N® 29Mars 2008Publication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoiné’du pays de Saint-JunienPATRIMOINE INDUSTRIEL; LES ARCHIVES DES PAPETERIES DU LIMOUSINUne partie des registres avant leur départ pour les archives de la Haute-Vienne.La Société Générale des Papeteriesdu Limousin, fondée en 1898, vient dequitter le magnifique immeuble de larue Albert Pestour qui abritait ses bureaux depuis 1910. De tels déménagements conduisent le plus souvent lesentreprises à se défaire de leurs archives les plus anciennes, autrement dit àenvoyer au pilon « les vieux papiers ».Aussi devons-nous féliciter le groupeSmurfit Kappa, propriétaire des Papeteries du Limousin, qui a récemment déposé aux archives départementales dela Haute-Vienne une partie des archives conservées rue Albert Pestour.Avec l’impressionnante série desGrands Livres (voir photo), c’est centans de notre histoire industrielle quisont sauvegardés. La Société des Vieilles Pierres a joué son rôle dans la préservation de ce patrimoine, fbTRAVAUX AU CIMETIERE: DES DECOUVERTES INATTENDUESA la fin du mois de Janvier ont été entrepris des travaux de réfection du mur du cimetière, le long du boulevard. Il s’agitd’abaisser le mur, d’en supprimer l’enduit, de démonter et remonter la partie qui menace ruine. Les premiers travaux ontrévélé que le mur a été édifié en partie avec de grands blocs de granit soigneusement taillés. Il s’agit manifestement duremploi de pierres provenant de la démolition d’une construction de qualité. L’un de ces blocs est particulièrement remarquable: de forme rectangulaire, il présente sur une de ses grandes faces un bourrelet sculpté en forme d’écusson dontI intérieur est creusé selon un dessin grossièrement polylobé. Le reste du bloc présente d’autres aménagements commeun percement rectangulaire dans l’axe de l’écusson.Nous ignorons la fonction de ce bloc, mais quelques informations permettent de proposer une hypothèse quant à son origine. Le mur d’enceinte ducimetière a été bâti en 1806, au moment de l’achèvement du boulevard ceinturant la ville en remplacement des anciens fossés. Or un document desarchives municipales indique, à la même date,qu’un tombereau de matériaux provenant de ladémolition de la croix de Landeix a été déposé àl’entrée du cimetière.Les pierres taillées du mur du cimetière proviendraient donc de l’ancienne croix dressée au carrefour de la rue du cimetière (rue Dubois) et de la ruede la Croix de Landeix (rue Guizier). Sa seule représentation apparaît sur le plan Collin de 1655, maiselle n’apporte rien car elle est très simplifiée,comme pour toutes les croix de la ville, fb

Page 2Le Chercheur d’OrmUNE AUTRE IMAGE DE NOTRE SAINT JUNIEN ?eX J^unien(Souvenez voicjd’exercer ùiCharlt^etdejSitrepari’de vos biens ciicx autres :car c’estpar deSembiabies hositesqu’on se rend Dieu Fazwrahie .f/<:ù>.c./i. V. t6.Les images de saint Junien se suivent, mais ne se ressemblent pas._Un « Chercheur d’Or » précédent publiait une amusante image, publicitépour le chocolat du monastère d’Aiguebelle (Drôme). L’illustration montrait saint Junien construisant une hutte. Hélas! Le texte d’accompagnement identifiait en ce saint Junien, mort en 587, le fondateur de l’abbaye de Mairé (Deux-Sèvres), dont le souvenir est aujourd’hui gardé àNouaillé (Vienne).Un autre document iconographique est à signaler, récemment découvert, qui figure ci-contre. La question se pose de nouveau. De quel saintJunien s’agit-il, du « nôtre » ou de celui de Nouaillé? La légende ne l’indique pas, et l’imprécision de la scène ne permet guère de trancher.Qu’importe!L’image, haute de 10,2 cm et large de 6,40, est une eau-forte avec untexte également gravé. Elle semble constituer la page 13 du tome premier d’un ouvrage qui reste à trouver, ouvrage de 16,2 cm de hauteur.Le texte s’inspire d’une lettre de saint Paul aux Hébreux, chapitre 13,verset 16, traduit ainsi par Louis Segond, en 1910: – Et n’oubliez pas labienfaisance et la libéralité, car c’est à de tels sacrifices que Dieu prendplaisir. »Quant à la scène, on peut y voir le saint faisant l’aumône au personnage incliné devant lui. Ce qu’il donne n’est pas très discernable, desvêtements, peut-être un fouet (?).Enigmatique, cette petite gravure, sans doute de la fin du XVIIe siècle,glorifie saint Junien. Ne cherchons pas plus loin et attendons une nouvelle image. Pourquoi pas? PEGANTERIE: LE METIER A BRODERLe métier à broder, appelé aussi cadre à broder, est en bois, le plussouvent en merisier. Le modèle est toujours le même, seules les dimensions varient quelque peu, donnant sur l’un une boîte à couture plus profonde, sur un autre des traverses plus étroites ou plus longues. Peu encombrant et léger, les femmes de la campagne l’utilisaient en gardant lesvaches. En 1900, les maisons de couture de gants employaient de nombreuses ouvrières brodant sur ce type d’appareil.Il est formé d’une boîte de couture servant à mettre en réserve les filsà broder, les aiguilles et tout autre nécessaire à l’ouvrage et de deux potences verticales supportant deux traverses horizontales formées dedeux pièces mobiles.Les gants se fixent sur les parties mobiles du métier à l’aide de vis etd’écrous, d’un côté par douzaine et de l’autre par gant seulement. Le gantainsi tendu, l’ouvrière le brode à l’aide de son aiguille ou crochet commeon brode une pièce de tissu. La broderie est faite de fils de toutes sortesde couleur, de petite ganse, de cordonnet ou de tout autre passementerie. Le type de broderie est défini par une perforation faite à remporte-pièce ou par une marque plus fine faite au moyen d’un petit peigne métallique, guidant ainsi les points à exécuter.La broderie faite à la main avec cette technique a été peu à peu remplacée par la broderie à la machine. La mécanisation a transformé labroderie de simples nervures à des motifs plus élaborés, transformant legant en une oeuvre d’art sortie de l’imagination de grands couturiers, ettoujours livré par nos ganteries locales. JRPDétail d’une carte postale anciennemontrant l’intérieur d’un atelier deganterie de Saint-Junien avant 1914.N » 29UN DESSIN INEDIT£ i/ttusi/n \-Sp -VV’Vi.’Tv’!PagesLe dessin que nous présentons ici, daté de 1860, estoeuvre de Ferdinand-MichelSTORELLl. C’est une vue deSaint-Junien avec, au premierplan, la Vienne et la chapelleNotre-Dame du pont. Il est debelle facture et la sûreté dutrait démontre que l’artiste estaccompli dans l’art du croquis.Né à Paris en 1805, Ferdinand-Michel Storelli était un peintrede paysage, représentatif del’école française du XIXe siècle.II fut l’élève de son père, Félix-Marie-Ferdinand, et il exposarégulièrement au salon desArtistes Français de 1831 à1877. Il y reçut une médailleen 1839 et 1840.Comment Storelli est-il arrivé à Saint-Junien? Il est intéressant de mettre la venue de cet artiste en relation avec les fréquents séjours de Corot sur les bords de la Glane à cette époque. On sait que Corot attirait sur les sites qu’il dessinait etpeignait de nombreux artistes pour qui il était une référence et un maître. Peut-être Storelli est-il venu entre Vienne etGlane sur les conseils ou sur l’invitation de Corot? Par ailleurs Gustave Courbet, qui venait peindre sur les bords de la Charente près de Saintes, incitait ses propres élèves à se rendre en Limousin, là où peignait son ami Corot.Ce ne sont là que des hypothèses, mais la découverte de telles œuvres affine notre connaissance et nous ouvre des pistesqui nous permettront sans doute un Jour de reconstituer le puzzle des voyages de Corot à Saint-Junien. TGHISTOIRE DE CARTE : des vacances bien méritéesNotre ami photographe, dont nous avons maintes fois vanté les exploits, se devait de prendre quelque repos loin des turpitudes de la vie courante. C’est la Bretagne qu’il a choisie comme lieu de villégiature pour quelques Jours iodés et vivifiants,espérant ainsi dissiper les vapeurs de ses excès saint-Juniauds et de la viticulture si particulière de cette bonne ville.Mal lui en a pris, puisque pris d’hallucinations, et après moult éléphants roses et autres rats parcourant son édredon,c’est notre bon saint Junien qui lui est apparu entre deux verres de chouchen alors qu’il traînassait sur une plage, à maréehaute.Son outillage ne le quittant Jamais, il a aussitôt immortalisél’instant en fixant sur le verre lebel oratoire qui lui était dédié.L’histoire ne dit pas ce qu’en ontpensé les Bretons du voisinage,on sait Juste qu’il a dû partir précipitamment pour une destination quelconque et relativementéloignée, où peut-être, il pensaitpouvoir se libérer de la malédiction de la carte postale comodo-liesque qui le poursuit inlassablement. Il se peut que l’ontrouve à l’étranger des preuvesde son passage…. DCTOUTE LA BRETAGNE » S^OUMANAC »S »- l;^3r»ttiÀfèî=s#UQienàTUarîrbautc^ ‘ ‘ ‘drit LcptiOiiu]

lie OieM^enr d’OrPiiblicalion de la Soàité des I « le i’lles P/emsPour lapromotion du patrimoine dupays de Saint-JnnienREDACTION 1 Fbg Liebknecht 87200 SAINT-JUNIENFrank Bernard / David Chaput / Pierre Eberhart / EricFougeras/ Thierry Granet/ Jean-René PascaudSociété des Vieilles PierresSiège social: mairie de Saint-JunienMAISONS 1900 (fin)’^s (Gants Turin, Chien.etc.Le dernier en-tête illustré de notre série, datéde 1898, est celui de la Manufacture deGants Justin VIGNERIE.Justin Vignerie, né en 1869, épouse en 1895 lafille de Jean Urbain TARDIF, fabricant degants mais aussi exploitant d’un café et de lasalle du Casino, sur le boulevard Gambetta.Vignerie est lui-même fabricant de gants, boulevard Victor Hugo, en 1898. En septembre1904, il est le président-fondateur du CASJ,premier club de rugby de la ville, dont le siègeest au café Tardif. Au recensement de 1906, ilest installé boulevard Louis Blanc.Nous n’avons pu identifier les bâtiments de labelle fabrique de gants représentée sur l’entête. Mais ont-ils vraiment existé? FB(H\°Vienne)■<>*DE MOULINS EN USINES 14 – L’USINE DU DEROT (n° 6 sur le plan)Les puissants rochers qui encadrent le cours de la Glane ont donné au site son nom d’origine: le moulin du Roc. C’estd’abord un petit moulin à tan, transformé en papeterie à partir de 1821.Son propriétaire en 1843, Léonard Pagnoux, est un des tout premiers à se lancer dans la fabrication du papier de paille,ce beau papier d’emballage dont Saint-Junien fait sa spécialité au 19e siècle. Les meules de pierres – taillées dans legranité juste en face de l’usine – broient la paille de seigle pour la transformer en pâte. Pagnoux expédie les balles depapier Jaune aux épiciers de Bordeaux et de Paris par le chemin de fer au départ d’Angoulême.Mais son successeur, Léon Vignerie, préfère le site du Moulin-Pelgros sur la Vienne pour développer la papeterie; il vendLe Dérot vers 1870 aux frères Barataud, Arthur et Emile, qui agrandissent l’usine et portent sa production à 300 tonnesde papier par an. La société Barataud Frères édifie aussi des logements pour les 24 ouvriers et une maison de maître.En 1898, lors de constitution de la Société Générale des Papeteries du Limousin, Emile Barataud apporte l’usine à lanouvelle société. Elleemploie alors 56 ouvriers (dont 15 femmes) et produit 1 500tonnes de papier paran.Mais le déclin du papier de paille au 20esiècle et l’isolement dusite condamnent peu àpeu l’usine. Elle estfermée en 1967 et ladestruction de sesbâtiments met fin à150 années d’activitépapetière. La valléeest désormais rendueà la Glane sauvage. F