N° 41mars 2011Supplément à la « Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1032 du 3 avril 2011. Ne peut-être vendu séparément.Le Chercheur d’OrPierres tombales recyclées !Al’a n g l en o r d-e s t, la pierre a été très soigneusement retaillée pour former une borne circulaire, et entaillée pour s’appliquer sur l’angle. La partie enterrée a révélé son profil d’origine en bâtière et son décor : arcatures sur le flanc et écailles imbriquées sur le toit. Le sommet repiqué et la base cachée ne permettent pas de connaître le décor des pignons. La pierre tombale est en granit à grains fins, peut-être de Cognac-la-Forêt (L = 170 cm, l = 53 cm). Des tombes de ce type existent aussi dans le cimetière de Saint-Junien. On en voit une autre dans l’église de Rochechouart. Le décor permet de les dater du XIIIe siècle. Une seconde pierre tombaleprotège l’angle sud-est du chevet. Elle présente une toiture semi-cylindrique sur base rectangulaire, sans décor. La roche utilisée est un granit local à grands cristaux comme on en trouve dans le massif de La Glane (L = 165 cm, l = 51 cm). Ces pierres ont du être remployées contre la collégiale lors des travaux importants conduits dans la première moitié du XIXe siècle. Elles conservent leur place dans le nouvel aménagement réalisé cet hiver.L. P.■ Les travaux qui s’achèvent derrière la collégiale ont révélé deux pierres tombales médiévales, utilisées comme chasse-roue aux angles extérieurs du chevet. Nous reparlerons largement de ces deux événements dans ces colonnes. Pour ouvrir cette année nous présentons ici un document très émouvant concernant Jean Teilliet. Il s’agit du cahier de dessin de sa jeune sœur prématurément décédée à l’âge de 18 ans en 1891. La mort tragique de Marie Teilliet, de trois ans la cadette du peintre, plongera ce dernier dans une tristesse et un désarroi infinis. C’est sans doute Marie qui inspira Jean Teilliet quand, des années plus tard, il peignit une grande toile figurant une jeune fille sur son lit de mort près duquel le peintre s’est représenté pleurant aux côtés de son épouse. Le tableau, aujourd’hui dans les collections de la ville de Saint-Junien procure un sentiment infini de mélancolie.Ce petit cahier d’écolier à la couverture de moleskine renferme une vingtaine de dessins exécutés par Marie Teilliet. La qualité des compositions et la sûreté du trait démontrent de réelles qualités artistiques. Marie Teilliet aurait sans nul doute marché sur les traces de son artiste de frère, déjà elle défrayait la chronique par ses dons de pianiste, elle s’était illustrée à Limoges avec la Philarmonique où elle avait ébloui son auditoire. Sur la page de garde du petit cahier, Marie avait écrit : « Cahier de dessin appartenant à Marie Teilliet, commencé le 7 août 1890. » Le jour de la mort de sa sœur,Jean Teilliet a complété : « fini le 24 janvier 1891, pour toujours ! »La détresse et l’émotion sont palpables dans ces quelques mots tracés par le frère éploré. Jean Teilliet conserva toute sa vie ce cahier près de lui, comme un talisman. C’est dans ses affaires personnelles qu’il a été retrouvé, intact, près de 80 ans après sa mort, dans sa maison de Paris.T. G.Année TeillieTà Saint-Junien20112011 sera l’année Jean Teilliet à Saint-Junien. En effet cette année marque un double anniversaire, la création du musée de Saint-Junien par Jean Teilliet en 1931 et la mort du peintre la même année.

Le Chercheur d’OrPage 2N°41Page 3Une action précoceQue peut-il se passer dans la tête d’un enfant qui n’a pas encore treize ans, qui subit une vie de restrictions dues à l’état de guerre, cette terrible deuxième guerre mondiale, et dont le père est prisonnier ? Tout simplement un immense sentiment de frustration, d’humiliation et de rancœur envers les Allemands qui détenaient son père. Aussi, Robert Valade, aidé de son frère à peine plus âgé que lui, avait décidé de venger son honneur, de combattre avec les moyens qui leur étaient accessibles, ces « boches » qu’ils avaient appris à haïr. C’est en se mettant au service de la Résistance, et ce à l’insu de leur mère, qu’ils allaient tous deux pouvoir assouvir leur besoin d’action, et se sentir utiles. Chargés de distribuer tracts et journaux d’appels à la lutte, propagande pour les francs tireurs et partisans, ainsi que le fameux journal « Valmy », ils partaient nuitamment glisser sous les portes et dans les boîtes aux lettres de la ville ces imprimés strictement interdits par le régime de Vichy, action éminemment dangereuse.Les deux frères, habitant les maisons ouvrières du Moulin-Pelgros, allaient s’approvisionner chez Mme Henriette Clavaud, une voisine de Saint Amand : « Un jour on nous avait prévenu d’une descente imminente, mais nous n’avons pas eu le temps suffisant pour quitter les lieux. La milice, ou la gestapo peut être, a brusquement ouvert la porte et a investi la maison. Nous avons eu juste le temps de jeter par la fenêtre, côté Vienne, tous les tracts. Pendant la perquisition nous nous tenions au garde-à-vous, dos à la fenêtre, non pas par obéissance, mais plutôt dans l’espoir de masquer aux regards les papiers qui voletaient de-ci de-là. Ce jour là ils n’ont rien trouvé, mais on a eu très chaud … ».Des souvenirs qui marquent, et ces journaux qui sont à l’origine de ces souvenirs, Robert Valade en a conservé précieusement quelques-uns, qu’il a confiés aux bons soins du « Chercheur d’Or ». Nous le remercions vivement pour ce geste, et constatons que son engagement précoce a probablement initié le parcours de sa vie, tournée vers l’altruisme et la lutte contre les injustices et la misère. Son engagement dans des associations caritatives au niveau départemental (notamment le Secours Populaire) en témoigne.D. C.A Saint-Junien,la mésaventure de saint Antoine de PadoueLe bon saint Antoine de Padoue (Lisbonne vers 1195 – Padoue 1231), moine franciscain, est bien connu des croyants qui l’invoquent pour retrouver les objets perdus. Après un voyage au Maroc, il ne cessa de prêcher en France et en Italie. En 1226, il est en Limousin et est nommé custode* de Limoges. Il va alors parcourir la région pendant environ une année avant de partir pour l’Italie. C’est l’abbé Arbellot qui nous raconte dans sa Notice sur Saint-Antoine de Padoue en Limousin (édition Haton, Paris 1880) l’anecdote suivante arrivée au saint homme.« Un jour le bienheureux Antoine alla prêcher à Saint-Junien, ville du diocèse de Limoges. La multitude des fidèles accourus autour de lui était si grande que la vaste église ne pouvait les contenir. Il fallut que l’homme de Dieu se rendît avec la foule sur une place très étendue. On lui dressa en ce lieu une estrade du haut de laquelle il devait parler au peuple. Saint Antoine monta dans cette chaire, et dit au commencement de son discours : « Je sais, mes frères, que l’ennemi nous attaquera et cherchera à nous troubler pendant le sermon ; mais ne nous effrayons pas: sa malice ne nuira à personne ». Il n’était pas au milieu de son discours que la chaire du haut de laquelle il prêchait s’écroula avec un horrible fracas, au grand étonnement de tout le monde: mais cette chute n’occasionna aucun mal ni au prédicateur ni à aucun de ceux qui l’entouraient. Les auditeurs furent animés d’une plus grande vénération à l’égard du bienheureux, dans lequel ils voyaient briller l’esprit de prophétie. On dressa une nouvelle estrade, et le saint acheva son discours, que les fidèles écoutèrent avec la plus grande attention. »L’abbé Arbellot ajoute que cette venue à Saint-Junien et cette prédiction ont certainement contribué à l’établissement du monastère de franciscains dont la fondation est rapportée en l’an 1230 par Wading, l’annaliste des frères-mineurs. J.-C. F.* Custode : (du latin custodia : garde) religieux chargé de l’inspection d’une partie de la province les ordres mendiants.■ Saint Antoine de Padoue Statue en bois peint, XVIIe siècle, collégiale de Saint-Junien.exposition de TSF à la salle des fêtes en 1935Les années 30 marquent les débuts de la TSF et surtout sa vulgarisation auprès des classes populaires. Saint-Junien possédait nombre d’amateurs, pas toujours satisfaits, malgré l’évolution des techniques, car on pouvait lire dans « L’Abeille » du 10 février 1934 : « Appel aux sans-filistes de Saint-Junien : vous êtes certainement mécontents des auditions que vous obtenez, soit sur secteur, soit sur accus. Il existe des causes, il existe des remèdes. Réunion à cet effet le mercredi 14 courant, à 8 h 30 du soir, à la mairie. »C’est le 3 mars que ce même journal annonçait sous le titre Radio-Club de Saint-Junien : « Cette seconde prise de contact fut extrêmement fertile en décisions. Avant tout, il s’agit pour nous autres sans-filistes de préparer l’opinion à l’application de la loi sur les parasites. On sait qu’à partir du 1er avril, les sans-filistes qui paient un impôt spécial à cet effet, auront le droit d’exiger de bonnes réceptions. Aux perturbateurs des lignes aériennes de faire le nécessaire … ». Le 7 mars, nouvelle réunion au cours de laquelle une soixantaine de sans-filistes votait les statuts du club et désignait son bureau : • Président d’honneur : ……..M. Braud, industriel.• Président actif : ………………Benais, directeur EPS.• Vice-présidents : …………….Vergniaud, industriel;…………………………………………Raygondaud, commerçant .• Trésorier : ……………………….Maraud, Banque de France.• Secrétaire général : …………Nicolet, industriel• Conseillers techniques : ……….Barjeron, Peyrot, Villedary, électriciens.■ Exposition de TSF à la Salle des fêtes, le 17 février 1935. Vue partielle des stands en cours d’aménagement : stands Junien Peyrot et Jean Raygondaud. Coll. J.-C. R.■ Présentation de postes récepteurs par 4 électriciens de notre ville. De gauche à droite: Edmond Moreau, 14 rue Lucien Dumas; Paul Villedary, place de la République; Junien Peyrot, faubourg Blanqui; Jean Raygondaud, 21 place Roche.Coll. J.-C. R.C’est l’année suivante que le Radio-Club devait organiser à la Salle des Fêtes « une exposition des postes TSF les plus perfectionnés ». L’Abeille du 16 février 1935 annonçait cet événement et précisait le programme : Le matin :9 h 00 Ouverture de l’exposition Présentation des appareils 11 h 00-12 h 00 Audition d’ensemble des appareils présentés.L’après-midi :2 h 30 Causerie sur les agréments et avantages de la TSF.3 h 00-5 h 00 Concert radiophonique émis spécialement par la station de Limoges pour le Radio-Club de Saint-Junien, comprenant une pièce patoise « Meita de Jau » interprétée par L’Eglantine du Limousin.Le soir :9 h 00 Grand bal offert par le Radio-Club de Saint-Junien.Dimanche 17 février, salle des FêtesGRanDe ManIFesTaTIOn RaDIOPHOnIQUeLe compte-rendu de l’exposition paraissait dans L’Abeille du 23 février : « Ce fut un véritable succès que l’exposition de TSF de dimanche dernier… »Une nouvelle réunion en vue de l’organisation d’une fête de la Radio eut lieu le 29 octobre 1935, mais à notre connaissance, sans résultat. Quant au Radio-Club, sa dissolution intervint suite à la réunion du 11 février 1937. J.-C. R.

Réalisé en colaboration avec la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles PierresRédaction : 18, Paul Eluard – 87200 SAINT JUNIENFrank Bernard – David Chaput – Pierre EberhartThierry Granet – Jean-René Pascaud.• Imprimerie LAPREL – LIMOGES.Le Chercheur d’OrLe Chercheur d’Orest consultable en ligne sur le site de l’OTSI de Saint-Junien à l’adresse :http://www.saint-junien-tourisme.frLa version papier est disponible aux archives municipales et à la médiathèque.Pour tout renseignement : Tél. 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frA proposd’etienne MaleuLe numéro 36 des Archives en Limousin, de parution récente, contient un excellent article de Mlle Amélie Erbault, La chronique d’Etienne Maleu,chanoine de Saint-Junien (1282-1322). Voilà un nom familier dans notre ville, ne serait-ce que par la rue, qui, hélas! en 1974, a supprimé celle anciennement de Tras las Bride. Mais passons… Pour les intéressés, cette revue est consultable aux archives communales, centre administratif Martial-Pascaud et à la médiathèque municipale.La Chronique, que le chanoine Maleu termine en 1316, est la référence essentielle pour l’histoire de Saint-Junien et de son chapitre. Le texte latin a été quelquefois étudié, notamment par Antoine Thomas (1914) et Jean-Loup Lemaître (1982). Il est surtout connu par l’édition de l’abbé François Arbellot, ancien vicaire de la paroisse, imprimée par le libraire local Nicolas Barret en 1847.Différent est le travail de Mlle Erbault,présenté dans Archives en Limousind’après ses mémoires de Master 1 et 2. Composition du texte, sources utilisées, événements rapportés, la Chronique prend ainsi un relief nouveau. Elle subsiste dans des copies des XVIIe et XVIIIe siècles. Le sort du manuscrit original reste ignoré. Conservé dans les papiers du chapitre de Saint-Junien, il a disparu, avec lui, à la Révolution. Et probablement avant 1793 comme le suggère Mlle Erbault. Il est curieux de constater qu’un inventaire du 29 juillet 1790 ne le mentionne pas. Absence identique pour la Viede saint Rorice, protégée par un diptyque d’ivoire décoré, déjà évoqué ici. Ces deux manuscrits de valeur n’ont pas été perdus – pour tout le monde – pourrait-on dire. Profitant des circonstances, religieux ou amateurs éclairés ont su intervenir. La plaque d’ivoire aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de France, n’a pu être récupérée que de cette façon, malhonnête, si l’on veut, mais heureuse pour le patrimoine saint-juniaud.Décédé en 1322, Etienne Maleu sera inhumé dans la collégiale, près du tombeau. Restée en place dans le pavage, son épitaphe a été enlevée vers 1819, lors de l’aménagement du chœur de l’église. De la pierre, conservée un moment dans les collections Bourgoin-Mélice et Muret de Pagnac, il existe au moins un moulage, présenté en 2001 à l’exposition Mille ans d’écrits, organisée par La Société des Vieilles Pierres, à la salle Laurentine-Teillet. Son propriétaire avait bien voulu le confier à cette manifestation. Il en est résulté des articles dans La Nouvelle Abeille de Saint-Junien, n°563 et 564, des 3 et 10 mars 2001.Et maintenant, nous attendons avec impatience, ce qu’annonce Mlle Erbault, « une édition critique et (…) une traduction française de l’œuvre de Maleu ».P. E.Patrimoine gantierConnaissez-vous ce curieux flacon en bois (hauteur 13 cm), avec son col fin percé au sommet de cinq minuscules trous ? Il en existe aussi avec un ventre bien rond, comme une bouteille d’Orangina.■ Moulage de la pierre tombale d’Etienne Maleu (Photo P. V.)Traduction de l’épitaphe« Ici gît maître Etienne Maleu, prêtre et chanoine de cette église. Qu’il vive en Jésus-Christ et que son âme repose en paix ! Amen. Il mourut le cinq des ides de juillet, l’an du Seigneur mil trois cent vingt deux. » A proposetienne MaleuCet objet a un rapport avec la ganterie. On en trouvait, au début du XXe siècle dans les fabriques de Saint-Junien. Mais c’est surtout dans les magasins qu’il était indispensable, à cette époque où la mode était aux gants si fins et si étroits qu’il fallait mille précautions aux dames pour les essayer. On prenait donc soin, avant de passer la main, de poudrer un peu de talc à l’intérieur du gant. On se servait pour cela de notre objet, la poudreuse à gants.