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Le Chercheur d’OrPage 2DécorQuand Monacorendait hommaged’exceptionAla différenced’un papier peint ordinaire, les lés d’un panoramique sont tous différents et leur juxtaposition déroule tout autour de la pièce un paysage ou une histoire. Souvent d’inspiration exotique, ces décors donnaient aux occupants de la maison l’impression de voyager, tout en restant installés dans leur confortable intérieur. On n’a pas fait mieux avec nos posters modernes.La salle à manger d’une vénérable maison de Saint-Junien est encore tapissée d’un tel papier, imprimé en grisaille, sur le thème de « scènes Quoi de plus fragile et éphémère que le décor intérieur de nos maisons! L’usure, les accidents, les changements de mode ou de propriétaire, provoquent régulièrement la réfection des sols, murs et plafonds. Aussi est-il rare qu’une maison conserve un décor plus que centenaire; c’est même exceptionnel quand il s’agit d’un papier peint panoramique, ornement à succès des belles demeures du XIXe siècle.turques ». L’édition originale attribuée à la manufacture Dufour est datée de 1815, mais ce papier peint a été réédité dans la seconde moitié du XIXe siècle. Son motif est directement inspiré des dessins de Jean-Baptiste Hilair, exécutés pour illustrer le Voyage pittoresque de la Grèce du comte de Choiseul-Gouffier, publié en 1782. On distingue ainsi la vue d’un aqueduc près d’Ephèse (ci-contre), un tombeau près de Mylasa, ou une fête turque.Quelle famille saint-juniaude était assez fortunée pour choisir un tel décor ? Seule une recherche sur l’histoire de la maison pourrait donner la réponse. En tout cas, bien conservé, protégé par ses heureux propriétaires, ce papier peint a encore de belles décennies devant lui. F. B.Charles Tharaud, dit Jean, est né le 9 mai 1877 à Saint-Junien. Il est décédé le 8 avril 1952 à Paris, il est inhumé à Versailles. Avec son frère Ernest, dit Jérôme, il a construit une œuvre parmi les plus prolifiques de l’histoire de la littérature de la première moitié du XXe siècle. S’inspirant des nombreux voyages qu’ils firent à travers le monde, la littérature des frères tharaud est une déclaration d’amour à la beauté du monde et une invitation à être curieux des cultures qui nous sont étrangères.Élu à l’Académie Française en 1946, Jean rejoignait son frère Jérôme qui siégeait sous la coupole depuis 1940.Le document que nous présentons ici est une carte « premier jour » éditée par l’office des émissions de timbres poste de la principauté de Monaco à l’occasion du XXVe anniversaire de la création en 1951 du prix littéraire Prince Pierre de Monaco par Rainier III en hommage à son père. Ce prix littéraire honore chaque année un écrivain d’expression française pour l’ensemble de son œuvre. Les frères tharaud avaient déjà été publiés par les Éditions du Rocher étroitement associées à ce prix. Cette maison d’édition a créé une collection des prix Goncourt, c’est dans celle ci qu’on trouve Dingley l’illustre écrivain des frères tharaud, lauréats du Goncourt en 1906. Cette carte comporte dans un ovale un portrait de Jean tharaud qui servit de modèle pour la réalisation du timbre dédié à Jérôme et Jean tharaud. La date d’émission du 3 mai 1976 est signalée par le cachet.Jean tharaud est décédé il y a tout juste 60 ans. Cet anniversaire est l’occasion de nous souvenir que nos gloires locales ont été célébrées il y a longtemps déjà, un peu partout ailleurs qu’à Saint-Junien, confirmant que, malheureusement, nul n’est prophète en son pays. Voilà un adage que nous nous efforçons de faire mentir en rappelant régulièrement que les frères tharaud ont porté haut le renom de notre petite ville et qu’il ne serait que justice que leur ville natale s’en souvienne en les honorant comme ils le méritent.t. G.■Détail du papier peint panoramique conservé à Saint-Junien : Vue d’un aqueduc près d’Ephèse (3 lés de 0,485m de largeur).à Tharaud
N°46Page 3Auteur de cinq récits et romans dont La rose du Jardin, La petite Chiquette et La fortune de Bécot, Louis Codet (1876 –1914) est à la fois fils du Roussillon et du Limousin. (Deux livres seulement parurent de son vivant).Les carnets de notesdeLouis CodetGrièvemenT blessé pendant la Grande Guerre en 1914 au pont de Stenstraate en Belgique, l’écrivain mourut le 27 décembre de la même année et fut inhumé à Saint-Junien. « Mort en héros et pieusement » notent les journalistes de l’époque.En 1967, un double numéro (503 – 504) de la revue d’art et de littérature tramontane publia des fragments retrouvés dans un meuble d’angle. Ces extraits des carnets noirs autorisent une furtive promenade dans la manière d’écrire propre à l’artiste. Le style de Louis Codet s’avère bucolique, pimpant, une pincée de fraîcheur toujours prompte à jaillir des phrases brèves. Les mots de l’auteur virevoltent, vibrionnent, tels des bouquets de papillons. Deux exemples pour aiguiser l’appétit d’un possible lecteur : « Perrons enguirlandés de liserons bleus (juillet); ruines : vieille meurtrière bouchée par du lierre volumineux ». Une certaine malice pareille à une piqûre de rappel traverse aussi quelques lignes : « Moi, Madame, je ne voyage qu’en profondeur ». Ces ébauches donnent un sens contemporain au travail de Louis Codet. Deux dessins – un vase de fleurs et un autoportrait – complètent le fascicule. 16 mars 2012 à Sent-Junian, AD■ Autoportrait de Louis Codet.Le patrimoine monumental de Saint-Junien relève surtout du domaine religieux. Cependant, malgré les destructions nombreuses ou les transformations malencontreuses, la ville présente encore des constructions civiles de l’époque médiévale. Elles justifieraient une véritable étude, car si on les connaît, elles sont à peine recensées.Signalées dès le milieu du XIXe siècle, ces constructions se révèlent par leurs façades et leurs ouvertures. Il faut admettre qu’à l’intérieur, elles ont souvent subi des modifications qui n’en facilitent pas une claire compréhension. C’était la conclusion de René Crozet dans son article sur Saint-Léonard et Saint-Junien, publié en 1968 dans le bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin.Ces différentes descriptions ont passé sous silence un petit élément utilitaire, qui se trouve en plusieurs exemplaires à Saint-Junien. La maison concernée est celle dite des Consuls, place Guy-Môquet, objet d’une restauration digne d’éloges, il y a une dizaine d’années. Sa position à l’entrée de la rue principale de la ville lui vaut bien des regards curieux ou admiratifs, Des porte-bannes, mais justifiés. Les yeux ne s’arrêtent guère sur quatre courtes barres métalliques fichées à l’angle de la moulure qui souligne les premier et deuxième étages. Ce sont des tiges perpendiculaires à la façade, terminées par un anneau vertical. On les appelle des porte-bannes, ce qui indique leur fonction.Les anneaux supportaient un axe en bois sur lequel s’enroulait une toile destinée à protéger de la pluie à l’extérieur, ou du soleil à l’intérieur. Cette sorte de volet mobile se manœuvrait depuis la rue, donnant une certaine importance à la maison qui en bénéficiait. A Saint-Junien, le système a pu servir pour un décor ou un pavoisement, lors des ostensions par exemple.Quelle date assigner à ces vestiges, certes mineurs, mais dont peu subsistent? La maison dite des Consuls remonte au XIIIe siècle, dans ses parties non modifiées. Il serait tentant d’y rattacher ces porte-bannes, toutefois probablement plus récents. En existe-t-il d’autres à Saint-Junien ? Passants, levez la tête, mais attention où vous marchez, les chercheurs d’or de jadis ne sont plus là !P. E.qu’es aco?
Réalisé en collaboration avec la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles PierresRédaction :18, Paul Eluard – 87200 SAINT JUNIENFrank BErNArd – david ChAPUT – Pierre EBErhArTThierry GrANET – Jean-rené PASCAUd.• Imprimerie LAPREL – LIMOGES.Le Chercheur d’OrLe Chercheur d’Orest consultable en ligne à l’adresse : http://gantier.jimdo.com/La version papier est disponible aux archives municipales et à la médiathèque. N° ISSN 2117-8879Pour tout renseignement : Tél. 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frSainT-Junien, avec l’industria-lisation de la mégisserie à partir de 1880, voit aussi le dévelop-pement de la maladie du charbon. Avant cette date, les nombreuses pe-tites mégisseries artisanales traitent des « peaux de pays ». Mais l’arrivée des produits chimiques et surtout des machines redimensionne le traitement des peaux qui viennent du monde entier : Afrique du nord, Amérique du sud, Australie… On reproche à ces peaux venues de l’étranger d’avoir introduit massivement la maladie du charbon.Le charbon est une maladie infectieuse, causée par la bactérie « bacillus anthracis », qui se transmet à l’homme par les peaux de mouton infectées, et qui est mortelle à cette époque dans 40 % des cas. Les pustules charbonneuses apparaissent le plus souvent sur la face, le cou, le sternum et les bras, là où viennent frotter les ballots de peaux brutes transportés par les ouvriers. Il se produit une démangeaison formant quelques jours après une ulcération qui se transforme en bouton noir (d’où le nom de maladie du charbon). Un gonflement considérable occupe toute la région, entraînant une forte fièvre, des vomissements et la diarrhée, pour finir le plus souvent par la mort.La prévention pour les ouvriers est de porter des gants, un couvre-nuque, et de transporter les peaux sur des civières. L’infection charbonneuse est traitée à cette époque par les méthodes les plus variées et les plus bizarres; cela tient en grande partie à l’incertitude du diagnostic. Que de boutons, furoncles et autres lésions cutanées de peu d’importance ont été confondus avec des pustules charbonneuses et soignés par des Saint-Junien,centre de recherche la maladie du charboningrédients les plus variés, allant de la moutarde à la feuille de noyer !En 1909, le docteur Fortineau met au point un traitement qui semble efficace. Pour faire avancer cette découverte, une collecte de compte rendus d’observations est indispensable. Une grande partie de ce travail minutieux est faite à Saint-Junien par le docteur Maurice de Saint-Florent qui complète le travail commencé par son père, lui aussi médecin à Saint-Junien. Les enquêtes sont menées auprès des employés des trois grandes mégisseries (Dumas & Raymond, Desselas, Lagarde), en étroite collaboration avec les patrons. n’oublions pas que Lucien Dumas, industriel mégissier et ancien maire de la ville, est mort du charbon.D’autres professions sont aussi touchées. En 1906, une jeune fille de 18 ans se pique avec son aiguille, en cousant des gants, à la face latérale du nez. Le lendemain, elle présente un œdème considérable de toute la joue, l’œil droit est complètement fermé; elle meurt trois jours plus tard. A la même époque, un employé de la gare qui décharge les ballots de peaux est contaminé par le charbon et meurt en quelques jours.Entre 1896 et 1911, à Saint-Junien, 40 % des cas découverts et observés aboutissent au décès du malade. Entre 1912 et 1923, 15 cas de maladie du charbon sont soignés et aucun décès n’est à déplorer. La sérénité semble revenue dans les usines et Maurice de Saint-Florent de dire : « Les ouvriers mégissiers de Saint-Junien, autrefois terrorisés par la maladie charbonneuse, affichent aujourd’hui, lorsqu’ils en sont atteints au cours de leur travail, une tranquillité d’âme absolue qui frise l’insouciance. Ils savent en effet, que depuis l’application du traitement par le sérum de Fortineau la mortalité a été nulle ».J.-R. P.La Société des Vieilles Pierresa tenu son assemblée générale annuelle le 03 mai 2012. Après le compte-rendu des activités et le bilan financier, un nouveau bureau a été élu. L’association a enregistré l’adhésion de nouveaux membres et nous rappelons qu’elle est ouverte à toutes les personnes intéressées par le patrimoine et l’histoire de Saint-Junien et sa région.LeS PRoJeTS :- participation à diverses manifestations ( inauguration des terrasses de Saint-Amand, Journées Corot en juillet, Journées européennes du Patrimoine en septembre) – Publication des numéros trimestriels du Chercheur d’Or et du Dossier du Chercheur d’Or n°4.- Conférence sur l’histoire de la papeterie à Saint-Junien, à la fin