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N° 64décembre 2016Le Chercheur d’OrSupplément à« La Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n° 1295 du vendredi 23 décembre 2016. Ne peut être vendu séparément.La Glane des peintresune des meilleures preuves de la venue de Corot sur les bords de la Glane à Saint-Junien – pour ceux qui en douteraient encore – est le nombre de ses émules qui, dans les pas du maître, ont peint notre rivière.Parmi eux,Le Chercheur d’Or (n°60, décembre 2015) a déjà évoqué Amédée Baudit, à l’occasion de la vente de son tableau intitulé « Saint-Junien, Limousin ».Certes, le sujet en est une lande et non la Glane, mais pouvait-on imaginer que Baudit, durant son séjour à Saint-Junien, n’ait pas parcouru la vallée profonde à la recherche de l’inspiration ?C’est la visite de l’exposition Eugène Alluaud, le passeur d’arts (musée de la vallée de la Creuse à Eguzon, juin-septembre 2016) qui nous en a livré la confirmation. Elle présentait en effet un petit tableau signé A. Baudit, sans titre, mais dont le sujet ne fait aucun doute ! C’est bien la Glane, ses rochers et ses arbres, ses reflets et ses ombres, que le peintre bordelais a fixés sur la toile. Les plus familiers de la vallée pourraient peut-être même en identifier le site précis. Ce n’est pas une œuvre majeure, juste un tableau peint sur le motif à coups de pinceau rapides, mais c’est pour nous une preuve supplémentaire que les artistes sont venus travailler sur les rives de la Glane dès les années 1880, c’est à dire peu après la disparition de Corot. En quête d’une nature qui inspire, à la recherche de l’émotion esthétique, sans doute espéraient-ils être saisis, comme lui, « par le génie du lieu qui hante, encore aujourd’hui, la verte et riante vallée de la Glane » (Stephan Alzaris).L’exposition d’Eguzon nous réservait une autre surprise : un tableau intitulé La Glane, signé de Charles Donzel (1824-1889). Admirateur et ami de Corot, Donzel a séjourné durant les années 1850 en Limousin où il a travaillé pour les porcelainiers de Limoges. Un témoignage le signale près du village de Glane en 1857, en compagnie d’un autre peintre (Sueur) tout deux « regagnant gaiement le logis, leur portefeuille grossi de riches ébauches* ». La Glane du tableau d’Eguzon n’est pas le vif torrent qui passe à Saint-Junien, me direz-vous, mais plutôt la calme rivière bordée de prairies qui coule en amont du Pont-à-la-Planche. Il n’en reste pas moins que Donzel, « le peintre des eaux » comme le surnommait Corot, est venu très tôt en bord de Glane. Qui des deux, Corot et Donzel, a guidé l’autre vers la vallée ?* Henri Alexandre Flour de Saint-Genis, Lettres sur le Limousin, Les Ardents Editeurs, 2007, soixante-deuxième lettre, octobre 1857.Frank BernardAmédée Beaudit, sans titre, huile sur toile, coll. privée.Charles Donzel, La Glane, huile sur toile, coll. privée.
Le Chercheur d’Or2 Le chercheur d’Or • N° 64 Idécembre 2016Plaques commémoratives de la collégiale de Saint-JunienQui sont-ils, que sait-on d’eux ? 12. Joseph Louis Bouquet, un zouave victime collatérale de notre artillerie. Joseph louis Bouquet, 39e sur les plaques de la collégiale, est né le 7 février 1880 à Saint-Junien faubourg Saler, fils de Jean Bouquet négociant et de Marie Grenier, sans profession. Seul fils du couple, il a une sœur cadette, Justine, née 7 ans après lui, dont il sera le témoin à son mariage avec Antoine léon martial Delavergnas, en 1906 (voir photo). NéGociant en grains, classe 1900, matricule 1676 au recrutement de Magnac-Laval, il est appelé en septembre 1901 et affecté au 63e RI. D’une bonne instruction, niveau 3 pour l’armée, ce qui correspond au certificat d’études, il est nommé soldat de 1re classe en septembre 1902. Après ses trois ans de service, et son certificat de bonne conduite accordé, il est envoyé dans la disponibilité en septembre 1904. En 1907 et 1911, il effectuera ses deux périodes d’exercices au 138e RI. Il est rappelé à l’activité en vertu du décret du 1er août 1914 (ordre de mobilisation générale) et il rejoint son corps le 20 août 1914, date à laquelle il est affecté au 63e RI. Il sera nommé caporal le 6 septembre 1914. Le 4 juin 1915, il est affecté dans un régiment de zouaves de la 3e brigade marocaine, le 9e régiment de marche des zouaves. Dès la mi-juin, il participe aux opérations autour d’Arras dans la vallée de la Scarpe en réserve de la XXe armée. Après avoir tenu les tranchées dans la région de Neuville-Saint-Vaast, il est envoyé fin juillet en Lorraine dans la région de Lunéville. Ce régiment de zouaves va recevoir son drapeau le 24 août 1915, au cours d’une revue faite à Manoncourt-en-Vermois par le Président de la République, en présence du roi des Belges. Trois semaines plus tard, le régiment part sur le front de Champagne où se prépare l’offensive générale de la seconde bataille de Champagne, dans le secteur de Beauséjour (entre Le Mesnil-les-Hurlus et Massiges), offensive qui se solde d’abord, fin septembre, par un échec et de lourdes pertes, avant la prise de l’objectif défini, l’ouvrage de la Défaite, le 6 octobre 1915. C’est en lisant le JMO du 9e zouaves que l’on trouve les circonstances de la mort de Joseph Bouquet sur la butte du Mesnil. En effet, le 27 octobre 1915, le bataillon Delerue (3e bataillon du 9e zouaves) dont il fait partie au sein de la 10e compagnie, est affecté à la gauche du dispositif d’un secteur occupé précédemment par le 76eRI dans le ravin de Marson et subit des bombardements ennemis : « Nuit du 26 au 27 : travaux d’organisation du secteur ; tranchées éboulées et boyaux impraticables en beaucoup d’endroits. C’est le bataillon de réserve qui a été chargé de ces travaux. L’ennemi a envoyé une vingtaine de torpilles sur la compagnie de 1re ligne du bataillon de gauche ; notre artillerie de 75 a riposté mais son tir trop court nous a tué 1 homme et blessé 2 ».Ainsi donc périt Joseph Bouquet, victime comme c’est arrivé souvent dans les premières lignes françaises, d’une imprécision des tirs de notre artillerie ; dégâts collatéraux dirions nous actuellement. Un service funèbre a lieu le 9 décembre 1915 en la collégiale de Saint-Junien et son acte de décès est retranscrit à Saint-Junien le 12 février 1916. Son corps a été le premier rapatrié à l’issue de la guerre et a été inhumé dans le cimetière le 10 février 1921.Jean-Claude Frölich Mariage Justine Bouquet – Martial Delavergnas, 21 septembre 1906. Joseph Bouquet, en chapeau haut de forme, au centre du dernier rang. (Collection particulière).Joseph Bouquet en uniforme de zouave ; photographie sur sa tombe au cimetière de Saint-Junien.
N°64Le chercheur d’Or • N° 64 I décembre 2016 3Saint-Junien a vu naîtreun des pionniers de la « petite reine » Joseph laval, dit Jiel laval, est né le 27 novembre 1855, faubourg du pont-levis à Saint-Junien. Son père, Gabriel laval, âgé alors de 35 ans, était maréchal des logis à la gendarmerie de notre ville.Jiel-Laval à l’issue de la course Paris-Brest-Paris de 1891.Portrait de Joseph Laval.ALors que Joseph n’est encore qu’adolescent, sa famille quitte Saint-Junien pour Angers où son père poursuit sa carrière au sein de la maréchaussée. C’est sur les bords de Loire que le jeune Joseph découvre le vélocipède. Il dispute ses premières courses en 1876. Joseph, que l’on nomme à présent Jiel, s’installe définitivement à Bordeaux où il devient commerçant. En 1891, Jiel Laval entre dans l’histoire en participant à la première de la mythique course cycliste « Paris – Brest – Paris », soit 1 170 km de course.C’est sur une bicyclette Clément que Jiel Laval disputa cette terrible épreuve. Au soir du 6 septembre 1891, il vira en tête à Brest, avec 40 minutes d’avance sur Charles Terront. Mais ne pouvant résister à la fatigue, il fit une pause à Guingamp et Terront remporta finalement la course, roulant sans dormir durant 71 heures et 22 minutes. Jiel LAVAL, second, accusait un retard de 7 heures et 40 minutes. Sur 206 compétiteurs, seule une centaine termina la course, certains après plusieurs jours en s’arrêtant dans des auberges pour la nuit.Comme Charles Terront, Jiel Laval entra dans la légende de ce sport devenu dès sa naissance si populaire. De retour à Bordeaux, il se consacra au commerce de bicyclettes jusqu’à son décès le 26 janvier 1917. Son biographe, Didier Rapaud, écrit à propos de ce forçat de la route : « Champion héroïque, sportif visionnaire et vrai gentleman, Jiel Laval fut aussi constructeur de bicyclettes et d’automobiles. Son itinéraire est un condensé d’une certaine France, celle de la naissance de la vélocipédie, de l’automobile et de l’aviation. »Saint Léonard-de-Noblat peut légitimement s’enorgueillir d’avoir vu naître le grand Raymond Poulidor, héros du cyclisme français du XXe siècle ; Saint-Junien l’a précédé un voyant naître l’un des grands champions du XIXe.Thierry Granet Publicité pour les cycles Jiel-Laval à Bordeaux.
Le CherCheur d’OrPublication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles Pierres : 18, rue Paul-Elluard • 87200 SAINT JUNIENLe supplément « Le Chercheur d’Or » est consultable en ligne à l’adresse : www.gantier.jimdo.comLa version papier est disponible gratuitement aux archives municipales, à la médiathèque de Saint-Junien et à l’office du tourisme.N°ISSN 2117-8879 Pour tout renseignement : 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.fredITIONS L’ABeILLe B.I.P. SASDépôt légal à parution • ISSN 3441-4101 K • ARRONDISSEMENT DE ROCHECHOUART. Autorisé pour l’arrondissement judiciaire à publier les annonces judiciaires et légales en matière de procédure civile et de commerce, ainsi que les actes des sociétés. No CPPAP 0615 I 87943 • Tirage : 4.000 ex. Abonnement 2016 : 45 € • Prix du No 1,20 €Directeur de Publication :François BUSSAC • Rédactrice en chef : Louise CARPENTIER • Rédaction « Le Chercheur d’Or » : Franck Bernard et Société des Vieilles Pierres.Conception graphique : Studio four cat’S : Sébastien CATILLON. Impression : ROTO Centre • 45770 SARAN – Graphicolor • 87000 LIMOGES.notes de lecture60 pages, illustrations en couleurs en vente à la maison de la presse, rue lucien-Dumas, 10 €Saint-Junien, autour de sa collégialeMême si les ostensions sont terminées, comment ne pas signaler l’excellent ouvrage de Paul D’Hollander sur le sujet, édité par Les Monédières ? Saint-Junien y figure en bonne place, ainsi que Javerdat et Saint-Victurnien. Avec un index et une bibliographie.Autre excellent ouvrage, Les saints du Limousin. Croire et montrer, de Jean-Christophe Masmonteil, publié par « Rencontres avec le Patrimoine religieux ». Un texte agréable et documenté, abondamment illustré, traite de nos saints Amand, Junien et Victurnien, et des œuvres d’art qu’ils ont générées. Avec index et bibliographie.Dans Fontainesà dévotions et bonnes fontaines du Limousin (Haute-Vienne), aux Editions des Régionalismes, Marie Michelet reprend l’inventaire de ces lieux souvent décrits. Les Saint-Juniauds y constateront l’absence de la fontaine de Notre-Dame-du-Pont, et s’étonneront de voir leur bon vieil ermite Amand devenu évangélisateur du nord de la Gaule et fondateur de l’Église belge. Avec un index, mais sans aucune référence.La Société française d’Archéologie, fondée en 1834, est venue pour la première fois en 1847 à Saint-Junien. En juin 2014, elle a tenu son congrès annuel dans notre département, une « Haute-Vienne romane et gothique », considérée dans l’âge d’or de son architecture. Parmi les villes et monuments visités, Saint-Junien s’est montré digne de sa réputation. Et son patrimoine, intelligemment entretenu, n’a pu que séduire une nombreuse assistance.Les actes de ce congrès viennent de paraître en une importante publication, signée des meilleurs spécialistes, illustrée à profusion. Trois articles concernent Saint-Junien, articles qui désormais s’imposent pour l’étude archéologique de la ville.Ils sont dûs à Eric Sparhubert (la collégiale), Thomas Rapin (Notre-Dame-du-Pont) et Pierre Garrigou Grandchamp (architecture domestique civile). De son côté, Christian Rémy, analysant les sites fortifiés, évoque ceux de Beaujeu et de Châteaumorand. Près de chez nous, ne sont pas oubliés l’église des Salles-Lavauguyon et le château de Rochechouart. En bref, un volume consacré à ce que le département possède de plus prestigieux sur l’époque considérée.Alain Mingaud vient d’ajouter à ses beaux ouvrages sur la Creuse et la Haute-Vienne un Limousin et la gravure (Le Puy Fraud éditeur). Dans les quelque 230 illustrations, Saint-Junien est présent avec la vue de Saint-Amand, par Jules Alexandre Monthelier et Jean Louis Tirpenne, une face du tombeau de l’église, lithographie médiocre de Jean-Baptiste Tripon, un Pèlerinage à Notre-Dame-du-Pont,sans doute près de la chapelle, et surtout un dessin du clocher de la collégiale et de son environnement, extrait du livre d’Eugène Garban sur la porcelaine (1891). Regret d’un manque d’index et de bibliographie.Terminons avec la sortie récente du n°14 de la revue D’onteses ? du Cercle de généalogie et d’Histoire des Marchois et des Limousins, consacrée à l’année 1916 de la Grande Guerre. Annette Bigaud y rappelle « Les femmes mobilisées à Saint-Junien », alors que Pascal Soula ne mentionne pas notre ville dans « Les hôpitaux militaires en Limousin ». Rappelons que sur cette période, notre Dossier n°6, dû à Annette Bigaud, David Chaput, Jean-Claude Frölich et Thierry Granet, est toujours