N » 32Décembre 2008Publication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienA SAINT-JUNIEN, AU TEMPS DES SCIEURS DE LONGLe charpentier Pierre Biojoux (en tablier) avec ses scieurs de long ; photo avant 1920. (collection particulière)Nous ne pouvons qu’éprouver de l’admiration devant une scène de scieurs de long, surtout quand elle se situeà Saint-Junien. A l’arrière-plan, derrière les bâtiments, nous apercevons le toit de la chapelle du cimetière etson clocheton qui porte encore sa couverture aujourd’hui disparue. Cette photographie est prise en lieu etplace de l’acmel garage Christian Menut, à l’angle du boulevard Louis Blanc et de la route de Saint-Brice.Martial Biojoux arrive de Saint-Auvent et s’installe comme charpentier en 1867. Marié à une Saint-Juniaude,Marie Chabasse, ils ont trois enfants dont Pierre né en 1874, qui prend la suite de son père en 1908. Il estalors déclaré comme charron ou charpentier, des métiers complémentaires et très proches. En 1921, il quittele boulevard Louis Blanc, où lui succède Jean Bourdier, carrossier et charron, pour installer son entreprise rueJunien Rigaud. Son fils Louis lui succède en 1923 et remplace les scieurs de long par une scierie mécanique.L’entreprise évolue au fil des années et bon nombre de Saint-Juniauds ont connu Louis Biojoux comme marchand de bois et de matériaux de construction jusqu’aux années 1970. JRPCoNCESStOMNAItE ÉTERNITPUOUES OWU&S n PUNBARDOISES •• TUYAUXPLAQUES POLYESTERTUBES PLASTIQUEMATERIAUXLouis BIOJOUXRUE JUNIEN – RIGAUD87 – SAINT-JUNIENR. C LtMOOES 67 A 193L N. s t. t. m-87-194-0006C C. p. LiMOOa 194-16TÉLÉPHONE ; 1 6T

Page 2Le Chercheur d’Or9Le Châteiard — Dessin à l’encre de G. BalandeLE CHATEIARD EN DESSINEn 1911, paraissait chez l’éditeur parisien Emile-Paul, LûMaitmse servante, de Jérôme et Jean Tharaud, originairesde Saint-Junien, comme chacun sait. Depuis 2003, uneplaque, due aux « Amitiés », signale leur maison natale, àl’entrée de la rue Defaye. Inutile de revenir sur l’œuvredes deux frères, après la dernière étude d’Yvan Pierron,Jérôme etJean Tharaud, une complicité littéraire (Paris, Sociétédes écrivains, 2007), qu’il a d’ailleurs été impossible detrouver en librairie à Saint-Junien ou Limoges.Selon le procédé habituel des Tharaud, La Maîtresse servante est déjà parue sous des titres différents. Servitudecampagnarde, dans la Revue de Paris en septembre 1908,Histoire d’un hobereau, dans le Journal des Débats en juin1911.Remanié, le roman connaîtra de nombreuses éditions,Emile-Paul étant relayé par Pion, à qui les Tharaud vontconfier presque toute leur production. Au total, les tirages de La Ma/tresse servante avoisineront les 100 000 exemplaires.Parmi les diverses publications, certaines dans les collections populaires, se détache celle, prestigieuse, de l’éditeur Lapina.Première édition illustrée, son texte a été encore revu pour l’occasion. Achevée d’imprimer le 30 septembre 1924, cetteproduction de luxe, de 203 pages, compte 400 exemplaires et 25 « hors commerce », de format 27 x 22 cm. L’ouvrage estorné de 78 eaux-fortes gravées par Gaston Balande, d’après ses dessins.Gaston Balande (1880 – 1971), peintre de la nature et de la mer, excellent coloriste, dont le souvenir vit particulièrement àLa Rochelle et à Saujon, a dû se rapprocher des écrivains pour une parde, au moins, de ses illustrations. A côté de Paris,Angoulême et Rochechouart, figurent cinq vues du Châteiard de Saint-Junien, et de son moulin. D’autres paysages, quirestent à identifier, peuvent aussi s’inspirer de la campagne limousine.L’artiste a su saisir tout le charme des lieux: façades, cour intérieure, portail d’entrée, moulin sur la Glane… Dans le Cahier d’IMPACT n°10, Thierry Granet a reproduit deux de ces vues. Le domaine du Pradeau, où se déroule l’essentiel duroman, ne correspond pas au Châteiard. Peu importe, mais retenons ces belles images d’un élément important du patrimoine saint-juniaud. Il est donc tout à fait normal qu’un exemplaire de cette édition se trouve à la médiathèque municipale.Nous voudrions rappeler ici l’un des 300 exemplaires sur papier vergé hollande pur cliiffon(n®162). La page de garde comporte un dessin àl’encre du Châteiard, étude probable pour l’eau-forte de la page 29 de l’ouvrage. Le dessin estagrémenté d’un envoi manuscrit: « A monsieurGauthier, G. Balande, 9.24 ».Dès sa sortie, l’édition Lapina est épuisée, letirage sur vergé hollande se vendant 425 francs.Dans cette collection réputée paraîtront encored’autres œuvres des frères Tharaud, tout aussisomptueusement présentées. Une publicité del’époque affirmait que Lapina publiait « les plusbeaux textes de la littérature française, illustréspar les plus grands artistes ». Rien n’est plusvrai, et pour notre bonheur, Saint-Junien en aun peu bénéficié. PELe Châteiard — Eau-forte de l’édition Lapina de 1924UNE ŒUVRE PAR DOUZEEmployant des mots du pays, approfondissant les musiques traditionnelles ou peignant sur le motif, Jean TeîUiet sedécouvre comme un artiste limousin. Mieux, du félibre au musicien, du sculpteur au peintre, Jean Teilliet est le Limousin..Certes les multiples activités de l’artiste méritent une profonde attention, cependant la peinture est son art premier.Des scènes d’église montrant l’élévation par la prière, aux huiles décrivant des paysages verdoyants, toute l’œuvre picturale prend sa source entre Delacroix et Corot. Par un attachement sans faille à une mise en objectif d’un lieu cadré, par ungoût méticuleux du patrimoine, par une religiosité prégnante et par un enracinement aux alentours de Saint-Junien, JeanTeilliet propose l’instant à l’appréciation du temps et un recul défini face à l’horizon. Une touche casanière renforcée d’unancrage jamais démenti constitue la majeure partie de son travail. L’arbre au milieu d’un peuplement de solitaires, l’arbrepar l’âme donnant la preuve de l’exigence créatrice.Mais à l’instar de Claude Monet approchant par une suite de tableaux la façade de la cathédrale de Rouen, Jean Teillietproposa une série en douze huiles sur bois d’une vue des tours du château sumiontant Saint-Germain de Confolens. Lepeintre avait, dit-on, voulu préser\’er l’unité de l’ensemble. Seulement le temps, peut-être les arbitrages familiaux, en décidèrent autrement.Néanmoins, depuis peu un ami a retrouvé dans une vente une huile répondant aux critères précis: huile sur bois, 33cmpar 54, \me du château de Saint-Germain de Confolens à partir d’un même point. Ma description de cette station symbolique intitulée « Brouillard du matin à Saint-Germain » ( une entre les douze) montrera sans doute que nous sommes dansune œuvre différente du tronc commun. En effet, je vous invite à finir d’entrer en impressionnisme. Le tableaulourd/léger sombre dans une mélancolie bleutée, chausse quelques jaunes affaiblis, laisse percer les arches d’un pont…L’ombre tutélaire de deux tours menace ou protège, selon la conscience de chacun, pareille au doigt de dieu désignantl’art comme son représentant terrestre. De plus, la Vienne baptise les berges avec une certaine délectation. L’ensemblemunnure une ambiance, oblige le figuré à respecter l’évanescence. Une note d’intériorité complexe guide par touchesscandées l’apaisement ressenti.Serait-il possible de lancer un avis de recherche sur ces douze peintures sur bois? Merci aux détectives en herbe, enbarbe, en mesure de retrouver nos chères huiles disparues. A.D.unJean TEILLIET, Brouillard du matin à SaInt-GermaIn, huile sur panneau, collection particulière

Le Chercheur d’OrPiibliaitioii de In Société des l’ieil/es PierresPour ta promotion du put ri moi ne du ptçys de Sdint-jnnienREDACTION 1 Fbg LIebknecht 87200 SAINT-JUNIENFrank Bernard / David Chaput / Pierre Eberhart /Eric Fougeras / Thierry Granet / Jean-René PascaudSociété des Vieilles PierresSiège social: mairie de Saint-Junienn.w.- ••.’fc.vT-vr?NOTRE VIEUX CIMETIERE« La tombe de l’homme bon » devant la chapelle.Un cimetière est attesté autour de la chapelle sainte Madeleinedepuis la fin du 13e siècle; mais les plus anciennes tombesconservées en place ne sont pas antérieures au début du 19esiècle. C’est à ce moment en effet qu’est institué le régime desconcessions, qui permet aux familles de faire édifier les premiersmonuments funéraires.A Saint-Junien, ceux-ci se présentent comme une haute croix defer forgée fixée sur un petit socle de granit taillé. Un des plusbeaux exemples conservés est la tombe de la famille Pinot-Laulerie dont la concession, au pied de l’escalier de la chapelle, aété achetée entre 1827 et 1833. Deux épitaphes gravées surplaques de cuivre nous apprennent que l’acquéreur, Annet Pinot-Laulerie, vérificateur des poids et mesures, n’est décédé qu’ennovembre 1852, mais que son fils Pierre-Léonard, marchand cor-royeur, y fut inhumé en février 1836. Il s’agit donc d’une des plusanciennes tombes conservées.Outre son ancienneté, cette tombe est intéressante par le textedes épitaphes. De Pierre-Léonard, décédé à 33 ans, elles disentqu’il  » fut bon fils, bon époux, bon père et sincère ami ». De sonpère, qu’il était un « vieillard respectable, doué de rares qualitésqui le firent estimer et aimer sincèrement de tous ceux qui l’ontconnu ». Ces formules sont habituelles, cependant elles ont donné naissance, semble-t-ll, à certaines formes de dévotion. Ainsi,Louis Bonnaud signale-t-il qu’en 1970 encore, des ex-voto{chaussette, bas, chiffons) étaient déposés sur cette tombe dite'< de l’homme bon ». il est curieux de rapprocher ces pratiques del’ancienne dévotion à saint Guignefort, sous la chapelle du cimetière, interdite par l’Eglise à la fin du 17e siècle. FBQUAND APOLLINAIRE ECRIVAIT A LOUIS GODET.Le document présenté Ici est très émouvant. C’est une carte postale envoyée le 25 octobre 1912 à LouisGodet par le grand poète Guillaume Apollinaire. Nous savions que les deux écrivains étaient amis, c’étaitavant la Grande Guerre, quand Apollinaire vivait avec une autre artiste, Marie Laurencin, et qu’il fréquentaitavec son ami Codet les cercles artistiques de Paris. C’était une époque d’insouciance si bien retranscritedans l’œuvre de Codet comme La rose du iardin (dont l’action se situe à Saint-Junien) ou La petite Chiouetteet César Caoéran.C’était l’époque balbutiante dusurréalisme et les deux amisrencontraient souvent d’autresartistes que l’histoire allaitconsacrer comme Picasso, MaxJacob, Man Ray ou André Breton.CARTE POSTALESAdrwa*e/’tUMi//iùkl.LsJaJp-Li. fcktfeCLCe document est un témoignagede l’amitié entre deux hommes,deux artistes qui ne survécurentpas au drame de la guerre.Louis Codet décédera en décembre 1914 des suites de sa blessure de guerre et GuillaumeApollinaire mourra en 1918 dela grippe espagnole, après avoirété trépané suite à une blessurede guerre. TG