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N° 60décembre 2015Le Chercheur d’OrSupplément à « La Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1250 du 8 janvier 2016. Ne peut être vendu séparément.A Saint-Junien,sur les pas de CorotMis à part les tableaux de notre compatriote Jean Teilliet, les paysages de Saint-Junien peints par des artistes renommés ne sont pas si nombreux.Une récente vente aux enchères (Bordeaux, 5 décembre 2015) vient de mettre à l’honneur un lumineux tableau signé A. Baudit, daté de 1880 et portant au dos la mention Saint-Junien, Limousin(huile sur toile, 50 x 65 cm). Amédée Baudit (Genève 1826, Bordeaux 1890) est un des grands peintres paysagistes du milieu du XIXe siècle qui, après une solide formation achevée à Paris, choisit d’installer son atelier en 1865 à Bordeaux, où il devient le chef de file d’une école régionale de peintres du paysage. De ses nombreux voyages dans les régions françaises il rapporte des toiles qu’il expose chaque année aux Salons de Paris et de Bordeaux. Mais c’est le sud-ouest qui l’inspire le plus, particulièrement les paysages sauvages de bord de mer et de lacs ou les vastes landes d’ajoncs.A Saint-Junien aussi, le paysage qui a retenu son regard est un « désert », une lande semée de rochers qu’il peint avec les chaudes colorations de l’été limousin. Un paysage cependant qu’il nous serait difficile de retrouver aujourd’hui aux environs de notre cité, car la campagne n’y offre plus guère de ces rudes espaces abandonnés à la bruyère La venue à Saint-Junien d’Amédée Baudit n’est pas sans rapport avec Corot. A Bordeaux, il côtoie Louis Auguin, peintre paysagiste comme lui, qui fut l’élève et l’ami de Corot et a pu lui recommander la vallée de la Glane qui avait inspiré le maître. Baudit en a-t-il peint lui aussi les rochers et les arbres ? L’œuvre reste à trouver.Frank BernardLa fin d’une tradition ?Pour la première fois, en juillet 2015, le son du canon n’a pas retenti aux portes de la ville. ContrAirement à juillet 2014, fortement pluvieux, il faisait un beau temps et nous étions quelques-uns à attendre les pompiers et leur vieux canon des années 1880-1890. En vain. Pour des raisons de sécurité, nous a-t-on dit, cette coutume a été supprimée. Ce cérémonial qui avait pour but de rappeler la prise de la Bastille se déroulait chaque 13 juillet vers 21 heures et chaque 14 juillet vers 8 heures. Il consistait à faire le tour des boulevards avec un canon sur son affût, s’arrêter aux quatre portes de la ville et tirer deux coups de canon. Ces promenades bruyantes débutaient à la porte du Pont-Levis (square Curie), passaient porte Saler (place Joseph-Lasvergnas), porte de la Voie du Pont (place Julienne-Petit) et se terminaient à la porte du Cimetière (entrée de l’avenue Voltaire). Le canon acquis par une souscription lancée par Jacques Chabaudie en 1883 avait fait ses premières mises à feu le 14 juillet 1883.(Suite page 3)> Mise en place du canon, 14 juillet 2014.(Photo J.-C. F.) > Amédée BAUDIT, Saint-Junien, Limousin.
Le Chercheur d’Or2 Le chercheur d’Or • N° 60 Idécembre 2015Plaques commémoratives de la collégiale de Saint-JunienQui sont-ils, que sait-on d’eux ? 8. Les frères Delhoume, fils des intituteurs du MasC’est fin 1880, que le couple Jean Delhoume et Rose Lucie Dujacques vient s’installer à l’école du Mas, commune de Saint-Junien, après avoir commencé une carrière d’instituteurs à Veyrac.IlS y enseigneront pendant un demi-siècle. Jean Delhoume, officier du mérite agricole et officier d’académie, et son épouse viendront après leur retraite se fixer en ville, route de Fayolas. En 2015, certains habitants du Mas se souviennent avoir entendu leurs parents parler de ces instituteurs rigoureux et respectés.De ce couple sont nés dix enfants, d’abord à Veyrac puis à Saint-Junien, à l’école du Mas :• Célestin Paul, né le 25 janvier 1873, à La Barre.• Marthe, née le 23 septembre 1874, à La Barre.• Jeanne, née le 26 mars 1876, à La Barre.• Hélène, née en 1878, à La Barre.• Jules Pierre, né le 12 février 1880, à La Barre (voir ci-après).• Louis Lucien, né en 1881 au Mas, décédé en 1882.• Emile, né le 31 juillet 1883 au Mas, enseignant pendant de longues années à l’école du Pont-Neuf à Limoges et décédé le 23 juin 1973, à Nantes.• Madeleine (Marguerite pour l’état civil) née le 31 octobre 1887, au Mas.• Amédée Jean Lucien, né le 3 février 1892 au Mas (voir ci-après).• Marie-Louise, née le 23 octobre 1894 au Mas, institutrice à Saint-Junien. Comme leurs parents, la plupart de ces enfants feront carrière dans l’enseignement. Jules Delhoume (n° 129 sur la plaque de la collégiale) Il est appelé au service en novembre 1901 et termine sergent. Passé dans la réserve en novembre 1904, il va se rengager plusieurs fois jusqu’à la guerre. Il se marie à Périgueux le 9 mars 1909 avec Marie Louise Zélie Fricout.Il est père d’un petit garçon, Jean, âgé de 4 ans lorsque la guerre éclate. D’abord affecté à la 12e section de commis et ouvriers d’administration, il est nommé adjudant le 28 septembre 1914. Devant le besoin croissant de soldats d’active il passe devant une commission de réforme qui le déclare apte aux armes combattantes. Il est affecté au 107erégiment d’artillerie, le 12 octobre 1917.Après le 107e régiment, c’est au 130e régiment d’artillerie lourde en cours de création que Jules Delhoume est versé en avril 1918. Il est nommé sous-lieutenant le 21 septembre 1918. Peu de temps après, il est blessé au cours d’un bombardement et transporté dans l’ambulance 1/7 de Senlis. Ce n’est pas de ses blessures qu’il décède le 29 octobre 1918, mais d’une maladie contractée à l’hôpital : « congestion pulmonaire massive suite de grippe ». Ce sont les symptômes mêmes de la deuxième vague de la grippe espagnole, vague la plus meurtrière qui va sévir pendant le dernier trimestre de 1918.Inhumé d’abord à Senlis, son corps est rapatrié à Saint-Junien le 19 mars 1921, où a lieu une cérémonie à l’église suivie d’une inhumation au cimetière. Il est fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume en novembre 1921. Lucien Delhoume(n° 128 sur la plaque de la collégiale) Il est de la classe 1912 et passe son conseil de révision en même temps que les frères Margoutaud, en avril 1913. Il est instituteur à Saint-Laurent-sur-Gorre lorsqu’il est incorporé en octobre 1913 au 170e RI. Caporal en avril 1914, comme beaucoup d’instituteurs, il sera nommé sergent en octobre 1914.Son régiment est regroupé à Epinal, chargé de la défense de cette ville, puis cantonné à Baccarat. Il livre quelques combats en Lorraine, notamment à Montigny le 24 septembre, où tombent les premiers hommes de ce régiment. En novembre il est envoyé dans la région de Soissons, en première ligne, pour des travaux d’amélioration des tranchées à la limite de l’Oise et de l’Aisne. A la veille de Noël 1914, Lucien Delhoume est frappé par un éclat d’obus à la tête. Son acte de décès est transcrit à Saint-Junien le 31 mai 1915. Son corps est rapatrié à Saint-Junien en avril 1921 et ses obsèques ont lieu le 11 avril 1921 en la collégiale de Saint-Junien, en présence de ses parents, instituteurs à la retraite. Déjà titulaire de la croix de guerre, il recevra en février 1921 la médaille militaire à titre posthume. Jean-Claude Frolich> Jules Delhoume et ses sœurs, Jeanne, Marguerite, Marthe et Hélène.(Archives famille Guichard-Rollet) .
N°60Le chercheur d’Or • N° 60 I décembre 2015 3Un prêtre réfractaire de Saint-Junien pendant la RévolutionJean-Baptiste Auzanet, prêtre, chanoine semi-prébendier de la collégiale de Saint-Junien, refuse de prêter serment à la constitution civile du clergé de 1791 et devient donc prêtre réfractaire. Mais il continue d’exercer son culte malgré la loi du 26 août 1792 qui le menace.FinAlement, il est arrêté en 1793 et après quelques mois de séjour dans les prisons de Limoges, il se voit condamner par le tribunal criminel de la Haute-Vienne, à « la déportation au-delà des mers ». Il est conduit à Rochefort qui est le point de départ vers la Guyane ou Madagascar pour ces prêtres condamnés. Il embarque sur le navire « Les Deux Associés » mais le bateau trop abîmé ne prendra jamais la mer et restera ancré sur place. Il y meurt le 21 août 1794, à l’âge de 48 ans, d’épuisement et de maltraitance. Il est enterré avec ses compagnons d’infortune sur l’île Madame (254 prêtres sont ensevelis sur un site matérialisé par une grande croix faite de galets).Rochefort-sur-Mer et ses pontonsCes fameux pontons sont en fait deux vaisseaux négriers baptisés « Les Deux Associés » et le « Washington » arrimés dans l’estuaire de la Charente, entre l’île d’Aix et l’île Madame. Trop abîmés pour prendre la mer, ils sont démâtés et transformés en prison flottante pour les prêtres réfractaires. Dans un entrepont de 40 places, près de 400 prêtres sont entassés et enfermés. Les morts se comptent par dizaines chaque jour et les cadavres sont jetés par dessus bord. Les riverains se plaignent de voir ces corps poussés par les marées vers la côte et redoutent une épidémie. On décide alors de débarquer les prisonniers sur l’île Citoyenne (actuelle île Madame). Mais la maltraitance continue et les prêtres meurent toujours aussi nombreux. Sur les 827 prêtres emprisonnés sur les pontons en mars et avril 1794, seuls 238 survivent jusqu’en octobre. Les autres sont enterrés à l’île Madame et à l’île d’Aix.Encore aujourd’hui, un pèlerinage a lieu tous les ans vers le 20 août à l’île Madame où chaque fidèle dépose un galet. Leur accumulation, au fil des ans, a fini par former une immense croix. Jean-René PascaudLa fin d’une tradition ?(suite de la page 1)> La croix des galets à l’île Madame (Charente-Maritime) .> Tir du 14 juillet 2014, place Julienne-Petit. Le coup vient de partir ! (Photo J.-C. Frolich).LeS pompiers étaient chargés de la mise en œuvre. Le rituel était immuable et le scénario se déroulait ainsi : calage du canon, chargement des « boulets » (agglomérat de balles de carton), bourrage par la gueule à l’aide d’un presse- étoupe, chargement de poudre noire à l’arrière du tube, mise en place de la mèche et allumage par l’artificier, grosse détonation et éjection du «boulet». Un nuage de fumée et une pluie de particules fines ponctuaient cet événement. Il était recommandé de bien se boucher les oreilles et d’ouvrir la bouche pour éviter une onde de pression préjudiciable aux tympans. Au départ du coup, les chats s’enfuyaient et certaines fenêtres s’ouvraient. Le deuxième tir effectué, un petit cortège se formait jusqu’à la porte suivante.Il semble que désormais nous n’aurons plus droit à ce petit divertissement bruyant. A moins que… ? Jean-Claude Frolich
Le supplément « Le Chercheur d’Or » est consultable en ligne à l’adresse : http://gantier.jimdo.com/La version papier est disponible gratuitement aux archives municipales, à la médiathèque de Saint-Junien et à l’office du tourisme.Pour tout renseignement : 05 55 02 30 69 – courriel : socvp@orange.frEDITIONS L’ABEILLE B.I.P. SASdépôt légal à parution • ISSN 3441-4101 K • ArrONdISSeMeNT de rOchechOuArT. Autorisé pour l’arrondissement judiciaire à publier les annonces judiciaires et légales en matière de procédure civile et de commerce, ainsi que les actes des sociétés. No cPPAP 0615 I 87943 Tirage : 4.000 ex. Abonnement 2016 : 45 • Prix du No 1 Directeur de Publication : François BuSSAc • Rédactrice en chef : Anne chATeNeT • Rédactrice : LouisecArPeNTIer • Rédaction « Le Chercheur d’Or » : Franck Bernard et Société des Vieilles Pierres.Conception : Studio four cat’S : Sébastien cATILLON. Impression :rOTO centre • 45770 SArAN/Graphicolor • 87000 LIMOGeS.Les suisses de 1897A la veille, ou presque, des prochaines ostensions, l’occasion se présente d’évoquer les suisses de 1897 d’après la revue L’Illustration du 17 juillet de cette année-là. Un article anonyme y relate l’arrivée et la vie de saint Junien, avant de décrire les différentes étapes des ostensions et leur clôture. L’intérêt réside surtout dans les cinq photographies, dues à A. Ducoudray, qui accompagnent le texte.La face du tombeau de Saint-Junien n’apporte rien de spécial. Deux autres vues montrent La rue du Pont-Levis couverte de feuillage et La rue Lucien-Dumas transformée en forêt. Pour nous, c’est la même rue, aussi bien dessus que dessous.Le groupe des pèlerins et poitevins a été édité vers 1900 dans une série qui marque pratiquement l’apparition de la carte postale à Saint-Junien.Le dernier cliché de L’Illustration est le meilleur. Les quatre suisses dans la position du salut, le pied gauche en avant, abaissent leurs colichemardes vers le sol. La scène est prise dans un jardin, peut-être celui d’Amand Hubert Chabeaudie, le président du Comité. Pour ce salut, la position des gardes du tombeau s’apparente à celle adoptée en 2009, une simple inclinaison des épées… sans postérieurs mis en évidence.On connaît le visage des suisses depuis 1890, grâce à un rarissime album de Vital Granet. A partir de 1904, les cartes postales prennent le relais, mais sans les noms. Rien de tel en 1897, à l’exception de l’article de L’Illustration.En 1897, les quatre suisses, élus le dimanche 10 janvier, tous originaires de Saint-Junien, sont :– Léonard Chabaud (1819-1902), maçon, route de Saint-Brice, déjà en 1876 et 1883, sergent en 1890 et 1897 ;– Junien Raynaud (1826-1897), fossoyeur, rue des Maçons, déjà en 1869, 1876, 1883 et 1890 ;– Jean Bernard (1858-1900), gantier, rue Dubois, déjà en 1890 ;– Antoine Couraud (1870-1931), journalier, rue de Grandmont, sergent en 1904 et 1911.Le cortège de clôture se déroule le 13 juin 1897. Pour une raison ignorée, Léonard Chabaud ne semble pas figurer sur le cliché de L’Illustration. Il est remplacé par Simon Varachaud (1853-1907), que l’on retrouve encore en 1904.De quels albums de famille sortiront d’autres photographies de nos suisses, si ancrés dans les traditions saint-juniaudes ? Pierre Eberhard> Junien Raynaud, Simon Varachaud, Jean Bernard et Antoine Couraud.(Photo A. Ducoudray).Le numéro7 des Dossiers du Chercheur d’Or vient de paraître SAINT-JUNIEN, ARCHéOLOGIE ET HISTOIRE, 2AU SOmmAiRE :• Le chemin de Manot• L’aqueduc souterrain de Saint-Junien• Les moulins de Grandmont à Saint-Junien• De Saint-Junien à Loubressac en passant par L’Isle-Jourdain, la légende oubliée de saint Silvain• Saint-Junien, une histoire industrielle• Le Châtelard, Jérôme et Jean Tharaud• Autour de Notre-Dame-du-Pont avec madame Jean RipetEn vente à La Maison de la Presse, rue Lucien-Dumas, 12 €