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N° 74juin 2019Le Chercheur d’OrSUPPLÉMENT À« La Nouvelle Abeille de Saint-Junien »n°1415 du jeudi 4 juillet 2019. Ne peut être vendu séparément.Le restaurant du Chalet Pierre Grandet et son épouse Zélie créent cet établissement en 1911. Les Grandet ne sont pas des Saint-Juniauds de souche ; ils arrivent chez nous de la Dordogne, en 1904.Publication de la Société des Vieilles Pierres pour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienDANS un premier temps, ils reprennent un restaurant tenu par Félix Foucaud, situé à l’angle de la rue Lucien-Dumas et du Champ-de-Foire (aujourd’hui Le Corot), dans lequel ils sont locataires. Les affaires marchent bien et ils décident de se mettre à leur compte en bâtissant leur propre restaurant près du stade du Chalet, sur la route de Brigueuil, dans un lieu inhabité à cette époque. Ils quittent donc la rue Lucien-Dumas, en 1910. L’Hôtel-Café-Restaurant du Chalet ouvre ses portes le 15 mai 1911. Son activité est de suite un succès car l’hôtel héberge dès cette date les organisateurs des deux fameux meetings d’aviation des 10-11-12 juin, puis du 25 juin 1911, organisés dans des prés voisins du stade, nommés sans complexe « Aérodrome du Chalet ». Cet établissement connaîtra l’affluence des supporters et des sportifs, les jours de match de rugby. Les troisièmes mi-temps s’y terminaient tard dans la nuit : on y refaisait les matchs, on y critiquait toujours l’arbitre qui avait été longuement invité à aller aux toilettes (« Aux chiottes l’arbitre ! ») et qui se trouvait ensuite poursuivi à travers champs jusque « Chez le Barbier » ; on y adulait les joueurs, on y mimait aussi la bagarre interminable pour la revivre encore une fois , vous savez, celle qui se déclenchait dans l’allée centrale entre le terrain d’honneur et les vestiaires ; on y perdait aussi pied (la route était longue, très longue pour certains qui cherchaient en sortant la direction du centre-ville) ! Trois générations de la famille Grandet se sont succédé derrière le bar. Antoinette Sille, fille Grandet, a repris le flambeau après la mort de son père. Elle a ensuite laissé la main à son gendre, Boris Davanzo. Après quelques gérances, Pierrette Davanzo, la petite fille de Pierre et Zélie Grandet, a vendu les murs au début des années 2000. Aujourd’hui l’établissement a fermé ses portes et a été transformé en maison d’habitation. Cette histoire résume l’évolution de notre société avec la multiplication des activités sportives sur des sites différents, avec moins de monde dans les tribunes, et surtout avec des supporters qui rentrent à la maison sans passer par la case bistrot !Jean-René Pascaud > Photo du restaurant du Chalet, prise à l’occasion du premier meeting d’aviation à Saint-Junien, le 11 juin 1911. Carte postale ancienne, collection privée.
Le Chercheur d’Or2 LE CHERCHEUR D’OR • N° 74 Ijuin 2019Juillet 1940 :le 32e Régiment d’infanterie sur les bords de la Vienne 25 juin 1940 : l’armistice entre la France, l’Allemagne et l’Italie entre en vigueur. Le 32e RI arrive, épuisé et meurtri, aux Cars en Haute-Vienne.APRÈS avoir passé la Drôle de guerre sur la Ligne Maginot, résisté aux panzers de Gudérian sur le canal Crozat dans l’Aisne, il est parvenu, tout en combattant pendant son repli, à échapper à l’encerclement et à la reddition. L’armée française, réduite à 100.000 hommes est condamnée à la dispersion. C’est sur les bords de la Vienne que va s’achever le dernier acte de la Campagne de France du régiment. Le 7 juillet, ses trois bataillons quittent Les Cars à 12 heures pour se rendre dans les communes de Saillat et de Saint-Junien. A pied, en colonnes par trois, une étape de nuit à Saint-Laurent-sur-Gorre, ils arrivent à Saillat le 8 juillet à 17 heures. Le PC s’installe à Saillat-gare, le 1er bataillon est à Chaillac, le 2e à Chaumeix et Bujarat, le 3e à Saillat. La 5e compagnie est à Rochechouart, la 2e à Saint-Junien. Le lieutenant-colonel Carcasse commande le canton de Saint-Junien. Les opérations de démobilisation commencent le 11 juillet. Le 14 juillet, à Saillat, se tient une prise d’armes pour commémorer les morts de la Grande Guerre et ceux de la campagne de 1939-1940. A lui seul, le 3e bataillon déplore 34 morts, 82 blessés, 110 disparus. L’effectif qui était de 715 hommes au mois de mai est tombé à 489 le 7 juillet. Emouvante cérémonie : « Devant une nombreuse assistance civile, les détachements du 32e RI ont eu à cœur de se présenter sous les armes aussi magnifiquement que d’habitude. Une gerbe a été déposée au monument aux morts. La prise d’armes a été suivie d’un défilé devant le monument et le drapeau du 32e RI. Le recueillement de la foule, la simplicité avec laquelle les mouvements ont été exécutés, conféraient à la cérémonie un caractère impressionnant ». Afin de rééquilibrer les charges des communes, notamment en ce qui concerne le logement des hommes, une compagnie supplémentaire doit être envoyée à Saint-Junien… « pour occuper son nouveau cantonnement, à proximité de l’école de garçons et du cantonnement de la 2e compa-gnie du régiment. Un détachement précurseur sera envoyé dès la première heure pour nettoyer le cantonnement et ses abords ». Le 19 juillet, les 10e et 11e compagnies vont rejoindre Saint-Junien avec le commandant Maquin, chef du 3e bataillon et le lieutenant Collet commandant la 10e compagnie. Le régiment est dissous le 10 août 1940. Les cadres demeurant sur place deviennent des « groupements et groupes démilitarisés ». Ses éléments actifs entrent dans la composition des régiments de Charente, de la Haute-Vienne et de la Creuse. D’autres éléments rejoindront Loches et Châteauroux, où le 32e, reconstitué sous le nom de Régiment de Touraine sera chargé de la surveillance de la ligne de démarcation.Annette BigaudRené Martin, maître des clefsEn août 1973, le coffret contenant les clefs du tombeau de Saint-Junien disparut mystérieusement de la sacristie de la collégiale.CET évènement mit en émoi toute la commu-nauté qui travaillait activement depuis plusieurs semaines déjà à l’organisation des ostensions qui allaient se dérouler en 1974. Le comité d’organisation se résigna à envisager la fabrication de nou-velles clefs. Ce travail délicat fut confié à René Martin, ouvrier serrurier forgeron, plombier et couvreur, bien connu pour la qualité de son travail qu’il exerçait au sein de la maison Bouquet, avenue Anatole-France, (aujourd’hui disparue). René Martin était né en 1926 dans le faubourg Gaillard ;membre de l’Etoile Bleue dès la fin des années 30, sa mère avait pour habitude d’apporter la soupe aux abbés résidant au « patro ». René restera sa vie durant fidèle à cette institution, au point de venir s’installer avec sa famille juste en face, rue Renan. Il fut très impliqué dans la vie locale et dans l’organisation des ostensions, ainsi que son épouse Lucienne qui fut l’habilleuse en titre des gardes suisses du tombeau, jusqu’aux ostensions de 2016. Leur fils Patrick a été un des suisses jusqu’à son décès prématuré. Ses fils, Pierre et Yannick, lui succédèrent, marchant ainsi dans les pas de leur grand-père. C’est tout naturellement que René Martin mit son art au service du patrimoine. Le travail de fabrication de ces nouvelles clefs fut délicat. Il fallut observer et comprendre le système intérieur des serrures, toutes quatre bien différentes dans leur structure. Il aura fallu à l’artiste quelques 40 heures d’un travail précis et minutieux pour réaliser les quatre nouvelles clefs grâce auxquelles, depuis 1974, les reliques conservées dans le tombeau peuvent être sorties et montrées à l’adoration des fidèles. Thierry Granet
N°74LE CHERCHEUR D’OR • N° 74 I juin 2019 3Une ancienne chanson populaireLa Bobit ; arrêtons-nous sur cette curieuse chanson énumérative, simple et pour tout dire plutôt rare, dont on trouve un écho dans le proche Poitou, dans le canton de Gençay (Vienne) avec La dridri. Je ne commenterai pas l’équivalence liron (= loir endormi) et l’onomatopée d’oïl dridri ; la note (2) y pourvoira.La Bobit 11 – Per vieure me fau vendre Lo chapèu ò la bobit (bis) Ma femna me dis : « Vend lo chapeu Lo riban mai tot Laissa la bobit à la maijon » (bis) 2 – Per vieure me fau vendre Los soliers ò la bobit (bis) Ma femna me dis : « Vend los soliers Las tijas mai tot Laissa la bobit à la maijon » (bis) 3 – Per vieure me fau vendre Lo gilet ò la bobit (bis) Ma femna me dis : « Vend lo gilet Las manjas mai tot Laissa la bobit à la maijon » (bis) 4 – Per vieure me fau vendre Las chaussas ò la bobit (bis) Ma femna me dis : « Vend las chaussas Los talons mai tot Laissa la bobit à la maijon » (bis) 5 – Per vieure me fau vendre La malinas ò la bobit (bis) Ma femna me dis : « Vend la malinas Las jarras mai tot Laissa la bobit à la maijon » (bis)6 – Per vieure me fau vendre La chamisa ò la bobit (bis) Ma femna me dis : « Vend la chamisa Lo pialhon mai tot Laissa la bobit à la maijon » (bis) 7 – Per vieure me fau vendre Lo liron 2 ò la bobit (bis) Ma femna me dis : « Vend la bobit Lo liacòu mai tot Laissa lo liron à la maijon » (bis)La dridri 1 – J’ai demandé à ma femme J’ai demandé son avis Vendrais-y mon chapeau Vendrais-y la dridri Vends ton chapeau, mon mignon Garde la dridri pour la maison2 – J’ai demandé à ma femme J’ai demandé son avis Vendrais-y mes sabots Vendrais-y la dridri Vends tes sabots, mon mignon Garde la dridri pour la maison 3 – J’ai demandé à ma femme J’ai demandé son avis Vendrais-y ma chemise Vendrais-y la dridri Vends ta chemise, mon mignon Garde la dridri pour la maison 4 – J’ai demandé à ma femme J’ai demandé son avis Vendrais-y mes chaussettes Vendrais-y la dridri Vends tes chaussettes, mon mignon Garde la dridri pour la maison 5 – J’ai demandé à ma femme J’ai demandé son avis Vendrais-y ma culotte Vendrais-y la dridri Vends ta culotte, mon mignon Garde la dridri pour la maison1 Bobit : hypocoristique (terme affectueux) pour « chèvre » ; cf. encore en Limousin, le terme bibi, que cite d’ailleurs Yves Lavalade, dans son Dictionnaire Français-Occitan (1989). Cet animal familier dont s’occupait généralement la fermière apportait un petit revenu complémentaire (lait ; fromage). En certains endroits (selon l’Atlas linguistique et ethnographique de l’Ouest, vol.II, carte n°555) au sud de l’Indre-et-Loire et aux confins du département de la Vienne, le terme bobi(k) désignerait plutôt la chèvre hermaphrodite, qui justement ne rapportait rien, ce qui ajoute du piment à l’humour de la chanson des pauvres gens. 2 Liron : Littéralement, loir ou lérot; métaphoriquement, sexe de l’homme.> Couverture d’un album de vieilles chansons populaires du Limousin, recueillies entre 1960 et 1985 par Roger Pagnoux et Valentin Degorce, et contenant La bobit.Michel Valière † et Michèle Gardré-Valière
LE CHERCHEUR D’ORPublication de la Société des Vieilles PierresPour la promotion du patrimoine du pays de Saint-JunienSociété des Vieilles Pierres : 18, rue Paul-Elluard • 87200 SAINT JUNIENLe supplément « Le Chercheur d’Or » est consultable en ligne à l’adresse :st-junien-vieilles-pierres.frLa version papier est disponible gratuitement aux archives municipales, à la médiathèque de Saint-Junien et à l’office du tourisme.N°ISSN 2117-8879 Pour tout renseignement : 05 55 02 30 69 – Courriel : socvp@orange.frEDITIONS L’ABEILLE B.I.P. SASDépôt légal à parution • ISSN 3441-4101 K • ARRONDISSEMENT DE ROCHECHOUART. Autorisé pour l’arrondissement judiciaire à publier les annonces judiciaires et légales en matière de procédure civile et de commerce, ainsi que les actes des sociétés. No CPPAP 0615 I 87943 • Tirage : 4.000 ex. Abonnement 2019 : 45 € • Prix du No 1,20 €Directeur de Publication et rédacteur en chef :François BUSSAC • Rédaction « Le Chercheur d’Or » : Franck Bernard et Société des Vieilles Pierres.Conception graphique : Studio four cat’S : Sébastien CATILLON. Impression : SAXOPRINT.L’ancien autel de la collégiale de Saint-Junien donné à l’église de Saint-Victurnien au début du XIXe siècleEn 1888, dans la nef nord de l’église paroissiale de Saint-Victurnien, la pose d’un nouvel autel néogothique en pierres blanches dit « du Sacré-Cœur », don de la famille d’Hugonneau, avait nécessité le démontage des boiseries d’un ancien autel qu’il venait remplacer. C’EST lors de ces travaux que l’on mit à jour l’autel d’origine, édifié sur le tombeau du saint local et orné de fresques peintes montrant trois tableaux, deux épisodes de la Passion du Christ (la Flagellation et la Crucifixion) et la Résurrection. Mais, à cette époque, l’attention étant focalisée sur la mise au jour des fresques, personne ne prit la peine de décrire l’ancien autel en bois peint, ni d’essayer de comprendre d’où il venait et quand il avait été posé là. L’ouvrage de François de Catheu sur la collégiale de Saint-Junien1 nous donne une piste intéressante à ce sujet : « L’ancien autel du chœur [de la Collégiale de Saint-Junien] décoré d’un retable peint fut donné vers 1830 à l’église de Saint-Victurnien ».Lors de la restauration de l’autel médiéval en 1957, Raymond Lereclus2, curé de Saint-Victurnien, à l’origine de ce nouvel épisode, signale le souvenir de l’ancien « autel Renaissance, aux boiseries sans doute délabrées, qui aurait précédé l’autel édifié en 1888 ». Mais c’est à Léon Rigaud3 que l’on doit des précisions : « Vers 1806, on a placé devant l’autel primitif, un autel en bois sculpté provenant de la collégiale de Saint-Junien. Il fut disposé devant le retable ancien et les boiseries cachèrent les fresques qui furent oubliées ». En 1809, la fabrique de l’église de Saint-Victurnienfait une dépense de 336 francs pour la restauration de ce retable en bois, récemment acquis ; il est transporté à Limoges, chez Cohade, peintre d’atelier qui refait la dorure et la peinture. Le 12 juillet 1810, le syndic de la Confrérie du Saint Sacrement fait un don de 30 livres pour participer aux frais du maître-autel. Il s’agissait sans aucun doute de cet autel en bois doré et peint, d’époque Renaissance, donné par Saint-Junien vers 1806 et restauré en 1809. Pourquoi la Collégiale de Saint-Junien s’était-elle séparée de cet autel ? Lors de la disparition de l’ordre de Grandmont, les biens de la célèbre abbaye limousine furent vendus. En 1789, le chapitre de la collégiale de Saint-Junien acheta l’autel majeur en marbre rouge veiné, orné de bronzes ciselés et les soixante-trois stalles du chœur pour la somme de 10.000 francs. Le chanoine Muret les fit transporter à Saint-Junien et les déposa dans le cloître, mais l’autel ne fut placé que bien plus tard, en 1820, dans le chœur de la collégiale de Saint-Junien, après la dépose de l’ancien donné à l’église de Saint-Victurnien en 1806. Que reste-t-il de cet ancien autel offert par Saint-Junien ? En 1991, une exposition fut organisée à Saint-Victurnien pour révéler au public le riche patrimoine religieux méconnu, orfèvrerie, statuaire, objets précieux servant au culte. Cet ensemble ne pouvait rester dans des armoires de sacristie et il fut donc décidé de l’exposer de façon perma-nente dans une vitrine-trésor. En 1995, cette armoire placée dans l’église contre le mur ouest fut inaugurée ; elle se compose de deux vitrines habillées d’une structure en bois de chêne dont la forme est inspirée d’un grand panneau en bois placé au-des-sus des fonts-baptismaux. Ce panneau de facture particulièrement soignée et d’apparence très ancienne a toute les chances d’être le seul vestige de l’ancien autel donné par la collégiale de Saint-Junien. Michel Moreau