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N° 56décembre 2014Le Chercheur d’OrSupplément à la« Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1203 du 27 décembre 2014. Ne peut être vendu séparément.Cloches et dragées à Saint-JunienEn 1887, le nouveau curé, Pierre Simon Delort, ouvre une période de transformations dans l’église. Dès 1889, il envisage d’établir dans le clocher ouest un beffroi pouvant abriter quatre cloches. L’architecte Félix Werlé donne son accord au projet de Georges Bollée, fondeur à Orléans. Après modifications, ce projet comprend le maintien d’une des cloches de 1826, la refonte de l’autre qui est fêlée, aux frais de la paroisse, en augmentant son poids. La troisième cloche est offerte par une personne charitable, mais la quatrième est ajournée.Malgré que 1890 soit une année ostensionnaire, l’abbé Delort ne peut inclure dans les cérémonies la bénédiction des deux cloches. Elle a lieu le 3 août 1890 pour Marie Blanche Gustavie (760 kg) et Marie Joseph Noémie Elisabeth (480 kg).Reste à venir la quatrième cloche. C’est chose faite le dimanche 16 juillet 1899. Gabrielle Antonia est bénie par l’abbé Jean-Baptiste Leclerc, archiprêtre de la cathédrale de Limoges, délégué par l’évêque Mgr Renouard. Le compte rendu de la cérémonie ne dit pas si la cloche revêtue de sa robe de baptême est exposée aux fidèles dans l’église. Près d’elle commence la distribution traditionnelle des dragées, qui se poursuit à l’extérieur depuis une estrade montée en avant de la grande porte, pour la joie de la foule massée sur la place.Une belle photographie, probablement de Vital Granet, garde le souvenir de l’événement, photographie communiquéepar notre ami Jean-Claude Aréna. Elle rend bien l’atmosphère de ce jour particulier. Barbichets et bonnets coiffent les dames, et les messieurs arborent des canotiers, parfois brandis pour recueillir la précieuse manne, en concurrence avec tabliers et paniers tendus pour la même raison.Sur la photographie apparaît aussi la statue de saint Junien, en calcaire, fixée au-dessus du portail. Autrefois protégée par une niche en bois, elle est maintenue par deux forts crampons métalliques. Le cliché permet d’apprécier la qualité de la sculpture, qui ne dépareillait pas le « petit paradis » toujours abrité dans la collégiale. On sait qu’en 1905, une manœuvre malheureuse a causé la chute de la statue. Reconstituée tant bien que mal avec ses débris, elle a perdu beaucoup de son caractère. Déposée lors des récents travaux, elle vient de retrouver son emplacement après restauration, avec une polychromie qui en améliore heureusement l’aspect.Pierre Eberhart.Alors que s’achève 2014, fertile en commémorations, pourquoi ne pas se rappeler le 115e anniversaire du baptême de la plus récente des cloches de la collégiale.
Le Chercheur d’Or2 Le CherCheur d’Or • N° 56 • décembre 2014Plaques commémoratives de la collégiale de Saint-JunienQui sont-ils, que sait-on d’eux ? 5. Les frères Dussoub : Louis, lieutenant au 14e RI et Joseph, chasseur alpin au 12e BCALOuiS-AntOineLuCien dussoubz naît à Saint-Junien, faubourg Saler, le 22 octobre 1890. Il est fils de Maximilien Dussoubz, fabricant de gants et de Marguerite Barthélémy. Les déclarants à sa naissance sont Félix Dussoubz, fabricant de gants, 56 ans, son grand-père et Louis Dussoubz, enseigne de vaisseau, 24 ans, son oncle.Louis effectue de brillantes études, ce qui lui permet d’entrer à l’école des Arts et Métiers d’Angers, promotion 1908, puis d’obtenir un diplôme d’ingénieur. Il effectue son service militaire d’octobre 1911 à novembre 1913 au 63e RI de Limoges. Il terminera sergent. Rappelé en août 1914 au 263e RI, il va rapidement passer adjudant puis sous-lieutenant et s’illustrer au cours de différents combats à la tête de sa section. En juin 1916, il passe au 278e RI, 4e bataillon, 13e compagnie, où il est promu lieutenant. C’est dans ce régiment qu’il obtient une citation à l’ordre de la 123e brigade, le 30 mai 1917, sur le Chemin des Dames. Il sera blessé un mois plus tard lors de violents combats dans les secteurs de Vauxaillon-Yourny.Après dissolution de son régiment, en janvier 1918, il est affecté au 14e RI, à la tête de la 6e compagnie du 2e Bataillon. C’est au début juin qu’il va perdre la vie dans la région de l’Aisne entre Villers- Cotterets et Soissons. Fin mai, venant de Saint-Omer-en-Chaussée, le régiment est envoyé sur Longpont. Le 31 mai, le 2e bataillon débarque à 1 heure du matin et est chargé par le général commandant le 11e corps d’armée de se placer en couverture immédiate de Longpont. La mission du régiment est de boucher une brèche dans laquelle l’ennemi s’est infiltré et reprendre le contrôle du terrain. Mais les bataillons sont attendus par les Allemands et, arrêtés par de nombreux nids de mitrailleuses, ils doivent se replier après de nombreuses pertes. Le bilan en fin de journée est le suivant : 1 officier tué, 2 officiers disparus, 7 officiers blessés ; pour la troupe 9 tués, 145 blessés et 186 disparus. Le lendemain, le bilan des pertes est encore plus lourd : 2 officiers tués, 4 officiers disparus dont le lieutenant Dussoubz, 1 officier blessé ; pour la troupe 21 tués, 106 blessés, 205 disparus. C’est à titre posthume qu’il sera élevé au grade de capitaine en date du 29 juillet 1918. Il sera décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze et de la Légion d’honneur. On ne retrouvera jamais son corps. C’est le jugement du tribunal de Rochechouart en date du 5 février 1920 qui fera office d’acte de décès, sur la base des témoignages de deux officiers du régiment et de la reconnaissance de divers objets lui ayant appartenu. Mais il serait injuste d’oublier son frère aîné, Félix Joseph, né aussi à Saint-Junien, le 15 décembre 1887. Matricule n° 739 du bureau de recrutement de Magnac-Laval, ce voyageur de la maison Dussoulier, est affecté au 12e bataillon de chasseurs alpins. L’Alsace de 1914 à 1916. Après un repos à l’arrière à Gérardmer, le bataillon est chargé de l’aménagement des tranchées d’avant-poste entre le Collet-du-Linge et Le Linge. Ces travaux se font sous les bombardements incessants des batteries allemandes de 74 et 77 ; du 15 au 21 octobre, cette pluie d’obus fait 15 tués et 70 blessés. C’est le 18 octobre 1915 que Joseph est blessé. Les médecins diagnostiquent une perforation des tympans et une commotion cérébrale. A la suite de cette blessure, il est affecté en 1916 dans le service auxiliaire pour blessures de guerre et attaché au bureau de la comptabilité du trésorier du 12e chasseurs alpins, dont il finira par devenir trésorier. Titulaire de la Croix de guerre, c’est le 29 octobre 1918 à l’hôpital mixte d’Embrun que Joseph Dussoubz va décéder des suites de maladie contractée en service, quelques mois après son frère. Ce terme habituel de maladie en service, rencontré sur de nombreuses fiches, recouvre principalement des maladies pulmonaires résultant des conditions de vie exécrables dans les tranchées. Mais compte tenu de la date de ce décès, on peut raisonnablement penser qu’il a été victime de la pandémie de grippe espagnole qui a sévi de septembre à décembre 1918.Ses obsèques ont été célébrées à Embrun, où les honneurs lui ont été rendus, le 30 octobre 1918, en présence de son père. Son corps a ensuite été rapatrié à Saint-Junien, où une cérémonie en la collégiale a eu lieu en présence d’une foule nombreuse. Jean-Claude Frölich> Joseph Dussoubz, chasseur alpin. Archives municipales.> Louis Dussoubz dans les tranchées (assis). Archives municipales.
N°56Le CherCheur d’Or • N° 56 • décembre 2014 3Le collège de Saint-Junientrois reines pour le MaréchalEN 1814, le principal du collège de Rochechouart et trois instituteurs demandent la création d’un collège à Saint-Junien, ce qui est fait la même année. Malheureusement, nous n’avons pas trouvé où cette école fut créée. Il faut attendre 1827 pour voir son installation dans l’ancien couvent des Filles-Notre-Dame, bâtiment acheté par la commune comme bien national à la Révolution. Ce bâtiment servait de mairie. A partir de là, il devint collège, puis Ecole Primaire Supérieure, lycée, et actuellement Cité Administrative Martial-Pascaud.Jean-Baptiste-François Bouriaud, auteur de ce magnifique prospectus, dirigea le collège de 1817 à 1838. Il était important pour lui de le faire connaître, d’où ce prospectus élogieux, vantant la ville et le collège, que l’on peut dater de 1827. Depuis, l’eau a bien coulé sous le pont Notre-Dame : la monarchie est tombée, la séparation de l’Eglise et de l’Etat a eu lieu, seule la commune continue de s’applaudir à juste titre pour ses réalisations multiples et variées.Jean-René PascaudAu début du XXe siècle, tandis qu’à Millau on élisait en grandes pompes une reine de la ganterie, Saint-Junien se contentait d’organiser un bal annuel dans la salle du Casino, boulevard Gambetta, à l’occasion de la sainte Catherine, patronne des gantiers.C’est la venue en Limousin du Maréchal Pétain, les 19 et 20 juin 1941, qui va faire proclamer pour la première fois, et la dernière à notre connaissance, une reine de la ganterie. En fait, c’est même trois reines qui sont présentées à Pétain, puisqu’on a couronné de la même façon deux autres corporations du cuir à Saint-Junien, la mégisserie et la teinture. La tenue des trois jeunes filles, barbichets et sabots, plus en rapport avec le monde rural qu’avec l’industrie, ne pouvait que plaire au vieux maréchal dont le régime prônait « le retour à la terre » et les valeurs de la tradition.Au champ de foire, où il est accueilli par la musique militaire, les autorités, les enfants des écoles et une foule nombreuse, Pétain reçoit des fleurs et embrasse les trois jeunes filles qui les lui offrent. La toute jeune reine de la ganterie est alors frappée par le regard du Maréchal, d’un bleu à la fois très clair et d’une grande intensité. Elle s’en souvient encore! Frank BernardMalgré leur attachement à leur métier, les gantiers de Saint-Junien n’ont guère célébré la ganterie. > Les reines de la mégisserie, de la ganterie et de la teinture, juin 1941. Photographie Lafontan, collection particulière.
Publication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles PierresRédaction :Frank BERNARDN°ISSN 2117-8879• Imprimerie L’ABEILLE.Le Chercheur d’OrLe Chercheur d’Orest consultable en ligne à l’adresse : http://gantier.jimdo.com/La version papier est disponible gratuitement aux archives municipales, à la médiathèque de Saint-Junien et à l’office du tourisme.Pour tout renseignement : Tél. 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frDe fraîches nouvellessur le rugby du Chalet… d’antanEn égrenant ses souvenirs, Jean Colombier propose un bon moment d’Échauffement.AyAnt choisi le Limousin au terme d’une carrière pour une retraite au vert, c’est aussi en apprécier quelques valeurs identitaires comme la qualité d’accueil, l’art de vivre et des formes de militantisme qui peuvent se décliner en modules syndicaux, politiques, religieux ou sportifs. Et choisir Saint-Junien en particulier c’est faire sienne la mémoire du Chalet, de ses héros d’une époque de lumière, dont la nostalgie vibrionne en chacun de ses habitants (ou presque).Saint-Junien dans la Grande GuerreLe Dossier du Chercheur d’Or n°6, novembre 2014en vente à la Maison de la Presse, rue Lucien-Dumas.100 pages, illustré, 14 e