois en sont le témoignage. Pendant que leurs maîtres se restauraient, les chevaux et les ânes pouvaient bénéficier d’un réconfort sans doute mérité. Grâce aux actes notariés, nous constatons que de nombreux aubergistes se succèdent en ces lieux. Pour ne citer que quelques noms, au milieu du XIXe siècle, Jeanne Bernard ; au début du XXe, Jeanne Mourgaud ; pour finir avec le restaurant Granet qui cesse l’activité en ces lieux en 1954. La présence de ces mangeoires retrace donc une petite histoire de notre patrimoine. Olivier GranetCouverture de cahier.Première page du cahier de chansons.(Photo M. V.)

Publication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles PierresRédaction :18, Paul Eluard – 87200 SAINT JUNIENFrank BERNARD – David ChAPUT – Pierre EBERhARTJean-Claude Frolich – Thierry GRANET – Jean-René PASCAUD.• Imprimerie LAPREL – LIMOGES.Le Chercheur d’OrLe Chercheur d’Orest consultable en ligne à l’adresse : http://gantier.jimdo.com/La version papier est disponible aux archives municipales et à la médiathèque de Saint-Junien N° ISSN 2117-8879Pour tout renseignement : Tél. 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frDossier du Chercheur d’Or,le numéro 5Mémoires de Margueriteouvrière saint-juniaude (1889-1989)est en vente à La Maison de la presseA sa création en 1992, l’association Archives en Limousinse dotait d’une revue bi-annuelle, sous un titre identique, « destiné à fournir pistes et outils pour une meilleure approche de l’histoire du Limousin ».Archives en LimousinDepuis, cette revue s’est développée, offrant davantage d’informations et visant un public plus large. Son numéro 4 (2013 – 1), paru il y a quelques mois, est consacré à « la Grande Guerre en Limousin : acteurs et monuments ». Sont ainsi présentés les documents relatifs à ce conflit conservés dans les archives départementales et municipales de la région.Pour la haute-Vienne, de nombreux dossiers généraux concernent Saint-Junien, qu’il convient de dépouiller à cet effet. Dans la longue liste, est uniquement indiquée (1 X 114) une affaire de détournement de combustible au détriment de l’hôpital-hospice de Saint-Junien (p. 21). Dans les archives contemporaines (1194 W 1) est signalée l’édification du monument aux morts de 1914-1918 et de 1939-1945 à Oradour-sur-Glane (p. 24).Aux archives municipales de Saint-Junien – les seules du département avec Limoges, soit-dit en passant – les documents sont abondants (p. 31-33) : administration de la commune (conseil municipal, arrêtés et correspondance du maire) ; affaires militaires (15e régiment d’artillerie, chevaux, réfugiés, réquisitions, logement et cantonnement des troupes, militaires décédés ou disparus) ; comptabilité de la commune, du bureau de bienfaisance, de l’hospice ; monument aux morts du cimetière; soins médicaux aux réformés et mutilés de guerre. Est aussi rappelée la collection de L’Abeille de Saint-Junien, désormais disponible sur le site internet de la ville.L’énumération se termine par le fonds Laudouze, qu’il faudrait plutôt dater de 1919, car la salle publique des dépêches du Courrier du Centre n’a ouvert au 1, de la rue Lucien-Dumas que le 19 mars, de cette année-là.Assez curieusement, l’état civil n’est jamais mentionné, et pour Saint-Junien, on aurait pu ajouter quatre volumes reliés du Courrier du Centre, des années malheureusement incomplètes 1915, 1916, 1917 et 1919.L’index du Chercheur d’OrPour retrouver les articles et les sujets publiésdans les numéros 1 à 50 du Chercheur d’Oren vente3 €, auprès deLa Société des Vieilles PierresLa Société des Vieilles Pierres et Les Amitiés de Saint-Junienvous convient à la conférence présentée par Pierre Eberhart Les Saint-Juniauds à la découverte de leur patrimoine 1800-1850le vendredi 24 janvier 2014, à 20 h 30, au centre Martial-Pascaud