N° 47septembre 2012Supplément à la « Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1099 du 29 septembre 2012. Ne peut-être vendu séparément.Le Chercheur d’OrPublicités anciennesde Saint-JunienLa plus curieuse est une plaque de plâtre moulée en relief, de 23 cm sur 16, représentant une scène paysanne, un jour de foire, où deux hommes concluent une transaction en se tapant dans la main. Produit en série et personnalisé avec le nom de l’épicerie, ce n’en était pas moins un objet décoratif. Plus courantes étaient les chromolithographies sur de petites vignettes au dos desquelles étaient imprimées, en quelques lignes, les spécialités du magasin. J.-R. P.Jean Ripet, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est né en 1887 dans le faubourg Notre-Dame. Fils d’un mégissier et fabricant de gants, il reprendra l’affaire familiale en 1912, associé à son frère, sous la raison Ripet-Frères. A vingt ans, il se passionne d’abord pour le rugby puis, après avoir rangé les crampons, il se consacre à la colombophilie, discipline prisée alors par de nombreux gantiers. Dès le printemps, le dimanche, il scrute le ciel dans l’attente de ses champions, lâchés de Charleville, Bruxelles ou Amsterdam. A la tête de L’Hirondelle de Saint-Junien à partir de 1921, il est un animateur extrêmement actif et dévoué, ce qui lui vaut de devenir en 1945 président de la 12e région colombophile (Limousin, Charentes et Dordogne). Géant barbu et bienveillant, aussi généreux que discret, « Monsieur Jean » a joué un rôle majeur dans de nombreuses activités de Saint-Junien (nous y reviendrons). C’est une figure de la ville qui s’éteint le 30 août 1964.F. B.■Jean Ripet dans les années trente, tenant un de ses voiliers, de ce geste technique et délicat si particulier aux colombophiles (photo Lafontan).Jean Ripet,colombophileLa société colombophile L’hirondelle de Saint-Junien célèbre cette année son centenaire. C’est l’occasion pour nous de rendre hommage à celui qui a dirigé cette association pendant près de quarante années.La publicité – la réclame disait-on alors – a connu un premier âge d’or entre 1850 et 1914. C’est le temps des grandes affiches en couleurs éditées pour les marques prestigieuses et des vignettes à collectionner distribuées par de nombreux commerces. A Saint-Junien nous sont parvenus deux exemples de publicité offerte par l’épicerie Ménieux à ses clients. En 1900, le magasin de Louis Bourdy et son gendre Gabriel Ménieux est une affaire prospère, qui doit sa réussite à son emplacement stratégique au bas du champ de foire, sur le boulevard Garibaldi, actuel Boulevard Brossolette (voir le Dossier du Chercheur d’Or n°3, p.26-36).Les propriétaires ont adopté une forme de vente moderne, publiant un catalogue de marchandises et, surtout, distribuant une publicité sous plusieurs formes qui attire et récompense les clients.

Le Chercheur d’OrPage 2Grève des sachetières1902-1905 : années de conflits et de grèves dans de nombreuses corporations à Saint-Junien. En 1904, ce sont les ouvrières des fabriques de sacs en papier qui se mettent en grève. La grève est déclarée les 9 et 10 août 1904 dans les usines Barataud-Boutant et Cie, rue Junien-Rigaud (actuelle Sopasac), Bonneau, faubourg Pont-Levis (haut du champ de foire), Rigaudy-Longaygue, avenue Roche, Imbert, faubourg Gaillard, Dussoulier à Glane et Gaudy, boulevard Victor-Hugo.Les grévistes n’ont de cesse, pendant de nombreux jours, de visiter les usines à la recherche de non grévistes. A la gare, les patrons qui tentent de livrer leur marchandise sont assaillis par les manifestants qui surveillent les abords et empêchent l’expédition des commandes.Le 26 au soir, une véritable émeute éclate. A la sortie de la salle des Fêtes, 800 personnes, hommes, femmes et enfants entonnent des chants révolutionnaires et se dirigent vers les usines qui sont envahies, à l’exception de l’usine Bonneau. Les marchandises sont jetées dans la rue et incendiées, des machines sont cassées. Les huit gendarmes présents sont vite débordés. Le Maire, sur place, invite les manifestants au calme mais ne parvient pas à se faire entendre.A l’usine Barataud-Boutant et Cie, on brise les carreaux. Après le pillage des ateliers, deux feux sont allumés : un dans la rue et un autre dans la cour, à l’arrière de l’usine.Le 27, une nouvelle manifestation s’organise et se rend à l’usine Bonneau, qui a été épargnée la veille. Seule la maison d’habitation est attaquée : les volets et les vitres sont brisés, la porte enfoncée. Mais cette nuit-là, 50 gendarmes gardent les issues de l’usine qui n’est pas atteinte.Dans ce conflit, la commune est assignée. Le tribunal civil de Rochechouart cherche à savoir si la municipalité de Saint-Junien a fait son possible pour prévenir ces déprédations. Après de nombreux renvois, la cour de Limoges reconnaît que la municipalité a fait de louables efforts pour amener la conciliation entre ouvriers et patrons, mais admet néanmoins sa responsabilité et la condamne à payer la somme de 7.505,95 francs. La fin de la grève est signée le 9 septembre, et la reprise du travail se fera entre les 9 et 12 septembre.J. R. P.Les activités de l’associationLe Dossier du Chercheur d’Orn°4 paraîtra à la fin octobre 2012. il donnera aux Saint-Juniauds la traduction inté-grale de la Chronique de Maleu, publiée en latin, au milieu du XiXe siècle, par l’abbé arbellot. La conférence sur l’histoire de la papeterie à Saint-Junien sera présentée le dimanche 18 novembre, à 14 h 30, au ciné-Bourse.entRée gRatuite.■Usine Barataud-Boutant et Cie après les émeutes de la nuit du 26 au 27 août 1904 (coll. JRP). Ces deux photos, prises le matin du 27 août, nous montrent les deux incendies et les carreaux cassés. Elles ont certainement été faites et utilisées comme preuves dans les procès qui ont suivi ces débordements. Photos très rares et inédites des conflits ouvriers de cette époque.en 1904

N°47Page 3Quand TrenetchantaitCodet !Ustensile d’autrefoisLe document que nous présentons est un dépliant datant de 1941 et faisant la promotion d’une chanson de Charles Trenet. Ce « quatre pages » contient le texte intégral de La chanson du joli feu de bois, avec la partition musicale. Ces publicités étaient éditées en très grand nombre chez tous les disquaires et autres vendeurs de TSF et de phonographes.Là où ce petit dépliant est très intéressant pour l’histoire de notre ville c’est que grâce à lui nous savons que le « grand Trenet » a mis en musique un texte de Louis Codet. Car « La chanson du joli feu de bois » est un poème de notre littérateur local. Charles Trenet connaissait donc notre célèbre Saint-Juniaud, mort dans les premiers mois de la guerre, en 1914.Rien d’étonnant à cela. Après le divorce de ses parents, le jeune Charles Trenet partage sa vie entre chez sa mère à Narbonne où il est né et chez son père à Perpignan où ce dernier a installé son étude de notaire. C’est en 1926 que Charles, en villégiature à Perpignan, rencontre un des amis de son père, Albert Bausil. Ce dernier est un touche-à-tout, poète, homme de théâtre et journaliste. Albert Bausil est aussi le frère de Louis Bausil, artiste peintre de son état et qui était un des amis les plus intimes de Louis Codet, né comme lui à Perpignan en 1876.Albert Bausil né en 1881 avait bien connu Codet l’ami de son frère et de tous les artistes du Roussillon.Albert Bausil a créé une revue « Le Coq Catalan » (entendez le coq à talents). C’était un hebdomadaire local littéraire, satirique et sportif. Ce journal comptait comme signatures celles de Jean Cocteau, Max Jacob, Antoine de Saint-Exupéry, Eugène Montfort où encore Louis Codet.Charles Trenet et Albert Bausil étaient inséparables, c’est tout naturellement que Trenet écrivit dans « Le Coq Catalan » et qu’il se familiarisa avec les textes des auteurs de la maison. C’est ainsi que « La chanson du joli feu de bois » écrite par Codet a été mise en musique et chantée par une des plus grandes vedettes du music-hall français.Albert Bausil est mort en 1943, Charles Trenet écrira cette dédicace : « A Albert Bausil qui m’a découvert ».T. G.IL a été recueilli le 14 septembre 2011, alors que l’entreprise Malbrel-Conservation, de Capdenac, procédait au démontage du grand retable de la chapelle du cimetière.C’est un capuchon conique en tôle de fer, de 12,5 cm de hauteur, servant à éteindre les cierges d’accès difficile. Les trois éléments qui le composent sont soudés à l’étain. Sur le côté, la partie cylindrique verticale recevait l’extrémité d’un manche en bois, dont il ne reste rien.Faute d’une datation précise, cet objet de fabrication artisanale est à placer vers le milieu du XIXe siècle.Sous cette forme, un tel éteignoir est des plus simples. Il en existe muni L’objet reproduit ci-contre appartient au petit patrimoine, et même au tout petit patrimoine religieux de Saint-Junien.d’une queue-de-rat, pour allumer ce qui sera éteint par la suite. Un exemple de ce genre figurait à l’exposition « Religion populaire… », tenue à la salle des fêtes de Saint-Junien en juin-septembre 1988. Il était conservé à la sacristie de la collégiale. Un autre était présenté à l’exposition sur le patrimoine religieux, organisée à Saint-Victurnien, en 1991, par l’association JADE.Aussi humbles soient-ils, ces objets, autrefois nombreux, témoignent de l’importance d’un certain luminaire dans les églises, avant que l’électrification n’en modifie la nature. L’éteignoir de la chapelle du cimetière a été remis au service du Patrimoine de la ville de Saint-Junien.P. E.

Réalisé en collaboration avec la Société des Vieilles pierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles pierresRédaction :18, Paul Eluard – 87200 SAINT JUNIENFrank BERNARD – David CHAPUT – Pierre EBERHARTThierry GRANET – Jean-René PASCAUD.• Imprimerie LAPREL – LIMOGES.Le Chercheur d’OrLe Chercheur d’Orest consultable en ligne à l’adresse : http://gantier.jimdo.com/La version papier est disponible aux archives municipales et à la médiathèque. N° ISSN 2117-8879pour tout renseignement : tél. 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frDes Saint-Juniaudsinhumésen terre de BeauceFoRMé fin août 1870, ce 71e mobiles est constitué de deux bataillons; le 1er regroupe diverses localités de la Haute-Vienne et le 2e est rassemblé à Limoges le 23 septembre. Les mobiles de la Haute-Vienne vont être réunis en régiment à Gien début octobre et placés sous le commandement du colonel Pinelli pour rejoindre l’armée de la Loire, de Chanzy. Ils intègrent le 16e corps de cette armée, le 20 novembre 1870 et c’est le 2 décembre qu’ils participent à la bataille de Loigny, sous un infernal feu d’artillerie. Cette bataille se solde malheureusement par un échec.ils sont trois de Saint-Junien à être tombés au cours de ce combat :• paul MaZoRie, 23 ans, mort le 2 décembre 1870, à Loigny. Pierre-Paul Mazaury était né à Saint-Junien, le 20 août 1847. Son acte de naissance l’indique fils de Joseph Mazaury, 32 ans, menuisier, demeurant rue de Grandmont et de Marie Bernard son épouse 35 ans. • pierre-théophile-arsène teiLLet,22 ans, caporal, mort le 4 décembre 1870, à Orléans. Né à Saint-Junien, le 20 août 1848, il est fils de Joseph Léonard Teillet, propriétaire, âgé de 31 ans, demeurant rue du Pont-Levis Au nord d’Orléans, à l’entrée de Lumeau, petit village à 8 km d’Artenay, se dresse un haut monument qui domine la plaine beauceronne. Il est dédié à la mémoire des soldats du 71erégiment de mobiles tués au cours des combats du 2 décembre 1870. En effet, c’est dans cette région que s’est déroulée la bataille de Loigny opposant les Français aux Prussiens et Bavarois.et de Marguerite Durousseau, 28 ans. Déclaration faite par maître Léonard Thomassin, notaire honoraire, 69 ans, grand oncle de l’enfant et par Pierre Teillet commissaire de police, 66 ans, aïeul de l’enfant. Engagé volontaire aux mobiles, il fut frappé par le même obus que son camarade Mazorie qui l’avait appelé pour faire le coup de feu près de lui. Transporté blessé à Orléans, il y décède deux jours plus tard.• pierre-Martial MounieR, mort le 2 décembre 1870, à Chambon (canton de Beaune-la-Rolande). Sur les registres de Saint-Junien, le seul Pierre Mounier qui figure est né le 25 octobre 1835, fils de Pierre Mounier, charpentier, et de Catherine Brisseaudier. La transcription de l’acte de décès de Pierre-Martial Mounier a été faite à Saint-Junien, le 23 mai 1871 (acte n° 196). Il avait 35 ans. J.-C. F.Un témoin de la bataille de Loigny, Lucien DuMaS (1846-1894)Lucien Dumas, maire de la ville et industriel, est un ancien combattant de cette guerre. Concernant son comportement à la bataille de Loigny, nous reproduisons ci-après un extrait du livre du Comte de Couronnel.La 7e compagnie du 1er bataillon avait été déployée en tirailleurs à environ 400 mètres de Lumeau où l’ennemi était retranché. abrité par des murs crénelés, il pouvait tirer sans danger sur les nôtres. Voilà ce qu’en écrit le caporal Lucien-Dumas à son père le soir de la bataille : « Nous restons près d’une demi-heure exposés à son feu, en nous retournant, nous apercevons notre régiment qui battait en retraite ; nos mobiles reculaient avec peine sur l’ordre qui leur était donné, et la plupart avaient déjà mis la baïonnette au canon pour s’élancer vers le village. A côté de moi, notre capitaine chancelle, je le saisis, car une balle venait de l’atteindre à la cuisse. »L’épisode se termine par l’arrivée à l’ambulance du capitaine amasselièvre, dont la blessure n’était heureusement pas très grave. Le caporal Lucien Dumas l’y avait conduit, aidé par un autre mobile qui avait remplacé auprès du blessé un officier renversé lui-même par un projectile. « C’est une chance miraculeuse d’en avoir échappé, dit notre camarade en finissant sa lettre, j’avoue que le capitaine et moi, nous n’y comptions pas. »