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N° 67septembre 2017Le Chercheur d’OrSUPPLÉMENT À« La Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n°1330 du jeudi 28 septembre 2017 . Ne peut être vendu séparément.Deux portraitsretrouvés Durant les dernières ostensions, la médiathèque municipale a exposé deux tableaux anciens que la commune venait de faire restaurer. De ces deux œuvres, l’une touche de près à l’histoire de notre cité.Le second portrait, s’il est anonyme lui aussi, est en revanche une œuvre originale d’une grande qualité, dont le sujet est identifié par une inscription manuscrite sur le châssis : « Portrait du fondateur du couvent du Verbe Incarné à Saint-Junien, 1832 ». Il s’agit donc du père Etienne Denis, chanoine de Limoges, né à Azerables (Creuse) en 1761 et décédé dans la même commune en 1856. Ordonné prêtre en 1788, Etienne Denis s’exile en Italie durant la période révolutionnaire. Rentré en France en 1801, il fonde dans sa paroisse d’Azerables une communauté de religieuses sous le nom de Filles du Verbe Incarné, restaurant l’ordre qui avait disparu durant la Révolution. La Maison mère d’Azerables donne naissance à de nouvelles communautés, et c’est ainsi qu’un couvent du Verbe Incarné est fondé à Saint-Junien, vers 1834, dans un ensemble de bâtiments situés au nord-est de la collégiale (rue de Beaumont et rue de la Bride). En 1853, il compte 32 religieuses qui se consacrent aux pauvres, aux malades et à l’éducation des jeunes filles. Elles sont encore 22, en 1904, lorsque le couvent est supprimé par décret, en application de la loi sur les congrégations religieuses. De toute évidence, les deux portraits ont fait partie du mobilier du couvent jusqu’à sa disparition. Par la suite, ils ont pu rejoindre les collections du musée Jean Teilliet, fondé en 1931 dans une partie de l’ancien couvent, musée qui à son tour disparaît en 1953. Dans la dispersion des œuvres, nos deux LE premier de ces portraits est celui de Jeanne Chézard de Matel (1596-1670) en habit des sœurs du Verbe Incarné, ordre religieux qu’elle a fondé en 1625. Sans titre ni signature, l’œuvre est une copie de facture moyenne, réalisée probablement au XIXe siècle. tableaux semblent avoir été recueillis par Robert Dagnas, qui les entrepose dans les locaux de la Chambre syndicale des fabricants de gants de Saint-Junien, boulevard de la République, où ils sont retrouvés en 2007. Restitués à la commune qui les fait restaurer, ils sont alors attribués à la médiathèque municipale, revenant ainsi sur les lieux mêmes où ils « vécurent » pendant une grande partie du XIXe siècle. Françoise Romain, Frank BernardPortrait de Jeanne de Matel, huile sur toile, 55,5 x 69,5 cm.Portrait d’Etienne Denis, huile sur toile, 55,5 x 69,5 cm.Publication de la Société des Vieilles Pierres pour la promotion du patrimoine du pays de Saint-Junien
Le Chercheur d’Or2 LE CHERCHEUR D’OR • N° 67 Iseptembre 20171954Le Gant Eve de Saint-Junien récompensépar Christian DiorJusqu’au 7 janvier 2018, l’exposition « Christian Dior, couturier du rêve », au Musée des Arts décoratifs à Paris, célèbre les 70 ans de la création de la Maison Dior. Celle-ci a longtemps fait fabriquer ses gants à Saint-Junien, par la ganterie Codet et Teilliet, mais en 1954, c’est une autre ganterie saint-juniaude que Christian Dior récompense en personne, le Gant Eve.Fondé en 1928, le Gant Eve a toujours été lié au marché pari-sien auquel il fournit des gants de première qualité. Il est vrai que son créateur, Camille Lasvergnas, a fait ses armes au Gant Nicolet qui possédait des magasins à Paris, rue Duphot près de l’Opéra, et rue de Rivoli. Dans les années 50, la fabrique de la rue Junien-Rigaud livre de nombreux grands magasins, en France et en Suisse, mais elle est surtout le fournisseur attitré des Galeries Lafayette à Paris. Dès cette époque, les Galeries Lafayette sont très liées à la mode, mais elles cherchent à la démocrati-ser. C’est dans ce but qu’elles créent, en 1954, le Festival de la Création française, dont l’oscar doit récom-penser « l’article de bon goût à bon marché ». Le jury, présidé par Christian Dior, compte parmi ses membres le cinéaste René Clair, le dessinateur Savignac et le rédacteur en chef du magazine Vogue en France, Michel de Brunhoff. Son choix s’est porté sur un gant de femme court, en veau velours, cousu main, dont la seule fantaisie est le bord rapporté, d’un coloris un peu plus foncé. Un gant très élégant par sa simplicité et la perfection de sa fabrication, qui est préféré à des centaines d’ar-ticles de la mode féminine vendus alors par les Galeries Lafayette. Une consécration pour la maison Lasvergnas qui voit son gant photo-graphié aux mains des plus gracieux modèles de la capitale. Frank Bernard Le 5 mars 1954, le grand couturier parisien Christian Dior (à gauche, tournant la tête) remet l’oscar du premier Grand Prix de la Création française au gantier saint-juniaud Camille Lasvergnas (au premier plan, le trophée en mains).Sur les Champs-Elysées : modèle présentant le gant récompensé. Photo Dora Zynger.
N°67LE CHERCHEUR D’OR • N° 67 I septembre 2017 3Une tuile ancienne ? Une récente visite utilitaire dans la collégiale de Saint-Junien a permis une découverte d’importance relative, mais intéressante pour la connaissance de l’édifice.EN ce lundi de Pentecôte, à 15 heures sonnantes, salle du Maréchal Pétain1, débute la grande fête de l’Ecole maternelle, en présence de Monsieur le Sous-préfet, de Monsieur l’Inspecteur primaire, de Monsieur le maire Emile Gibouin. L’événement nous est conté dans le journal local, L’Abeille de Saint-Junien, qui l’avait annoncé dans son édition du samedi 12 juin. Devant une salle comble, les élèves de la moyenne section, classe de Madame Bérigaud, ouvrent les festivités : « Après quelques brillants morceaux d’orchestre, le rideau se lève sur de très jeunes filles, chantant en agitant de légers mouchoirs aux couleurs variées. Elles savent s’en servir de bien des façons et font au public des adieux touchants ». La suite du programme est chargée et éclectique : « Meunier, tu dors », la bourrée auvergnate « Per ben la dansa », un Raminagrobis auquel des souris percent les yeux pour venger l’une d’elle qu’il a croquée, des feux-follets, des fleurs et des papillons pour fêter l’arrivée du printemps. Des mouvements d’ensemble de gymnastique, ballets, poses plas-tiques, pyramides, s’intercalent entre chaque saynète, imaginés et réalisés par l’incontournable monsieur Ente… La fête terminée, Madame Varachaud, la directrice de l’Ecole, remercie les officiels de leur pré-sence et tous ceux et celles qui ont NOTRE ami David Chaput a évoqué (Le Chercheur d’Or n°9) la suppression malheu-reuse de l’étage de la chapelle Saint-Martial. C’est dans le peu qui en subsiste, en mauvais état d’ailleurs, qu’étaient conser-vées quelques tuiles plates à rebords, qu’à première vue on pouvait estimer gallo-romaines. En effet, elles s’apparentent fort à celles de tant de sites antiques. Si leur aspect les rapproche, les « modernes » se différencient par une taille plus petite, une cuisson et un modelé moins parfaits. Comme pour leurs « ancêtres », il s’agit d’une production locale en terre rouge incluant des grains de quartz. L’exemplaire présenté ici est long de 32,5 cm pour une largeur de 24 à 29 cm en raison de sa forme tra-pézoïdale. L’épaisseur varie de 1,8 à 2,8 cm, et la hauteur de 4,2 à 4,7 cm. La prise en compte de ces élé-ments de couverture est récente, même si le savant abbé Jacques Texier en mentionnait, dès 1847, sur certaines parties de la cathédrale de Limoges. Depuis, il en a été signalé, en Haute-Vienne, à Châlus et à Saint-Léonard-de-Noblat (Travaux d’Ar-chéologie limousine, n° 5 et 11), ainsi qu’à l’abbatiale Saint-Pierre de Beaulieu-sur-Dordogne, en Corrèze (Bilan scientifique régio-nal, Limousin, 2014). Il faut probablement attribuer ces tuiles aux XIe-XIIIe siècles, soit, si c’est le cas pour Saint-Junien, à la construction de la collégiale consacrée en 1100. Il est curieux que les dernières fouilles à l’extérieur n’en aient révélé aucun fragment. Comment ces quelques tuiles, si elles sont anciennes, ont-elles traversé le temps ? Et pourquoi les a-t-on gardées dans cette soupente de l’église ? Dieu seul le sait, si l’on ose dire.Pierre Eberhart.A gauche, tuile gallo-romaine, Saint-Brice. A droite, tuile de Saint-Junien.14 JUIN 1943Ce jour-là, à Saint-Junien… contribué au succès de cet après-midi. Dirigé par Monsieur Vincent, l’orchestre symphonique exécute alors une vibrante Marseillaise, écoutée « par une foule émue et recueillie… » Annette BIGAUD 1 Salle de la Bourse du travail rebaptisée salle du Maréchal Pétain .« Qu’il est joli, mon mouchoir ! », photographie Lafontan, collection A. Bigaud.
LE CHERCHEUR D’ORPublication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles Pierres : 18, rue Paul-Elluard • 87200 SAINT JUNIENLe supplément « Le Chercheur d’Or » est consultable en ligne à l’adresse : www.gantier.jimdo.comLa version papier est disponible gratuitement aux archives municipales, à la médiathèque de Saint-Junien et à l’office du tourisme.N°ISSN 2117-8879 Pour tout renseignement : 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frEDITIONS L’ABEILLE B.I.P. SASDépôt légal à parution • ISSN 3441-4101 K • ARRONDISSEMENT DE ROCHECHOUART. Autorisé pour l’arrondissement judiciaire à publier les annonces judiciaires et légales en matière de procédure civile et de commerce, ainsi que les actes des sociétés. No CPPAP 0615 I 87943 • Tirage : 4.000 ex. Abonnement 2017 : 45 € • Prix du No 1,20 €Directeur de Publication :François BUSSAC • Rédactrice en chef : Louise CARPENTIER • Rédaction « Le Chercheur d’Or » : Franck Bernard et Société des Vieilles Pierres.Conception graphique : Studio four cat’S : Sébastien CATILLON. Impression : SAXOPRINT.DES SAINT-JUNIAUDS MÉCONNUSDans les numéros 31 et 37 du « Chercheur d’Or » nous avons évoqué la famille Sensaud de Lavaud, originaire de Saint-Junien, qui émigra à la fin du XIXe siècle en Espagne, puis au Brésil. Nous parlerons ici du fils, Dimitri, que nous connaissons comme mécanicien, ingénieur, inventeur et détenteur de nombreux brevets. Aujourd’hui, c’est son côté pionnier de l’aviation en Amérique Latine qui retient notre attention. Dimitri Sensaud de Lavaud,pionnier de l’aviation brésilienneDIMITRI SENSAUD DE LAVAUD est né le 18 septembre 1882 à Valladolid (Espagne). Il a la double nationalité, française et espagnole. Il obtient la citoyenneté brésilienne le 15 février 1916, certai-nement du fait de son mariage avec une brésilienne. Il vit à Osasco, état de São Paulo. Intéressé depuis son adolescence par les livres techniques, il décide la construction d’un avion en 1908. Aidé par un mécanicien, Lourenzo Pellégatti, inspiré par les plans d’un avion Blériot, il se met à l’ouvrage. Le moteur est fondu et usiné à São Paulo dans les ateliers Graig et Martins. La structure est faite de tasseaux de pin, l’entoilage est en cretonne, l’hélice en bois, et les roues sont des roues de bicyclette ren-forcées pour plus de solidité. Enfin des câbles d’acier maintiennent la rigidité de l’ensemble. Il le baptise São Paulo. Le vol inaugural a lieu le 7 janvier 1910, à 5h50 du matin à Osasco, pré-cisément à Parque Antarctica, connu aujourd’hui sous le nom Estádio • Moteur :45 hp, six cylindres en étoile. • Hélice : 2,10 m,30 cm de largeur. • Vitesse :54 km/h • Envergure : 10 m • Longueur : 10,20 m • Surface voilure : 18 m²Palestra Itália. C’est une première au Brésil. Il parcourt 108 mètres en 6 secondes à une altitude variant entre 2 et 4 mètres, mais une panne de moteur l’oblige à faire un atterris-sage forcé. Cet incident n’a aucune conséquence et n’endommage pas la structure de l’appareil. Dimitra effectuera plusieurs vols avec son avion, puis le vendra à un inconnu. Le nouveau propriétaire trouvera la mort en s’écrasant peu de temps après. Une réplique grandeur nature de son avion est exposée au musée TAM Linhas Aéreas de São Carlos à São Paulo. Passionné d’aviation, il continue de voler à cette époque sur un Blériot acheté à Giulio Piccolo, pilote italien qui se tue cette même année à São Paulo. Jean-René Pascaud