N° 57mars 2015Le Chercheur d’OrSupplément à la« Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1215 du 28 mars 2015. Ne peut être vendu séparément.Deux Saint-Juniaudsdans la guerre d’indépendance des Etats-Unis (1776 -1783)Zacarie Barataud est né le 3 mai 1752 à Saint-Junien, fils de François Barataud et de Valérie Clavaud.Il s’engage dans le Régiment de Saintonge qui s’embarque à Brest le 2 mai 1780, avec trois autres régiments, le Bourbonnais, le Soissonnais et le Royal-deux-Ponts, à destination de l’Amérique. Ils sont placés sous le commandement du comte de Rochambeau. Le mauvais temps rend la traversée difficile. Le 20 juin une première bataille s’engage au large des Bermudes. Zacarie Barataud meurt le 24 juin, certainement victime de cette canonnade. La flotte atteint les côtes américaines pour débarquer à Newport et Rhode-Island le 10 juillet.Châteaumorand et la famille Joubert de la BastideConférence de Claude Tharaud proposée par IMPACTvendredi 10 avril, 20h30, Centre administratif Martial-Pascaud, entrée libreChâtEAUmoRANd : une terre, un titreConstruite vers le XIe siècle par les évêques de Limoges, seigneurs de Saint-Junien, afin de les protéger des incursions agressives des princes de Chabanais, la maison-forte de Châteaumorand est détruite vers 1543.toutefois la baronnie érigée en 1471 perdure. Possession des Rochechouart, elle passe vers le milieu du XVIe siècle aux Joubert de la Bastide. Seigneurs de la Bastide (Saint-Priest-Les-Fougères,en dordogne), de Cognac(-La-Forêt), barons de Châteaumorand, ils deviennent comtes puis marquis sous Louis XIV.La branche aînée de Cognac éteinte en 1731, le titre passe alors à la branche cadette du Repaire (Vaulry). Les premiers marquis de cette branche, Pierre-Sylvain puis Jacques-François, issus d’une fratrie de 12 enfants, ont une sœur, Louise, demoiselle de Châteaumorand, qui est inhumée le 2 mai 1771 à Notre-dame du moûtier à Saint-Junien. Cette sépulture établit à Saint-Junien le lien entre la terre et le titre de Châteaumorand.LA ConFérenCe sera suivie d’une présentation des fouilles archéologiques de Châteaumorand en 2007.> Blason des Joubert de la Bastide de Châteaumorand.Louis Marchadier (dit Laramée) est né le 29 mai 1736, à Saint- Junien, fils de Laurent Marchadier et de Jeanne Duchazeaubeneix.Il s’engage dans le Régiment d’hainaut et embarque pour l’Amérique en 1778, sur la flotte du comte d’Estaing. Le 13 avril, l’escadre composée de 12 vaisseaux et de 4 frégates quitte de la rade de toulon avec à bord six mois de vivres. Elle est presque tout de suite retardée par le temps calme et trente trois jours sont nécessaires pour gagner Gibraltar. Les ennuis continuent dans l’océan : la grande différence de vitesse entre les navires et des avaries, comme des voies d’eau ou des mâts qui ne tiennent pas au vent, retardent la traversée.L’escadre touche enfin les côtes américaines le 7 juillet, à l’embouchure de la delaware. Son engagement est immédiat et les combats sur terre et sur mer s’enchaînent. Elle fait route ensuite au nord vers Newport pour entrer dans la baie de Connecticut le 29 juillet. Le régiment d’hainaut est dans les Caraïbes à partir du 9 décembre 1778. marchadier y meurt le 3 juin 1779.Plus de 2.100 Français sont morts durant cette guerre notamment un grand nombre de marins. Un lourd tribut dans ce conflit fait de grandes batailles navales. des troupes au sol ont aussi été engagées, comme les régiments Saintonge et hainaut qui comptaient dans leurs rangs nos deux Saint-Juniauds.Jean-René Pascaud

Le Chercheur d’Or2 le CherCheur D’Or • N° 57 • mars 2015Plaques commémoratives de la collégiale de Saint-JunienQui sont-ils, que sait-on d’eux ? 6. Le docteur Antoine Coutisson, un médecin de Saint-Junien aux armées.ANtoiNe CoutissoN vient au monde le 7 juin 1883 à Bourganeuf (Creuse). Il est le fils de Sylvain Georges Coutisson, docteur en médecine et de marie marguerite orlianges. C’est une très ancienne famille de notables de la Creuse, les Coutisson de Vincent, qui ont donné plusieurs notaires royaux et maires. Comme son père, Antoine sera médecin. Classe 1903 matricule 124 au recrutement de Guéret-Limoges, il est ajourné jusqu’en 1906. Etudiant en pharmacie, il effectue son service militaire à partir d’octobre 1906 à la 12esection d’infirmiers militaires, puis il est renvoyé à ses études en 1907 et versé dans la réserve où il est nommé médecin auxiliaire en 1909. Il achève ses études de médecine à Paris en 1910. En 1912, il décide de venir s’installer à Saint-Junien avec sa mère pour exercer sa profession. Caractère aimable, affable, savoir-faire professionnel, dévouement à toute épreuve, ne ménageant pas son temps, sa porte de la Place théophile deffuas étant ouverte à toute heure, il ne tarde pas à se faire une bonne clientèle. Pour lui, la médecine est un sacerdoce. La guerre éclate. matricule 4386 au recrutement de Limoges, il est nommé médecin aide-major en décembre 1914. d’abord affecté au 7e Génie, il est versé le 4 février 1915 dans le bataillon de marche du 99e RI en formation à meximieux (Ain), près du camp de la Valbonne, comme médecin-chef du service médical du bataillon. En juin 1915, ce bataillon est accolé au 328e RI qui va relever le 128e RI dans le secteur des Eparges. Les eparges : dans un terrain absolument bouleversé, rempli de cadavres et soumis à des bombardements continus, le régiment va entreprendre des travaux défensifs sur cette position nouvellement conquise au prix de lourdes pertes en avril 1915. Antoine Coutisson promu médecin auxiliaire-major de 2e classe, est alors l’un des adjoints du médecin-chef du régiment, fonction qui équivaut à un grade de sous-lieutenant. Les attaques allemandes ne se sont pas arrêtées et les 11 et 12 juillet de durs combats ont lieu. Les équipes médicales sont quotidiennement au travail et Antoine Coutisson y apporte le même dévouement que dans le civil. Le 31 juillet 1915, tout bascule pour lui. de cette journée, le Jmo du 328e RI contient ces quelques lignes : « Rien de particulier à signaler. Journée calme, à part le bombardement habituel. Vers 18 heures, au cours d’une visite dans les tranchées pour l’exécution des travaux des pionniers, le capitaine Tainturier adjoint au colonel est blessé, ainsi qu’un sous-officier de la section de pionniers. Le médecin aide-major Coutisson qui l’accompagnait est blessé également ». C’est une blessure grave, comme le précise la citation qui lui est accordée en octobre 1915 en même temps que la croix de guerre avec deux palmes. Bien sûr, dans la presse limousine les communiqués sont optimistes. « Ses nombreux amis apprendront que sa santé s’améliore et que bientôt il pourra partir en convalescence »,indique L’Abeille de Saint-Junien, mais la situation réelle est toute autre. Il endure de cruelles souffrances pendant de longs mois avec courage et stoïcisme avant de décéder pendant sa convalescence dans une propriété familiale à masbaraud-mérignat (Creuse), le 28 novembre 1916. Ses funérailles ont lieu à Bourganeuf le 2 décembre. on trouve dans L’Abeille de Saint-Junien du 16 décembre 1916, l’éloge funèbre prononcé en cette occasion par le docteur Auroire (lui aussi médecin aide-major) de Chabanais. Il repose dans le caveau de famille au cimetière de Bourganeuf. La Légion d’honneur lui est accordée par décret du 3 février 1917 pour prendre rang au 14 novembre 1916. outre la plaque de la collégiale (108e position), son nom figure sur le monument aux morts de masbaraud-mérignat et sur le mémorial des médecins morts pour la France à l’Ecole de médecine de Paris (6e arrondissement). Jean-Claude Frölich> Le médecin aide-major Coutisson (collection Hervé Faure).

N°57le CherCheur D’Or • N° 57 • mars 2015 3un sceau de la ville Saint-JunienAu moyeN age, il reflète l’idée que son possesseur veut donner à ses contemporains. Un possesseur qui appartient à toute la société de l’époque, du petit chevalier au roi, des juridictions civiles ou ecclésiastiques aux communautés laïques ou religieuses.Les sceaux des villes apparaissent dans les trente dernières années du XIIe siècle. Le pouvoir municipal s’y révèle de diverses façons : hommes armés ou délibérants, cité idéalisée ceinte de remparts, édifices symboliques, armoiries…dans l’actuelle haute-Vienne, de rares sceaux subsistent pour Limoges, masléon, Saint-Junien et Saint-Léonard-de-Noblat, attribuablesau XIIIe siècle, même s’ils ont parfois été utilisés plus tardivement. Il s’agit de sceaux de villes et non de communautés religieuses, en l’occurrence ici du consulat de Saint-Junien et non du chapitre de chanoines.En Limousin, l’émancipation des villes a été favorisée par les rois anglais henri II Plantagenêt et Richard Cœur-de-Lion. Il semble que Saint-Junien ait bénéficié d’une telle mesure dans la seconde moitié du XIIe siècle. C’est ce qu’il ressort des lettres patentes données à La Rochelle en août 1224 par le roi de France Louis VII : « Nous avons accordé à nos aimés et féaux chevaliers les consuls et les bourgeois de Saint-Junien, les coutumes et les libertés qu’ils avaient et possédaient du temps de Henri et de Richard, autrefois rois d’Angleterre. »Entre l’évêque de Limoges, seigneur de Saint-Junien, et les consuls chargés de l’administration, l’entente ne règne pas forcément. C’est ainsi qu’une contestation entre les deux pouvoirs se termine par un compromis, établi en 1254, approuvé par le roi Louis IX l’année suivante.des vingt articles de ce texte, nous intéresse le 6e, qui mentionne l’usage d’un sceau, et surtout le 8e ainsi conçu : « Dans le sceau ou le contre-sceau de la communauté, on mettra un emblème épiscopal, à savoir une mitre ou une crosse, ou un buste d’évêque avec la mitre et la crosse. »Le sceau en question n’est pas décrit davantage, mais il est tentant de le voir dans celui, seul connu, appendu à un acte d’août 1303 conservé aux Archives nationales. C’est une empreinte ronde en cire, de 40 mm de diamètre, présentant un évêque debout, vu de face, bénissant, portant la mitre et la crosse. Sur le pourtour, malgré un petit manque, la légende latine se lit facilement : SIGILLUm VILLE SANCtI JUNIANI, soit sceau de la ville de Saint-Junien. Il n’y a donc aucune incertitude à son égard, même s’il a servi de contre-sceau pour un autre exemplaire totalement différent.Celui-ci est encore un sceau rond, d’environ 55 mm de diamètre, moins bien conservé que le précédent. Selon la description traditionnelle, un évêque debout, vu de face, tient de Aujourd’hui considéré comme un objet d’art, le sceau a revêtu jadis une grande importance. Lui seul validait les documents, fonction qu’il garde encore dans des circonstances exceptionnelles. Pour les actes courants, il a disparu peu à peu, alors que la signature s’imposait.la main droite une hampe surmontée d’un oiseau, et de la main gauche, un cep de vigne chargé d’une grappe de raisin.déjà en 1890, Philippe de Bosrédon contestait cette interprétation : « Le personnage qui figure sur le sceau n’est point un évêque […] ; de plus, ce n’est point une crosse qu’il tient à la main mais bien un bâton en tau ou plutôt un bâton fleuri ; dans l’arbuste qui est à gauche du personnage, il ne serait pas téméraire de voir la représentation du « vieux aubépin » sous lequel, d’après la légende, dormait saint Junien. Nous pensons donc que c’est le saint lui-même qui est représenté. »Si l’on retient cette identification, il faut regretter que la légende incomplète ne confirme pas qu’il s’agit du sceau de la ville. Ne se lit en effet que SIGI… NIANI, soit sceau de … de Saint-Junien. Pierre Eberhart

Publication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles PierresRédaction :Frank BERNARdN°ISSN 2117-8879• Imprimerie L’ABEILLE.Le Chercheur d’OrLe Chercheur d’Orest consultable en ligne à l’adresse : http://gantier.jimdo.com/La version papier est disponible gratuitement aux archives municipales, à la médiathèque de Saint-Junien et à l’office du tourisme.Pour tout renseignement : Tél. 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frJunienfête EglantineLe 8 et 9 septembre 1923, Saint-Junien accueillait avec faste une manifestation félibréenne.Le félibrige a dans ses statuts le sauvetage de la langue des pays d’oc et le maintien des traditions régionales. La maintenance du Limousin organisait les jeux floraux de l’Eglantine depuis 1892, pour célébrer les coutumes, les costumes, les chants et les danses paysannes.A Saint-Junien, en 1923, la fête va durer deux jours sous l’oeil de la Reine du Félibrige limousin, Anne-marie Gaudy, et sous l’orchestration du comité d’organisation composé de personnalités bien connues dans la cité : le docteur de Saint-Florent (président d’honneur), Jean teilliet, Vital Granet, Georges Gaudy, Roger Vincent.Les festivités commencent place Lacôte avec une fête des fleurs. Saint-Junien dans la Grande GuerreLe Dossier du Chercheur d’Or n°6, novembre 2014en vente à la maison de la Presse, rue Lucien-dumas.100 pages, illustré, 14 eAutomobiles, bicyclettes et voitures d’enfants décorées défilent au grand plaisir des spectateurs. L’automobile de m. Emile Longaygue est particulièrement remarquée : « Elle était si belle qu’on la jugea digne de transporter un poète. Son propriétaire en fut ravi et le soir, il alla lui-même à la gare attendre Albert Pestour ».Une réception a lieu au « salon Corot » devant le médaillon de bronze. « Le peintre Jean teilliet, juché sur une roche énorme, jouait sur la vielle de vieux airs. »La fête de l’Eglantine continue au champ de foire où 3.000 personnes se pressent pour écouter la société de musique « l’Avenir » ainsi que plusieurs poètes déclamant des vers en langue limousine.1914-1918> Mlle Anne-Marie Gaudy, reine du Félibrige limousin. Cliché Ramet, Saint-Junien