N° 49Avril 2013Le Chercheur d’OrSupplément à la « Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1125 du 6 avril 2013. Ne peut-être vendu séparément.La porcelaine MichelaudLes gants de MistinguettAu début des années trente, Mistinguett qui vient de fêter ses 56 ans n’a peut-être plus « les plus belles jambes du monde », mais elle n’en reste pas moins la plus populaire des vedettes du music-hall parisien. C’est une légende vivante, image type de la parisienne élégante et frondeuse. Les revues qu’elle monte chaque année sont des spectacles éblouissants, aux costumes somptueux sortis des meilleurs ateliers parisiens. En 1931, c’est donc la maison Nicolet de Paris qui crée spécialement les gants de « la Miss ». Il s’agit d’une grande En 1931, pour sa nouvelle revue au Casino de Paris, « Paris qui brille », Mistinguett porte des gants extraordinaires, fabriqués à Saint-Junien par la maison NICOLET. De longs gants en peau de suède noire, garnis de tulle et de strass (image), et une paire en peau de chamois, garnis de strass multicolores.Nous sommes en novembre 1917, l’usine de porcelaine de La Fabrique tenue par la famille Berger, a éteint ses feux depuis longtemps. Les frères Michelaud, porcelainiers à Limoges, remettent en activité la fabrique. En janvier 1918, elle occupe déjà 120 ouvriers et ouvrières. Si son essor est si rapide en quelques mois, ce n’est pas le fruit du hasard. Nous sommes en pleine guerre et les frères Michelaud travaillent pour l’armée, produisant des isolateurs et des bougies pour les moteurs.maison de ganterie, installée au 8, rue Duphot, dans le 1er arrondissement, et qui possède des magasins rue de Rivoli et faubourg Saint-Honoré, mais aussi à Berlin et à Vienne.Mais la manufacture est à Saint-Junien, rue Jean-Jacques-Rousseau, et ce sont donc des gantiers limousins qui ont façonné ces gants exceptionnels.F. B.■Gants de Mlle Mistinguett, création Nicollet, illustration extraite de la revue « Les Modes », n°331, décembre 1931, p. 24.■Cendrier publicitaire en porcelaine de la manufacture Lucien Michelaud, à La Fabrique.Après la guerre, l’usine reste prospère et la confection de porcelaine de Limoges reprend ses droits. L’entreprise reste dans la famille Michelaud jusqu’au 1er mai 1962, date de sa cession par Lucien Michelaud, à la Société Jammet et Seignolles.Connue et reconnue en France et à l’étranger, notamment aux Etats-Unis, la porcelaine de Limoges, et plus précisément la porcelaine Michelaud, s’exporte.J.-R. P.

Le Chercheur d’OrPage 2La carrière de meules de l’usine du DérotLa papeterie du Dérot, aujourd’hui disparue, était à l’origine un des moulins de la Glane. A partir de 1825, avec sa transformation en usine à papier de paille, ses meules en granit servent au broyage de la paille de seigle.Sur la rive droite de la Glane, juste en face du site de l’usine, on peut voir les vestiges d’une carrière de meules que l’on peut croire mise en oeuvre spécialement pour l’entreprise. Située sur une plate-forme rocheuse, on y trouve les restes de meules ébauchées ou ratées. Un gros bloc de granit porte les traces de pic qui nous montrent comment on l’a débité pour tailler ensuite une meule. La plate-forme rocheuse, pratiquement vidée, nous laisse penser que les blocs qui s’y trouvaient naturellement ont été transformés en meules. Ce site, unique sur la commune, fera l’objet d’un relevé topographique et d’une étude plus approfondie.J.-R. P.■Ebauche d’une meule de granit. Photo JRPAntoine espoir Leroy, titulaire de la Légion d’honneur, est un Saint-Juniaud bien particulier qui ne laisse aucune trace de son passage éclair à Saint-Junien ! En effet, c’est à Fontenay-le-Comte que sa déclaration de naissance a été effectuée, 13 jours après sa naissance à Saint-Junien. François Clément Leroy, fusilier à la 14e demi-brigade d’infanterie de bataille, était en garnison à Saint-Junien lorsque sa femme est accouchée le 3 fructidor an VII (20 août 1799, que l’officier public note 2 septembre 1799 en marge de l’acte !). Mais la troupe, qui à cette époque se composait de soldats mais drainait aussi un convoi de familles, ne s’arrêtait pas pour si peu. Aussi, ce n’est que 13 jours plus tard que le père fera la déclaration de naissance au cours d’une halte à Fontenay-le-Comte. Ce petit Antoine Espoir, qui pour l’armée est né à Saint-Julien (!), Haute-Vienne, le 1er août 1799 (décidément Antoine Espoir LEROY,Saint-Juniaud par hasard et militaire à 10 mois !les administrations sont fâchées avec le calendrier révolutionnaire) ne pouvait être que militaire dès son plus jeune âge. Il entre en service dans le 14e régiment de ligne comme enfant de troupe, le 8 juin 1800, et il en est rayé des contrôles le 8 avril 1808. Militaire de 10 mois à 8 ans !Napoléon de retour de l’Ile d’Elbe débarque à Golfe-Juan, le 1er mars 1815, et une nouvelle guerre éclate. Le jeune Antoine Espoir reprend alors du service. Il rentre comme soldat dans son ancien régiment et il est fait caporal le 15 juin 1815 ; il n’a pas 16 ans. Il est licencié du 14e de ligne le 7 septembre 1815 pour rentrer aussitôt à la Légion de la Côte-d’Or, qui devient le 11e régiment d’infanterie de ligne, le 11 février 1816. Il y fera toute sa carrière militaire. Sergent le 7 mai 1818, sergent-major le 22 mai 1819, adjudant sous-officier le 24 mars 1823, il participe de 1823 à 1825 à l’expédition d’Espagne. Il est nommé sous-lieutenant le 9 mai 1829, puis lieutenant, le 20 août 1831. C’est vers cette époque qu’il épouse Reine Amélie Flore Silvy dont il aura une fille, née le 18 janvier 1833, à Clermont-Ferrand.Il passe les années 1836 à 1838 en Algérie. De fusilier, il devient lieutenant de grenadiers. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur et reçoit sa décoration à Alger, le 14 octobre 1838.En 1852, capitaine et ancien adjudant major, il est économe à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, et y demeure. Bien sûr, Antoine Espoir, ancien des armées impériales, obtiendra la médaille de Sainte-Hélène; elle lui sera accordée en 1858. Né par hasard à Saint-Junien à une date approximative et prédestiné à l’armée, Antoine Espoir décède le 1er mai 1863, à l’école militaire de Saint-Cyr.J.-C. F.■Portail de l’école militaire de Saint-Cyr-l’Ecole.

N°49Page 3Le portrait que nous présentons ici est un document historique intéressant l’histoire de notre ville. En effet, il s’agit du portrait de Jean Codet (1852-1920), fils de Louis Codet (1824-1880) qui fut le premier maire de Saint-Junien de la IIIe République, et père de Louis Codet (1876-1914), artiste, littérateur, ami de Guillaume Apollinaire, Marie Laurencin et Picasso. Jean Codet fut député de l’arrondissement de Rochechouart, parallèlement il présidait aux destinées de l’entreprise familiale, propriétaire du Moulin-Pelgros fabricant du papier de paille.Portraitde Jean CodetELu au Sénat en 1909 jusqu’à sa mort, son fils Louis lui succéda brièvement à l’Assemblée Nationale. Jean Codet s’était marié en 1875 à Perpignan avec Thérèse Marie Anne Lacombe Saint-Michel (1856-1897), il eut avec elle ses deux fils, Louis, précité et Paul (1881-1945) qui fut administrateur de l’Hôtel des Invalides à Paris. Son épouse était l’arrière-petite-nièce de Voltaire qui, selon la légende familiale, ne dédaignait pas les vins fameux issus des vignobles roussillonnais dont héritera le couple. Veuf à 45 ans, Jean Codet se consacra à ses affaires, à ses fils et à la politique. C’est en 1909, le 13 juillet à la mairie du 8e arrondissement de Paris, que Jean épousa en secondes noces Marie Eugénie Constance Corbassière. Marie Eugénie Constance, dite Constance, avait été élève à l’école des beaux-arts et ne dédaignait pas toutes les techniques picturales, peinture à l’huile, pastel ou aquarelle. Elle réalisa cet important portrait, huile sur toile de 60 cm x 73 cm, probablement dans les années 1910. Il est signé en haut à droite, C. Codet. Ce portrait fidèle figure Jean Codet à l’allure altière conforme aux photographies que nous possédons de lui. Jean Codet était un ami des arts et était entouré par une kyrielle d’artistes peintres et sculpteurs qui, souvent, étaient des amis de son fils Louis, comme le peintre Louis Bausil ou encore Gustave Violet, roussillonnais qui a réalisé un buste en bronze de Jean Codet. La mairie de Perpignan rendra d’ailleurs hommage au talent de ce grand artiste, ami de Maillol, à l’été 2013, lors d’une grande exposition qui lui sera consacrée.De Jean Codet, il reste malheureusement peu de chose. Ce portrait nous rappelle sa mémoire.T.-G.Le petit chaletdu photographeLa découverte récente d’une photographie ancienne vient apporter quelques précisions à nos connaissances sur les premiers photographes de Saint-Junien (voir Les Dossiers du Chercheur d’Or, n°2, juin 2010).Le document, une carte-photo de 8,5 cm sur 5, est dans un médiocre état de conservation. C’est le portrait d’une femme jeune, non identifiée, posant devant un guéridon. Au dos, les traces d’une mention manuscrite laissent deviner une dédicace incomplète (Témoignage de respect et de reconnaissance offert […]), avec une signature illisible. En revanche, les indications imprimées sont d’un grand intérêt. L’auteur du cliché, Joachim Arambourou, né à Mortemart en 1849, appartient à une famille de photographes dont le plus connu est Charles, son frère cadet, installé à Châtellerault au début des années 1880. Le musée de cette ville conserve une exceptionnelle collection de plus de 17 000 clichés signés de Charles. Joachim, quant à lui, ouvre un studio à Eymoutiers en 1878, puis à Libourne (Gironde) où il fera carrière. Notre portrait est donc antérieur à 1878. A Saint-Junien, le studio est installé dans la maison familiale, route d’Angoulême où Joachim a d’abord pris la suite de son père. Le document nous apporte une information inédite, le nom du studio: Photographie du petit chalet. Faut-il y voir une référence au local où le photographe travaillait? On ne peut manquer cependant de penser au chalet Corot, bâti non loin de là sur les bords de la Glane, qui devient vers 1880 le lieu de promenade préféré des habitants de Saint-Junien.F. B.

réalisé en collaboration avec la société des Vieilles pierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-Juniensociété des Vieilles pierresrédaction :18, Paul Eluard – 87200 SAINT JUNIENFrank BERNARD – David CHAPUT – Pierre EBERHARTThierry GRANET – Jean-René PASCAUD.• Imprimerie LAPREL – LIMOGES.Le Chercheur d’OrLe Chercheur d’Orest consultable en ligne à l’adresse : http://gantier.jimdo.com/La version papier est disponible aux archives municipales et à la médiathèque. N° ISSN 2117-8879pour tout renseignement : tél. 05 55 02 30 69 – courriel : socvp@orange.frEn fait, la couade est une grande louche en bois, munie d’un manche tubulaire perforé pour l’écoulement du liquide. Remplie de l’eau puisée dans un seau, elle permettait de boire. Ou, placée à l’horizontal sur le récipient, elle servait au lavage des mains.La confection d’une couade, assez souvent en hêtre, n’était pas très compliquée. Equarrie et dégrossie à la hache, la pièce de bois nécessitait ensuite l’action d’un tour pour creuser le godet puis ébaucher le manche, celui-ci percé à l’aide d’une longue mèche. Il restait à utiliser paroir et plane pour terminer le façonnage de l’ensemble.Lo couadoParmi les ustensiles domestiques d’hier, sinon d’avant-hier, il en existe un, bien modeste, la couade, lo couado, dans la désignation locale. Jadis répandu dans le Limousin et le Centre-Ouest de la France, elle est aujourd’hui souvenir ou objet de décoration. Dans certains endroits, elle est aussi appelée casse ou godet.Le couadier, ou couadaire, fabriquait ce genre d’ustensiles, que ne dédaignaient pas parfois les sabotiers. Qu’en était-il à Saint-Junien? On ne sait, mais foires et marchés locaux devaient assurer un approvisionnement facile pour la ville et surtout pour les campagnes voisines.Déjà connue au 15e siècle, la couade tire son nom de la queue que forme son manche. Cinq cents ans plus tard, le fer blanc avait remplacé le bois. Pour l’époque contemporaine, il nous a été signalé des couades en matière plastique.L’exemplaire en bois présenté ici mesure 45 cm de longueur totale, pour une largeur de 14 à 16 cm et une épaisseur de 7 cm. Quant au godet, son contenu approche le demi-litre. Cette couade peut être datée de la fin du XIXe siècle car ses possesseurs ont quitté Saint-Junien en 1901, l’emportant avec eux. Elle y est revenue depuis.Pour les curieux désirant en savoir davantage sur le sujet, nous conseillons la lecture de l’étude de M. Louis Bonnaud, publiée dans le 135e bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin. Paru en 2007, ce volume est consultable à la médiathèque municipale de Saint-Junien.P. E.Le numéro 1 des dossiers du chercheur d’or, Aux armes citoyens! Les Saint-Juniauds soldats de la Révo-lution et de l’Empire était épuisé. La société des Vieilles pierres vient de le rééditer. Le cahier d’impact n°19, intitulé « Cinq siècles de papeterie, à Saint-Junien », vient de paraître. il rassemble les textes des communications présentées à la conférence organisée en novembre 2012 par La société des Vieilles pierres. en 60 pages, largement illustré, il retrace l’histoire de la papeterie sur les bords de la Glane et de la Vienne, des moulins à papier du XViie siècle aux usines de papier de paille du XXe siècle.Des publications sur Saint-Junienen vente à la maison de la presse, rue Lucien-dumas, 10 €.Jean-cLaude fröLich, membre de La société des Vieilles pierres, publie une étude consacrée à Georges Gaudy, natif de saint-Junien, combattant de la Grande guerre devenu écrivain et journaliste. Sur les pas de Georges Gaudy, 25 €+ 3,50 € de port, à commander à J.-c. frölich, 26 rue Gravigny, 91160 Longjumeau, ou sur le site internet :www.librairie-genealogique.co