N° 65mars 2017Le Chercheur d’OrSupplément à« La Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1308 du vendredi 31 mars 2017. Ne peut être vendu séparément.Mystérieuse découverte à Saint-Amand en 1898un de nos lecteurs de Brigueuil, m. Airault, nous a signalé récemment un curieux objet qu’il détient depuis quelques années et qui ne manque pas de l’intriguer.C’e St une poterie en terre vernissée, dont la forme s’apparente à celle d’une ogive, mesurant 27 cm de hauteur, pour 12 cm de diamètre au pied et 18 cm au milieu de la panse. Son décor est composé de trois cordons verticaux imprimés avec le doigt et sa couleur varie de l’ocre au vert (voir photo). L’objet ne comporte qu’une seule ouverture, curieusement située à mi-hauteur, autour de laquelle on distingue la trace d’un arrachement circulaire. Enfin, deux brisures sont visibles, l’une au pied l’autre près du sommet, comme les attaches d’une anse cassée, tandis qu’un trou dans la partie supérieure correspond à un percement ultérieur.Sous le pied a été collée une étiquette manuscrite, malheureusement bien abîmée, avec ces quelques mots : Vase trouvé dans les fouilles des murs de Saint-Amand le 22 novembre 1898. Les arrachements du papier ont fait disparaître la signature, de même que la plus grande partie d’un en-tête imprimé car l’étiquette a été découpée dans une page de correspondance d’entreprise de Saint-Junien.Les fouilles dont il est question peuvent être identifiées avec les travaux d’aménagement menés à l’extrême fin du XIXe siècle par Amédée Pantet-Depland, pour embellir le site de Saint-Amand dont il était propriétaire. Est-ce lui qui a écrit l’étiquette ou bien a-t-il confié l’objet à un ami archéologue ? Quoi qu’il en soit, le vase a suscité la curiosité tant par sa forme que par l’emplacement de sa découverte, puisqu’il a été trouvé à l’intérieur d’un mur, probablement lors de l’arasement des vestiges de l’église de Saint-Amand.Or c’est justement sa forme et son emplacement qui permettent aujourd’hui de proposer une hypothèse quant à la fonction de cet objet. En effet, depuis plus d’un siècle, des découvertes comparables ont été signalées et les historiens sont arrivés, non sans polémiques, à conclure qu’il s’agit de vases acoustiques*. Implantés en nombre variable dans les murs et les voûtes des églises, principalement entre le XIe et le XVIe siècle, ils servaient à améliorer la qualité du son, si importante dans la liturgie chrétienne pour les paroles et les chants. L’église de Saint-Amand, édifiée à la fin du XIe siècle, était-elle équipée d’un tel dispositif dès sa construction ? Si c’était le cas, elle en constituerait un des plus anciens témoignages. Frank Bernard* voir en dernier lieu : Archéologie du son: les dispositifs de pots acoustiques dans les édifices anciens, sous la direction de B. Palazzo-Bertholon et J.-C. Valière, 2012.Vase découvert à Saint-Amand en 1898.Etiquette manuscrite collée sur le fond du vase.Dessin d’un vase acoustique trouvé en 1862 lors de la reconstruction de l’église de Saint-Laurent-en-Caux (76).

Le Chercheur d’Or2 Le chercheur d’Or • N° 65 I mars 2017Plaques commémoratives de la collégiale de Saint-JunienQui sont-ils, que sait-on d’eux ? 13. Pierre Dupuy et ses deux neveux Chazeaud. Une plaque en marbre blanc qui se fissure sur une vieille pierre tombale qui se dégrade, des traces de rouille qui s’étendent autour des fixations, et trois photographies de militaires qui s’estompent. Cetteconcession n° 1705 est la tombe de la famille Chazeaud, et les photographies sont celles de Pierre Dupuy et de ses deux neveux, combattants de la guerre de 1914-1918. Qui se souviendra et se souciera d’eux lorsque la tombe sera reprise et que les os de ces militaires iront anonymement rejoindre l’ossuaire du cimetière de Saint-Junien ? Tentons donc de reconstituer leur parcours. Pierre Dupuy figure en 156e place et François Chazeaud en 87e place sur les plaques de la collégiale.François Chazeaud, à gauche de Pierre Dupuy sur la plaque, est le 3eenfant de François Chazeaud et d’Anne Dupuy, sœur de Pierre Dupuy. Né le 23 mai 1897 à Saint-Junien, il est garçon de café à Limoges lorsqu’il est incorporé à 19 ans, le 9 janvier 1916, au 107e RI. Après ses classes, il est envoyé sur le front en octobre, dans la Somme, puis en janvier 1917 en Champagne. Il passe ensuite en février 1917 au 121e RI. Après une longue préparation, ce régiment est chargé le 13 avril d’enfoncer la ligne Hindenburg dans l’Oise. Après des séries d’attaques et de contre-attaques où le régiment est parvenu à mordre les lignes allemandes, ceux-ci réagissent par des bombardements. C’est alors que François Chazeaud est blessé par un éclat d’obus à la fesse. Une fois guéri, il est affecté en décembre 1917 au 105eRI puis, en février 1918, au 43e RI qui est en cantonnement dans l’Aisne à Roucy et relève périodiquement les tranchées de 1re ligne. C’est dans le courant de ce mois qu’il est blessé et meurt, le 1er mars 1918, des suites de ses blessures, à l’hôpital militaire de Pontavert. Il sera inhumé au cimetière militaire de Roucy avant d’être ramené au cimetière de Saint-Junien le 13 novembre 1921.André Pierre Chazeaud, quatrième enfant du couple François Chazeaud-Anne Dupuy, est né à Saint-Junien le 15 novembre 1899. Lorsqu’il est appelé au conseil de révision en 1918, il est pâtissier à Paris. Il est incorporé le 22 avril 1918 au 78e RI où pendant 3 mois il fait ses classes. Il est envoyé aux armées en juillet 1918 dans le 13e RI et participe à la prise de Montdidier. L’armistice surprend le régiment alors qu’il est en repos au camp de Crèvecœur-le-Grand. Il ira ensuite passer quelque temps en Belgique puis sur les bords du Rhin. André-Pierre Chazeaud terminera officiellement sa campagne contre l’Allemagne le 23 octobre 1919.Il continue alors son service militaire au 78e RI. Malheureusement, il tombe malade et est hospitalisé le 18 février 1920 à l’hôpital complémentaire n° 12 de Limoges. Son séjour y est de courte durée car il y décède le 25 février. Bien qu’il ne figure pas sur les plaques de la collégiale, ni sur le site Mémoire des hommes, son acte de décès porte la mention « mort pour la France ». L’inscription portée sur sa tombe indique « décédé des suites de la guerre », mais on ignore de quelle affection. Peut-être la grippe espagnole qui, malgré la fin de la pandémie, touchera encore des milliers de personnes début 1920, à moins que ce ne soit des suites d’une atteinte aux gaz lors des derniers combats ? Il est inhumé le 28 février 1920 dans la tombe de la famille Chazeaud, achetée à l’annonce de son décès. Les restes de son frère le rejoindront en 1921.Jean-Claude FrölichPierre Dupuy, le personnage central, fils de François Dupuy cultivateur et de Jeanne Perrucaud, est né au Bois-aux-Bœufs le 3 avril 1883. Il est le septième d’une famille de neuf enfants. Il perd sa mère à l’âge de dix ans, aussi les travaux des champs passeront avant l’école. Il ne saura ni lire ni écrire et, comme ses parents, il deviendra cultivateur. Classe 1903 au recrutement de Magnac-Laval, il est appelé au service militaire en novembre 1904 au 138e RI qu’il quitte en juillet 1907 avec un certificat de bonne conduite. Cultivateur à Saint-Victurnien puis à Landouge en 1913, il est rappelé à l’armée le 18 août 1914. Dès lors il va suivre le parcours du 338e RI. En août 1914, il combat au Transloy et à Rocquigny. Après la bataille de la Marne, il est engagé dans la poursuite de l’Allemand puis sur différents théâtres d’opérations. Il est en tranchées dans le Santerrois, secteur du Plessier-Rozainvillers, lorsqu’il est grièvement blessé le 4 juin 1916. Evacué à l’ambulance 3/62 secteur 187 d’Hargicourt, il y décède le lendemain. Il sera cité à l’ordre du régiment et recevra la croix de guerre avec étoile de bronze. Un secours de 150 francs sera envoyé à la famille. Contrairement à ce que la plaque tombale laisse penser, le corps de Pierre Dupuy n’a jamais été ramené à Saint-Junien et ne repose pas dans cette tombe, mais dans la nécropole nationale de Montdidier dans la Somme.

N°65Le chercheur d’Or • N° 65 I mars 2017 3Les Cordelierss’installent à Saint-Junien en 1252 Qui étaient ces Cordeliers ?Le couvent des Cordeliers en 1655, pl. 47 du « plan Collin », archives municipales.IlS appartenaient à l’ordre des frères mineurs appelés Franciscains, fondé en 1223 par saint François d’Assise. Les Cordeliers étaient bien représentés en France, y possédant 284 couvents. Ils doivent leur nom à la grosse corde nouée qu’ils portaient sur leur robe de bure et qui tombait presque jusqu’à leurs pieds. En 1252, ils s’établirent à l’extérieur des fortifications de la ville, aujourd’hui le bas du champ de foire. Leur implantation ne favorisait pas leur défense et c’est ainsi que leur couvent fut attaqué à plusieurs reprises. En 1557, les calvinistes, sous les ordres de Caumont de Piles et Pardaillant, incendièrent l’église du couvent. En 1569, toujours les calvinistes, mais cette fois-ci, sous la conduite de Louis de Vauldry, incendièrent le couvent.Si l’on en croit les textes, nous nous rendons compte que les Cordeliers de Saint-Junien formaient une petite communauté, qui ne comptait en 1623 que six prêtres et deux frères. Mais ils se glorifiaient d’avoir à cette époque « produit » un religieux célèbre : Jean Hugon de Saint-Junien, docteur en théologie, qui fut reconnu pendant vingt ans comme prédicateur à Limoges, à Cahors, à Toulouse et à Paris. Il mourut à Limoges le 26 mai 1646 à l’âge de cinquante huit ans. Les Cordeliers, comme les Récollets (voir Le Chercheur d’Or n°62),ne restaient pas sagement dans leur couvent, mais intervenaient à l’extérieur en empiétant sur les droits du clergé séculier. Ils allaient régulièrement au grand cimetière en procession avec la croix, habillés d’aubes et d’étoles, faire des absoutes pour les enterrements, se prévalant que leur couvent était le plus proche du cimetière. Ils touchaient ainsi indûment l’argent du clergé. Le 26 août 1657, pour la fête de Saint-Junien, les chanoines, conformément à la règle de l’évêque, avaient refusé de recevoir les Pénitents Bleus qui voulaient faire leurs danses et leurs banquets avec hautbois et cornemuses. Au mépris de ces ordonnances, les Cordeliers les avaient reçus, au grand scandale du public. Tous étaient allés ensuite faire procession autour du cimetière. La même année, Antoine Saige, vicaire général, leur interdit par une ordonnance d’aller dans le cimetière, excepté quand ils y seraient appelés pour assister aux convois, enterrements et services funéraires.A La Révolution, les Cordeliers furent chassés de leur couvent . Le dernier gardien, le révérend père Soubrié, cessa ses fonctions en 1789. L’église fut transformée en salle de réunion. Le premier avril 1791, le couvent est vendu comme bien national pour la somme de 17 950 livres.Jusqu’en 1925, le couvent est resté d’un seul tenant ; il fut divisé à cette date.Aujourd’hui, il ne reste qu’un bâtiment connu sous nom d’« infirmerie des Cordeliers » que vous pouvez voir au bas du champ de foire, au n° 4 de l’avenue Anatole-France.Jean-René Pascaud

Le CherCheur d’OrPublication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles Pierres : 18, rue Paul-Elluard • 87200 SAINT JUNIENLe supplément « Le Chercheur d’Or » est consultable en ligne à l’adresse : www.gantier.jimdo.comLa version papier est disponible gratuitement aux archives municipales, à la médiathèque de Saint-Junien et à l’office du tourisme.N°ISSN 2117-8879 Pour tout renseignement : 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.fredITIONS L’ABeILLe B.I.P. SASDépôt légal à parution • ISSN 3441-4101 K • ARRONDISSEMENT DE ROCHECHOUART. Autorisé pour l’arrondissement judiciaire à publier les annonces judiciaires et légales en matière de procédure civile et de commerce, ainsi que les actes des sociétés. No CPPAP 0615 I 87943 • Tirage : 4.000 ex. Abonnement 2017 : 45 € • Prix du No 1,20 €Directeur de Publication :François BUSSAC • Rédactrice en chef : Louise CARPENTIER • Rédaction « Le Chercheur d’Or » : Franck Bernard et Société des Vieilles Pierres.Conception graphique : Studio four cat’S : Sébastien CATILLON. Impression : SAxOPRINT.Un notaire de Saint-Junien, léonard thomassin (1779-1855)Un heureux concours de circonstances, relayé par l’amitié, nous a permis d’avoir connaissance d’un nouveau sceau relatif à Saint-Junien. En fait, il s’agit de la matrice d’un sceau en bronze, gravée d’une inscription :THOMASSIN, NRE à SAINT-JUNIEN, TRIB. DE PAIX.(HAUTE-VIENNE).Comme c’est souvent le cas, un modeste objet de ce genre renvoie à des personnages locaux, notables en leur temps, aujourd’hui oubliés.Ici, nous avons Léonard Thomassin, né le 3 novembre 1779 à Limoges, paroisse Saint-Pierre-du-Queyroix, fils de François Thomassin et de Marie André. En 1806, on le retrouve notaire à Saint-Junien, successeur probable de Jean-Louis Symon.Le 22 avril 1807, il y épouse Marie-Anne Labarre, née le 30 mars 1781, à Saint-Junien, paroisse Notre-Dame-du-Moûtier, fille de Pierre Labarre, marchand, et de Marie-Rose Marchadier.Léonard Thomassin est-il franc-maçon ? Au mariage, sa signature, encore identique en 1852, paraît l’indiquer : trois points entre deux traits parallèles. Toutefois, aucune loge de Limoges ne le revendique. En revanche, est certaine sa réception le 24 avril 1808 à la confrérie des pénitents bleus de Saint-Junien, qui siègent à la chapelle du cimetière